de Gérard CHAROLLOIS
L'animal, la souffrance, l'équivalence des intérêts.
Dimanche, 14 Janvier 2012
Alors que la société européenne s'abîme dans l'aigreur, la sénescence, le populisme gras, une pensée novatrice, passionnante, généreuse se développe en particulier dans les universités anglo-saxonnes.
L'éthique animale s'impose en considération des données de la science, confirmant l'unité du vivant dans la diversité des formes et en considération d'une réflexion philosophique dégagée des dogmes religieux.
Ces courants de pensées partent de deux postulats différents :
---1. L'animal, être sensible :
Les animaux dotés d'un système nerveux leur permettant de percevoir la douleur et inversement le bien-être doivent bénéficier d'une protection à ce seul titre, car nul ne peut contester qu'il est mal d'infliger à autrui de la souffrance.
Dans cette acception de l'animal, être sensible, la mise à mort d'un animal demeure admissible, dès lors qu'elle est infligée sans douleur et qu'elle ne vise pas à faire jouir...
Cette approche des relations entre l'humain et les autres animaux, déjà progressiste et néanmoins encore anthropocentriste n'exclut pas le spécisme et la quête d'un hypothétique « propre de l'homme ».
Progressiste, la conception de l'animal être sensible permet d'abolir la chasse, la torture tauromachique, l'élevage concentrationnaire, la vivisection de confort oules expérimentations par trop cruelles.
Elle laisse place à un élevage dans le respect des exigences biologiques des espèces et à des abattages avec une recherche de la diminution de la souffrance.
---- 2. l'équivalence des intérêts :
Dans cette approche, tout être vivant conscient d'être possède un intérêt légitime à vivre et, bien évidemment, à vivre dans l'éviction de la souffrance et la quête du maximum de bien-être.
Dès lors que nul ne conteste l'intérêt à vivre d'un enfant en bas-âge, d'un handicapé mental, d'un vieillard sénescent, comment refuser ce droit à un animal pas moins conscient de lui-même et jouissant de cet intérêt équivalent à ne pas être ni maltraité, ni tué.
Cette approche sera qualifiée d'antispéciste ou biocentriste.
L'antispécisme à l'instar de l'antiracisme et l'antisexisme n'impliquent nullement une identification de toutes les formes de vies.
L'homme contemporain procède ici par confusions de concepts qu'éclaire le mauvais débat autour du racisme.
Ainsi, au nom de l'antiracisme, les esprits formatés, pour bien faire, par souci de conscience, condamneraient toutes données objectives qui viendraient à révéler qu'au sein de l'espèce humaine telle ethnie possède des capacités différentes dans la résolution des problèmes abstraits et que telle autre offrirait des aptitudes particulières pour d'autres performances physiques, comme si d'éventuelles divergences de performances pouvaient générer des discriminations de droits.
Pour un antiraciste que je qualifierais de primaire, le Droit ne peut s'entendre que par identifications égalitaires des performances.
Or, il est totalement indifférent que des individus, des races, des espèces bénéficient de capacités cognitives ou physiques supérieures ou inférieures puisque le principe d'équivalence des intérêts ne se fondent pas sur ces capacités.
Un philosophe, un scientifique, un puissant mathématicien n'ont ni plus ni moins d'intérêts à vivre et à être respectés qu'un humain ordinaire.
Ce raisonnement vaut pour les individus au sein d'une société donnée, mais aussi pour les ethnies et pour les espèces.
Par exemple, s'il n'y a aucune raison objective de traiter le porc plus mal que le chien, ce n'est nullement parce que le premier est aussi « intelligent » que le second.
Quand bien même, le porc serait plus ou moins « intelligent » que le chien, il doit bénéficier du même traitement car il a un intérêt équivalent à vivre et à vivre bien, dans l'acception de ce qui est bon pour son espèce.
Ce qui justifie le droit à la vie et au bien-être ne réside pas dans les scores obtenus à un quelconque concours de quotients intellectuels ou à la course à pieds.
Dans l'approche du vivant, dite « équivalence des intérêts », disparaissent les obsessions de performances, de compétitions, de dominations, de hiérarchies fondées sur la puissance des neurones ou sur celles des muscles.
Tout être vivant, conscient de son être, possède un intérêt à vivre sans qu'il lui soit demandé compte de ce droit.
Notre société croupissante sous le poids de ses lobbies, de ses préjugés, de ses arriérations demeure hermétique à ces réflexions et le débat est soigneusement occulté par les médias formatés.
Ici, on torture, on tue en toute bonne conscience parce que tout le monde le fait et que le grégarisme mène le troupeau des consciences anesthésiées.
Les politiciens français se couchent devant ces lobbies de la mort et les médias censurent.
Pour combien de temps encore ?
Un récent sondage d'opinion
Réalisé par la SOFRES, en février 2011, à la demande de la CONVENTION VIE ET NATURE, révèle que 87% des Français souhaiteraient que la loi protège des mauvais traitements tous les animaux, c'est-à-dire les animaux sauvages au même titre qu'elle protège les animaux de compagnie.
Pour une presse malhonnête, un tel sondage embarrassant pour les chasseurs fera moins de bruit que celui qui traduit la peur du corps social.
Malgré la censure, cette évolution de l'opinion annoncerait-elle un réveil des consciences et le signe que l'heure d'une avancée nouvelle sur la voie de la civilisation va venir ?
Car, guérir l'instinct de mort et le mépris de la souffrance des bêtes va bien au-delà de ce qu'imaginent les conformistes soumis.
En tolérant que l'homme traite les animaux comme des choses, notre société le prépare à traiter ses semblables comme des bêtes à l'occasion.