par David JOLY - Vice Président de la Convention Vie et Nature
« Le loup est aux portes de Paris ». C’est l’un des titres que l’on pouvait entendre à l’ouverture du journal de France Info de 8 heures le mardi 4 février.
Panique dans les chaumières franciliennes : après les renards du député Axel Poniatowski empêchés de descendre dans le métro parisien par la saine gestion de la nature de ses amis les chasseurs, voilà qu’il faut vite rentrer enfants et grand-mères avant qu’ils ne se fassent dévorer par le grand méchant loup !
Bon, respirons un peu et rassurons-nous : la culture géographique des journalistes de France Info n’est pas plus élevée que celle d’un gamin de CP. En guise de portes de Paris, il s’agit en fait du département de la Marne, à 200 kilomètres de la Tour Eiffel. Oui, oui, je sais, ça représente donc un couloir d’entrée plutôt impressionnant. Et qu’a-t-on-vu au sein de ce département ? Une meute ? Non, un seul spécimen retrouvé mort depuis plusieurs jours, aucune investigation n’ayant été menée pour l’instant afin de déterminer les raisons de sa présence.
Au final, les journaleux de France Info ont choisi sciemment leurs mots : au diable la précision de l’information, le temps de l’analyse et de la réflexion, priorité au buzz, Saint Graal des temps modernes médiatiques.
Et puis, une fois n’est pas coutume, il faut bien faire plaisir aux vrais directeurs de la maison de la radio : les lobbies. Et en cette époque où le chasseur veut buter du loup, de l’oie, du tétras, voilà une belle occasion de cajoler le lobby cynégétique comme il se doit.
Une spécialité de la radio publique française qui ne cesse depuis des mois de multiplier de telles initiatives :
- France Info donc, et sa peur du loup mardi dernier ;
- France bleu Picardie qui tend son micro le dimanche 2 février à un chasseur qui peut raconter alors toutes les âneries possibles sur la nécessité de chasser les oies au-delà du 31 janvier, âneries parmi lesquelles la traditionnelle pratique du gazage aux Pays-Bas pour éliminer les oies causant des dégâts agricoles (pratique qui existe certes, mais non sur les oies migratrices venant de la France) ;
- France Inter qui, dans son émission Service public du 6 septembre 2013 consacrée à la chasse, invitait dans ses locaux Pierre de Boisguilbert, chargé de communication de la fédération nationale de chasse, et censurait au dernier moment Pierre Athanaze, Président de l’ASPAS, pour le remplacer, à la demande des chasseurs, par un contradicteur plus docile et moins compétent en la matière ;
- France Culture qui a plus d’une fois fait le panégyrique de la chasse à courre au sein de ses traditionnelles émissions.
Bon, je m’arrête là car si je recensais l’ensemble des initiatives thuriféraires de l’audiovisuel public en faveur des auteurs de maltraitance envers le Vivant non-humain, qu’il s’agisse de chasse, de corrida, d’élevages concentrationnaires ou autres barbaries, la longueur de mon article risquerait de faire imploser notre magnifique site et notre cher webmaster m’en voudrait énormément.
Quoiqu’il en soit, un minimum de respect et de franchise imposerait de rebaptiser la contribution à l’audiovisuel public payée par tout détenteur de poste de télévision afin qu’il sache exactement à quoi servent les deniers qu’il a versés à l’État.
« Contribution à la propagande crasse des lobbies » serait un bon début.
DJ.
je ne dénonce là justement que l'exploitation par les médias de la peur irrationnelle d'une grande partie de la population (peur souvent née d'ailleurs d'une désinformation) envers un animal qui à aucun moment ne légitime, dans son comportement et sa façon de vivre, une telle phobie collective.
Le loup a toute sa place dans notre société, dans un environnement qui lui est adapté et accueillant, ce type d'environnement se réduisant malheureusement de plus en plus à peau de chagrin de par les politiques de bétonnage et d'asphaltage qui font disparaître tous les 7 ans l'équivalent d'un département français sous le bitume et le béton.