Un scientifique Australien, Frank FENNER, parfaitement rationnel, nullement frappé de délires ésotériques, membre d’une académie de médecine, ose affirmer que l’humanité va disparaître.
Il ne s’agit pas d’une prédiction apocalyptique tirée du déchiffrage d’un mystérieux code laissé par une civilisation très ancienne, ni d’un verdict sectaire annonçant la foudre d’un quelconque jugement dernier.
Pour le scientifique, l’humanité sécréterait les causes de sa perte, accroissant sa vulnérabilité à la mesure de sa maîtrise purement apparente.
Car, en fait, nul ne maîtrise plus rien et les alarmes des scientifiques de toutes les disciplines sur l’altération du climat, l’épuisement des ressources naturelles, les risques viraux résultant de la surpopulation et des échanges planétaires, ne pèsent rien face au rouleau compresseur de l’économie, face à la cupidité de tous les individus, face à la volonté de croissance infinie.
La modestie s’impose toujours lorsqu’on évoque le futur.
Tant de philosophes géniaux, tant de scientifiques impartiaux s’y sont perdus.
Ici, les questions et les conjectures valent seules et méfions-nous des réponses dictées par la subjectivité de tout analyste.
Frank FENNER peut tout autant avoir raison, l’humanité court à sa perte, que se tromper.
Ce dont il faut se convaincre, plus humblement encore, c’est que cette éventuelle disparition ne ferait pas frissonner l’univers.
La disparition d’une espèce sur une planète n’a rien d’inédit et il faut tout l’orgueil absurde de l’homme pour penser que cela est impossible parce que totalement inacceptable.
L’univers n’est pas moral.
D’ailleurs, qu’est-ce qu’une espèce ?
Une abstraction qui ne vaut que par les individus qui la composent.
L’humanité meurt à chaque instant où une vie s’éteint.
Inversant la thèse nazie « du bist nichts, dein Volk ist alles » (tu n’es rien, ton peuple est tout), je dirai : l’humanité n’est rien, chaque homme est tout et élargissant l’empathie : tout être vivant est tout.
Quant au futur, l’astrophysique enseigne que le système solaire est condamné, puisque meurent les étoiles.
Mais, rassurez-vous, ce ne sera que dans quatre milliards d’années, c’est-à-dire bien après la disparition ou la mutation de l’espèce humaine.
En attendant, un vent mauvais souffle sur une Europe déboussolée où montent les haines, les égoïsmes individuels, l’oubli de la générosité, de la bienveillance, un vent qui asphyxiait déjà les années 1930, vent tellement propice au chascisme et aux traditions de férocité, à la pulsion de mort.
Pour satisfaire les amis historiens, je souligne les différences et les ressemblances avec les événements moraux et politiques qui endeuillèrent le monde à la fin des années 1930.
En ce temps là, les fascismes esthétisaient la politique, s’adressaient à la jeunesse, promettait un « homme nouveau » en rupture avec la « décadence démocratique ».
Plus d’esthétisation, de retraites aux flambeaux, de cortèges bardés de drapeaux flamboyants, d’enthousiasmes juvéniles et d’adhésions à un guide suprême.
Aujourd’hui, les peuples apparaissent sénescents, recroquevillés sur leurs peurs, leurs communautarismes, les uns religieux, les autres identitaires et en guise « d’homme nouveau », aspirent au repli.
Mais, partout, aux noms des dieux ou des nations, la pulsion de mort altère les consciences.
Malheurs aux peuples égarés qui s’abandonnent à ces poisons.
Comme cela fut dit avant moi : « celui qui ignore l’Histoire est condamné à la revivre ».
Quand de prétendus « progressistes » renoncent à leurs propres valeurs, quand des ministres « socialistes » célèbrent la corrida d’essence intrinsèquement franquiste, que rien n’est entrepris contre la violence et la cruauté ordinaires affectant les animaux, que l’injustice sociale ne recule pas, que les médias intoxiquent l’opinion en refusant le vrai débat, celui des valeurs, tout est à craindre.
Alors, l’humanité va-t-elle disparaître ?
Je l’ignore.
Mais, voici une certitude : l’humanité est bien malade.
Gérard CHAROLLOIS
Sinon, comme "preux" ci-dessus, je vous remercie et espère que vous saurez profiter de cette porte qui s'entrouvre au ministère pour rendre audible votre voix.