De la liberté à la nuisance.

Tout être aspire légitimement à la satisfaction de ses besoins spécifiques, de son bien-être, à la quête du maximum de plaisir, en fuyant, tout aussi légitimement, les désagréments et la souffrance.
Pour accéder à ces buts, tout individu doit bénéficier de la liberté.
Liberté d’aller et de venir, de pensée et de mode de vie, de mœurs et d’expression des convictions sans autre limite que la reconnaissance de la jouissance équivalente de la liberté des autres.
Les législations apportent à cette liberté des atténuations, parfois justifiées par la prohibition de nuire à autrui, parfois pour des considérations idéologiques discutables ou des interdits irrationnels.
Dans le domaine de l’expression des idées, en particulier, la liberté ne devrait pas subir d’entraves dictées par le bon goût, la salubrité de l’opinion publique, les émotions compréhensibles découlant des tragédies de l’Histoire.
Les idées se réfutent, se combattent, s’affrontent et n’ont pas besoin de la loi pénale comme bouclier.
Laissons l’Histoire aux historiens, la philosophie aux philosophes, c’est-à-dire à tout le monde et certainement pas aux tribunaux qui ont autre chose à faire que la police des idées.
Si la liberté de pensée, d’expression des convictions et des modes de vies est absolue, que faire de ceux qui ne se contentant pas de penser, de s’exprimer et de vivre leurs mœurs dans le respect d’autrui, agressent, tuent, violent, excisent, torturent, traquent, terrorisent, censurent, exploitent des êtres sensibles ?
Peuvent-ils, au nom de la liberté, imposer leurs pulsions de mort ?
Il y a deux variantes inconciliables du libertarisme.
- Celle de la frange tea party, dévote de la compétition, de l’exploitation, de la loi de quelques maîtres soumettant la masse des dominés.
Pour les adeptes de ces doctrines, la liberté s’entend de l’exacerbation de la pulsion de mort.
Leur  acception de la liberté génère pollution, misère, aliénation, destruction de la nature, séparation des humains en une caste d’exploiteurs sans vergogne et le reste des populations anesthésiées par les médias propriétés des premiers nommés.
- Celle des hédonistes altruistes qui enseigne que la jouissance de la liberté est indissociable du souci de l’autre, celle qui veut une société de maîtres sans esclaves, celle qui condamne l’esprit funeste de compétition, d’écrasement, d’arrogance.
Nuire à la nature, à l’animal et à l’homme n’est jamais une liberté digne de ce noble nom.
Nous vivons encore dans une société de pulsion de mort qui, par l’horreur économique, le sport de « compétition », la culture distillée par les médias, valorise la liberté négative de nuire à autrui et ignore la liberté saine et généreuse, compagne de la solidarité et de l’empathie.
Dans la société dominée par la pulsion de mort des lobbies confisquent la parole publique dans les médias sous contrôle.
Ainsi, sur France Inter dont le directeur, Philippe VAL, écrivit naguère de fermes, claires, brillantes condamnations de la torture tauromachique et de la chasse, les propagandistes de la mort loisir se livrèrent à un bourrage de crâne, le 6 septembre dernier, dans une émission dite « service public », mal nommée.
Obéissant aux injonctions des chasseurs, la « voix de la France » offrit une heure d’antenne aux lobbyistes, sans aucun contradicteur.
Ce qui est formidable avec ces gens-là, c’est qu’ils font dans la grossièreté en avouant la peur de la confrontation.
L’habitude de ne rencontrer que servilité les égare et leurs manières sont tellement outrancières qu’elles ne peuvent que heurter les citoyens, y compris  les moins avertis.
Quand on est incapable d’argumenter, de réfuter, de débattre, on exige de ses serviteurs le monopole de l’expression.
Ils oublient que la censure, arme des totalitaires,  paravent des impostures, ne tient jamais longtemps.
La liberté et la vie auront raison des tasts  mort.

Gérard CHAROLLOIS

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