La civilisation actuelle, devenue planétaire, se fonde sur une croissance quantitative qui, d’une part, conduit l’humanité à sa perte et, d’autre part, ne semble pas pouvoir être enrayée.
Pour illustrer ce fait évoquons un des aspects particulièrement édifiant de cette croissance.
Nos contemporains, y compris écologistes, y compris hostiles à la création du scandaleux aéroport de NOTRE DAME DES LANDES, veulent prendre l’avion, voyager, visiter les antipodes, bénéficier du dépaysement, découvrir des sites où l’industrie du tourisme les piège.
Ainsi, les Européens nantis ou modestes polluent l’atmosphère et les sites par leurs déplacements vibrionnaires, sur les autres continents, récréationnels et conditionnés.
Dans le même temps, les médias se félicitent de ce que les classes moyennes émergentes de l’Inde, de la Chine, du Brésil viennent, à PARIS, enrichir les tenanciers d’établissements créés pour les satisfaire.
Or, il est évident que si tous les Européens voulaient arpenter la muraille de Chine et si tous les chinois venaient déambuler dans les rues de PARIS, l’atmosphère ne résisterait pas.
La question n’est nullement d’opiner sur le « bien » ou le « mal » fondé de l’activité touristique.
La logique du tourisme de masse naufragera, à son terme extrême, la vie sur terre.
Cependant, ni à titre individuel, ni collectivement au sein des sociétés politiques, l’humain n’est disposé à renoncer au mode de vie dicté par sa nature et par la culture mercantile.
Ce qui constitue une évidence s’agissant des voyages de masse et à distance, vaut pour tous les objets de la croissance quantitative.
Souhaiter l’avènement d’une frugalité heureuse, d’un hédonisme naturaliste s’impose dans une éthique de la responsabilité, tout autant que la lucidité consiste à mesurer que l’humanité ne s’oriente pas dans cette issue de secours.
Il y a incompatibilité entre les aspirations à consommer sans cesse davantage et la survie de l’espèce devenue trop nombreuse pour que la terre puisse supporter les exigences humaines.
Qu’il y ait ici ou là des hommes d’exception prônant et vivant les vertus salutaires, nous console de tant de médiocrité et d’indigence intellectuelle et morale.
Mais ces vigies éclairées ne font que montrer un chemin que le troupeau ne suit pas.
L’Europe, pour parler de chez nous, adopta quelques importantes directives relative à la préservation de la nature et notamment celles concernant les oiseaux (du 2 avril 1979 reprise le 30 novembre 2009), cauchemar des chasseurs Français, et celle portant protection de la faune, de la flore et des habitats "du 21 mai 1992").
Mais l’Europe, à l’instar des pays membres, est gouvernée par des adeptes du Marché, des apôtres des entreprises privées, de la concurrence, de la compétition, du culte du secteur marchand hors duquel il n’y a point de salut.
Ces gouvernants, en adoptant les directives écologiques, rendaient l’hommage du vice à la vertu, pensant sans doute que face à l’économie qui fait sa loi, au commerce, à l’aménagement du territoire c’est-à-dire au déménagement de la nature, ces normes resteraient des « chiffons de papier ».
Les associations multiples oeuvrant pour la préservation des milieux ou des espèces s’emparèrent très opportunément du droit Européen pour entraver la cancérisation de l’espace par les infrastructures chères aux affairistes.
L’actualité nous en offre des exemples chaque semaine.
Félicitons, en ces jours, les associations qui firent suspendre par le conseil d’Etat, le 9 octobre, un arrêté créant une scierie gigantesque dans le bois de TRONçAY dans le département de la NIEVRE.
Aussi, le président de la Commission Européenne, José Manuel BAROSO, partisan du « libéralisme économique » demande la suppression de certaines directives et l’évaluation des incidences d’autres normes sur la sainte croissance.
Pour les affairistes spéculateurs, tout ce qui gêne le profit immédiat et forcené est un mal.
Ils veulent des gaz de schistes, un droit de l’urbanisme muselant les associations empêcheuses de bétonner, comme ils aspirent à des salariés flexibles, corvéables et peu coûteux, car, de l’autre côté de la frontière, le concurrent produit à très bas coût.
Les « risquophiles » des entreprises privées (de scrupule) empoisonneraient volontiers les populations, détruiraient la nature entière, anéantiraient les espèces sauvages, pour faire de l’argent.
Ils vendent de l’amiante, des molécules douteuses, des pesticides cancérogènes, en sachant ne pas encourir les peines criminelles que justifieraient leur cupidité.
L’Europe, pourvoyeuse de nombreuses normes juridiques, n’est pas un monstre hors-sol, une entité mystérieuse. C’est le peuple Européen qui élit tous les cinq ans son parlement et c’est ce parlement qui valide ou non la Commission que préside présentement José Manuel BAROSO.
Si l’an prochain, le peuple Européen réélit une majorité pro-entreprises privées (PPE), le continent subira la même politique.
Les mêmes imposteurs annonceront la sortie du tunnel, la fin de la crise pour peu que le peuple accepte la réduction des emplois publics, les sacrifices des gens modestes, pour permettre aux entreprise du secteur marchand de faire de la croissance quantitative.
La vérité est qu’il n’y aura pas de sortie du tunnel et de fin de la crise.
Nombre de commentateurs, politologues, historiens, sociologues, font des parallèles entre notre temps et les années 1930 qui connurent également une crise économique, d’abord brutale, puis rempante.
La montée des valeurs de droite n’est pas le seul élément de similitude.
Or, historiquement, ce ne fut pas le NEW DEAL du président ROOSEVELT qui mit fin à la crise économique, mais la guerre.
La nature se meurt, victime des promoteurs, des spéculateurs, des chasseurs, des exploitants agricoles, mais, consolons-nous, leur système prévaricateur ne subit pas une petite « crise » conjoncturelle et passagère : il échoue.
Gérard CHAROLLOIS
Mais vous y aller fort tout de même.
Vous pensez qu'une guerre, autre qu'économique, à l'image de la dernière, menace le monde ?
Vous ne pouvez pas écrire de tel propos sans préciser ou approfondir votre analyse.
Jean JAURES disait en 1914 que "le capitalisme amène la guerre comme le nuage amène l'orage".
Or, les conditions technologiques de la société humaine globalisée interdisent désormais les guerres à l'ancienne c'est-à-dire celles qui endeuillèrent si cruellement le siècle précédent.
Il est impensable que les ex-puissances Européennes s'affrontent et qu'elles combattent d'autres puissances équivalentes.
L'esprit du temps ne le permet plus et il faut s'en réjouir.
Ce n'est pas que la violence ait disparu. elle revêt d'autres formes qui ne sont pas susceptibles d'incidences économiques suffisantes pour mettre fin à ce qu'ils appellent la "crise".
En 1977 "le meilleur économiste de France", Raymond BARRE, annonçait la "prochaine sortie du tunnel".
Dès lors, la "crise" actuelle perdurera.
Les gouvernants exhorteront les peuples à l'effort, engageront des programmes et ils finiront au terme de leur carrière par avouer: "on a tout essayé".