Nature : où sont tes défenseurs ?

L’homme contemporain contemple la nature à travers son écran de télévision et subrepticement lors de quelques séjours de vacances de manière fugace.
Il ignore ce que sont la faune, la flore et les milieux naturels, ne les aimant que sous formes de beaux paysages et de spécimens pittoresques, les redoutant dès qu’il est confronté à un univers non artificialisé.
Quand l’homme paraît sur un territoire, il tue, exploite, détruit systématiquement.
Périodiquement, les gouvernants, rendant l’hommage du vice à la vertu, célèbrent la biodiversité, claironnant qu’ils vont adopter une charte, une loi, un décret, un traité protégeant le vivant qui « brûle, pendant que nous regardons ailleurs ».
Un principe généreux est-il affirmé, une règle sage  posée, une volonté affichée : aussitôt des dérogations vident la proclamation vertueuse de sa portée pratique.
Les aménageurs du territoire perdurent à grignoter inexorablement l’espace au nom de la croissance, du développement, de l’emploi, du désenclavement qui n’est surtout pas celui des impostures.
Ne dérogeant pas à l’usage, en ce printemps 2014, les pouvoirs publics proposent un nouveau projet de loi relatif à la biodiversité, avec création d’une agence, d’organes consultatifs et faisant disparaître du vocabulaire règlementaire Français l’absurde notion d’animal « nuisible ».
Saluons l’intention et le progrès sémantique.
Mais, pour les animaux sauvages rien ne change, du moins dans l’immédiat.
Les mêmes espèces seront seulement qualifiées autrement, n’en subissant pas moins les mêmes outrages.
C’est que, pour l’arriéré, le renard a la rage, la buse mange des poules, les becs crochus préemptent le « gibier », la belette boit le sang de ses victimes, la chouette porte malheur,le blaireau transmet la tuberculose aux bovins, le loup fait baisser le cours de la viande de mouton, le bouquetin propage la brussellose, le vautour attaque les vaches et la nature ne mérite que  le fusil, le piège, les pesticides, les ogm, la débroussailleuse.
Je qualifie d’arriéré intellectuel et moral celui qui par son ignorance crasse et sa cupidité torture la vie.
Bien sûr, nul ne partage ces billevesées dans les ministères et au parlement, mais vous savez, l’animal politique cherche à plaire aux arriérés : c’est aussi à cela qu’on le reconnaît et le méprise.
Notre regretté ami François CAVANNA put énoncer que « la politique est l’art de plaire aux cons ».
Voilà pourquoi les grandes lois  en faveur de la biodiversité demeurent de nobles pétitions de principes sans réelle portée, sans limiter le grand massacre de la nature.
Quant aux écologistes politiques de profession, ils s’abîment dans des considérations totalement étrangères à l’écologie, sur des positions leur épargnant d’ailleurs le risque de plaire aux cons, tout en  leur retirant, par leurs silences sur l’essentiel, toute chance d’être originaux et utiles.
Souvent à contre-courant de l’opinion publique (ce qui les honorent, par ailleurs), ils font les choix masochistes les condamnant à des scores électoraux bien inférieurs à ce qu’ils obtiendraient s’ils exigeaient des mesures contre la chasse, la corrida et en faveur de la qualité de la vie.
Car, la spécificité de l’écologie est ce qu’ils taisent : la protection de la nature, la mutation du rapport à l’animal non-humain.
En politique, présentement, la nature n’a pas de défenseur.
Le thème est absent des débats.
Notre vocation est de rompre ce silence et de rappeler que la question de la sauvegarde du vivant dans sa diversité, d’une part, le refus de la violence contre les êtres sensibles, d’autre part, est fondamentale.
Je m’amuse de constater que le seul fait de poser cette problématique nous range, pour les esprits formatés, parmi les extrémistes !
Oui, nous sommes extrêmement, radicalement, résolument, ardemment attachés à sauver les espèces et les individus.
Pour nous, tuer un balbuzard, un ours pyrénéen, un pigargue, un aigle de BONNELLI est un crime contre la biodiversité puisque ces espèces sont en phase d’extinction du fait de l’homme.
Pour nous, tuer un étourneau, une grive, un blaireau est un crime contre le vivant, car ce sont, comme nous, des êtres sensibles capables de souffrir.
D’un point de vue éthique, il est absurde de nourrir des indignations sélectives face à  la disparition d’une espèce et celle d’un individu.
Absurdité commise par trop de contemporains.
Les uns, esthètes du naturalisme, se préoccupent, à juste titre, de l’appauvrissement de la diversité de la nature, sans vouloir intégrer que tout être vivant possède un droit à ne pas être maltraité et massacré.
Les autres, mus par la seule sensibilité, qualité essentielle, oublient que la nature forme un tout et qu’il est fondamental d’en conserver la généreuse luxuriance.
Défenseurs de la nature, de l’animal et des droits de l’homme sont appelés par nous à cette synthèse salvatrice : tous solidaires !

Gérard CHAROLLOIS


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