La CONVENTION VIE ET NATURE a délibérément choisi de réveiller les consciences assoupies, de mobiliser les esprits non timorés, en se revendiquant « mouvement d’écologie éthique et radicale ».
Le Pouvoir n’aime pas la Radicalité.
Dans une circulaire aux directeurs généraux de la police nationale l’ancien ministre de l’intérieur, devenu premier ministre pour cause de popularité chez les conservateurs et nonobstant un score peu flatteur à la primaire socialiste de 2012, stigmatise les mouvements écologistes radicaux, les animalistes.
Il s’autorise à en faire des alliés de l’ultra-gauche, voire, de l’ultra-droite, des anarchistes et autres autonomes, bref de tout ce qui demeure réfractaire au grand conditionnement, tout ce qui est infréquentable, mauvais, marginal au regard des esprits bêlant à l’unisson des dogmes, mais tellement utile pour effrayer les pusillanimes soumis.
Où sont les attentats sanglants perpétrés par ces mystérieux mouvements écologistes radicaux et animalistes ?
Où sont leurs rassemblements armés ?
Qui ont-ils agressé ? Quels biens publics ou privés ont-ils détruits ?
Aucun fait, autre que symbolique, ne nous a été révélé et ne doutons pas que les chiens de garde du système le déplorent.
Car, tout acte illégal imputable aux gêneurs leur offrirait deux opportunités :
- Ameuter l’opinion publique contre les terroristes ;
- Frapper de peines dissuasives les réfractaires.
Que révèlent cette note ministérielle rejoignant les alarmes de certains parlementaires et les dénonciations hargneuses des lobbies, les insinuations de la presse « pravdatisée » ?
Ceci de fondamental que nous expliquerons inlassablement.
Les démocraties ne sont que de pures façades, des leurres, des sociétés anesthésiées.
Français, vous avez le choix politique entre des « socialistes » (parti démocrate) et une UMP (parti républicain) qui, avec quelques nuances de style, font la même politique au service des mêmes intérêts : ceux du Marché, de la finance, des affaires.
Ce Pouvoir, trop proche des miasmes de l’affairisme, offre des alternances qui ne sont en rien des alternatives.
Or, l’idéologie de ce nouveau totalitarisme de ruse est négateur des droits de l’animal et de la nature, puisque ces droits contrarient les intérêts du Marché, de la finance, des affaires.
L’animal doit rester, dans les faits à défaut de l’être dans le droit, une marchandise et la nature un simple décor pour ne pas nuire au commerce, à la croissance, au développement, c’est-à-dire à la spéculation.
Voilà pourquoi les dirigeants mettent au ban de la société, stigmatisent, dénoncent à la vindicte publique comme terroristes dangereux, mauvais, irresponsables, les Résistants qui, sans la moindre violence, sans la moindre agressivité contre les personnes, osent remettre en questions les fondements éthiques de leur société de dévastation et d’exploitation.
En insultant et caricaturant les mouvements réfractaires, le totalitarisme de ruse maîtrise l’opinion publique.
On ne donne pas la parole à des extrémistes. On ne discute ni ne réfute des terroristes dangereux. Et surtout, on ne vote pas pour des ultras et, pour mille ans, on vote pour les « démocrates » ou les « républicains » !
Le totalitarisme de ruse est plus fort que ses devanciers, les totalitarismes de forces qui régnaient par la police politique et des camps.
Point besoin de milices et de camps, lorsqu’on dispose des moyens de contrôler les cerveaux et de maintenir indéfiniment le système en place.
Il suffit de criminaliser tout contestataire, fut-il radicalement pacifique.
Quelques casseurs folkloriques, lors des sommets internationaux des dirigeants, permettent même d’accréditer la thèse de l’existence de groupuscules gauchistes violents et bien sûr éternellement marginaux.
Le fait de les tolérer confère un côté vertueux au Pouvoir et pousse l’opinion grégaire à voter par réflexe de peur.
Voyons, disent les totalitaires de ruse : « nous sommes en liberté, pas en dictature, comme hier, au temps des fasciste et des staliniens. Nous avons même nos ultras, dangereux, voyous, menaçants que vous devez tenir en dehors des institutions » !
Vous êtes libres d’approuver le Marché, la finance, l’exploitation de tous les êtres, y compris les humains ordinaires ».
Mais, si vous désapprouvez, vous devenez des déviants, dès lors qu’il n’y a pas d’alternative.
Je n’insinue nullement qu’un complot planétaire, une mafia structuré, un comité de milliardaires voraces structurent ce totalitarisme de ruse.
Il n’en est rien et les 67 oligarques qui possèdent autant que la moitié de l’humanité ne constituent pas un quelconque Comité Central secret.
Non, le système n’a pas de tête, pas plus qu’il n’a de cœur.
C’est une idéologie, des dogmes à dominante économique dont le succès s’explique par le fait qu’il correspond à une tare ontologique de l’animal humain : la cupidité.
Pas de tête, pas de chef, pas de führer, mais une main que ses adeptes disent « invisible ».
Cette main invisible et sale tue, pollue, bétonne, supprime des emplois publics, paupérise.
Michel ONFRAY, lors d’une de ses toujours remarquables conférences parla de « fascisme de lion » et de « fascisme de renard », empruntant à la symbolique populaire de la force et de la ruse.
Le fascisme de lion défilait aux flambeaux, exaltait les foules, éliminait physiquement ses opposants.
Le fascisme de renard transforme le citoyen en « veau à l’engrais », uniquement préoccupé de consommation et courbant l’échine sous le poids de l’économie.
Que signifie la Radicalité ?
Tout simplement que nous prenons les problèmes à la racine et que c’est à la racine que nous y répondons.
Rien d’autre.
Oui, les mouvements écologistes et animalistes sont radicaux en ce qu’ils considèrent qu’existe une unité profonde du vivant et que de cette valorisation de la vie découlent des conséquences morales et politiques de rupture.
Or, le système marchand refuse la rupture.
Il ne peut dès lors admettre comme interlocuteurs des militants qui contestent que l’on puisse chasser par plaisir, torturer des taureaux dans les arènes, élever les animaux dans des conditions cruelles, les abattre sadiquement au nom de religions doloristes.
Dans le même temps, obéissant à la même logique d’exploitation, de compétitivité, de rentabilité, le système incite les humains à devenir les esclaves de la finance, à consentir des sacrifices pour satisfaire les appétits insatiables de cette maîtresse du monde.
Pour vaincre la contestation, les chiens de garde du système doivent diaboliser ceux qui manifestent contre la chasse à courre, les corridas, les lignes à très grande vitesse et les aéroports du groupe VINCI et ceux qui refusent de sacrifier l’humain à l’économie, au profit, aux fonds de pensions fossoyeurs de la vraie démocratie.
En les rangeant parmi les « terroristes », le Pouvoir sait qu’il anesthésie efficacement l’opinion majoritaire des braves gens qui redoutent le désordre et préfèrent s’abrutir devant le sport de compétition et les programmes télévisés conçus pour empêcher de penser.
Contre la PRAVDA, au siècle passé, les dissidents pouvaient écouter les radios étrangères et lire sous le manteau les ouvrages séditieux.
Contre le conformisme de ceux qui proclament la fin de toute alternative, il nous faudra quelques années encore pour réveiller les peuples.
Mais, que les chiens de garde ne s’y trompent pas : La nouvelle Résistance a compris leur mode opératoire.
Nous ne tomberons pas dans leur piège grossier.
Face à un totalitarisme de ruse, le combat doit revêtir une autre forme que celui naguère pratiqué face à un totalitarisme de force.
Notre combat sera culturel, moral, éthique et nous ne les suivrons pas sur le chemin qu’ils nous montrent pour mieux nous neutraliser.
Raison de plus de manifester dans la dignité contre la tauromachie, la chasse et toutes les agressions contre la nature, les animaux et les humains «flexibilisés et compétitifs».
Gérard CHAROLLOIS