Par David Joly - Vice-président de la Convention Vie et Nature
Stupeur la semaine dernière au sein de l’hémicycle, en pleine séance de questions au gouvernement.
C’est Libération, dans son édition d’avant-hier, qui nous l’apprend. À la question de savoir comment Bercy comptait s’y prendre pour dissuader les citoyens français les plus fortunés de ne pas s’exiler fiscalement suite au nouveau barème progressif de l’impôt sur le revenu qui leur est un peu plus défavorable qu’à l’accoutumée, Michel Sapin, ministre de l’Économie et des Finances, indiqua sans vergogne qu’il avait donné ordre aux agents de l’administration fiscale de fermer les yeux sur les éventuelles fraudes qu’ils détecteront lors de la prochaine campagne de déclaration.
Hallucinant, n’est-ce pas ? Bon, on arrête là les frais et on avoue tout : oui, il s’agit d’un énorme mensonge que la plupart des lecteurs de cet article auraient bien pris pour argent comptant, non en raison d’une naturelle crédulité mais surtout parce que le gouvernement de ce dernier quinquennat nous a tellement habitué aux pires manœuvres et reniements qu’au final nous n’aurions été qu’à moitié étonnés.
Peut-être que j’exagère un peu. Un ministre appelant des agents publics à ne pas sanctionner des comportements illégaux de certains citoyens, c’est le quotidien des dictatures et républiques bananières, mais pas celui d’une nation chaste comme la France.
Imaginez deux secondes que Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, appelle à la plus grande clémence envers les auteurs de violences conjugales. Impensable.
Ou encore Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, qui donne des consignes verbales afin que des braconniers ne soient pas verbalisés et traduits en justice. Ah, là, au revoir la fiction et bonjour le retour à la réalité. Oui, parce que depuis 15 ans, sous le titre ronflant de ministre de l’Environnement se cache entre autres le bouffon officiel du gouvernement à la botte de la dictature cynégétique. Et pour le coup, on est servi puisque l’on dispose d’une délinquante multirécidiviste qui avait déjà pris de telles dispositions en 2015 et 2016, de façon formelle, bafouant ainsi le droit français et européen.
Le Conseil d’État, saisi par la Ligue de Protection des Oiseaux, a suspendu, le 7 février dernier, cette carte blanche au braconnage durant les 10 premiers jours de février délivrée par la sinistre Royal.
Cette même LPO, mais également la Convention Vie et Nature et Action Nature Rewilding France ont déposé plainte auprès de la Cour européenne de justice afin que cette dernière épingle une nouvelle fois la ringardise du gouvernement français en matière environnementale.
Ségolène Royal n’en est bien sûr pas à son coup d’essai en matière de braconnage et d’irrespect des règles de droit. C’est ainsi qu’elle mène depuis un long moment une véritable guerre au loup, n’ayant pour la Convention de Berne qui protège cette espèce pas plus de considération que pour une feuille de papier toilette souillée. Exercice dans lequel elle peut notamment compter sur Christian Estrosi, à la tête de la région PACA.
Ils auraient pu se marier ces deux-là : se fichant de l’écologie comme de l’an 40, valets de la fédération nationale de chasse, amoureux d’actes de cruauté et sévices graves sur taureaux, plus connus sous le nom de corridas.
Et surtout un respect partagé du bon usage des deniers publics. En 2009, alors ministre de l’Industrie, Estrosi bénéficie de deux logements de fonction aux frais de l’État : un appartement qu’il occupe à Bercy et un autre au sein d’un hôtel particulier du 7ème arrondissement de Paris qu’il met gentiment à disposition… de sa fille.
Scandaleux à l’époque, aujourd’hui ce privilège de monarchie républicaine paraît minable à côté des frasques de Royal : quel homme politique peut se targuer d’avoir dilapidé 11 milliards d’euros d’argent public en une seule décision ? Oui, il s’agit bien de l’exploit de Ségolène que nous révèle la Cour des comptes. En enterrant la fameuse écotaxe qui devait s’appliquer aux poids lourds circulant sur les routes françaises, ce n’est pas moins d’un milliard de dédommagement qui a été versé à la société censée gérer le dispositif et 10 milliards de manque à gagner pour les caisses de l’État.
Peu importe le domaine : l’éthique et la morale, on en a ou on n’en a pas. Foi de Ségolène.
DJ.