Etre un opposant à la chasse

L’arbre, l’animal et l’homme participent du Vivant.
Tous les animaux - dont nous sommes - subissent la souffrance et l’effroi, partagent le ressenti du plaisir/déplaisir et parcourent le même destin.
D’ailleurs, l’homme, être biologique, est un animal.
Parce que nous sommes conscients, nous savons que le pire est d’ajouter de la souffrance à ce monde qui n’en manque guère.
Le chasseur tue par jeu, par pur loisir, à titre de récréation et pour assouvir une inquiétante pulsion que tout être civilisé doit récuser.
On ne jouit pas de donner la mort si l’on veut être un humain hominisé.
La chasse ne doit pas être réformée mais abolie pour une raison éthique : il faut promouvoir le respect de la Vie.
En France, le nombre des chasseurs est en constante diminution.
Mais la chasse s’organise en un lobby pyramidal corporatiste très structuré avec des associations communales dans le rural, une fédération dans chaque département et une fédération nationale des chasseurs à l’échelon supérieur.
En vertu d’une ordonnance du 28 juin 1941 signée du maréchal PETAIN, publiée au JO du 30 juillet 1941, étaient créées les « sociétés départementales des chasseurs » devenues les fédérations par arrêté du 15 novembre 1945.
Un lobby corporatiste était né qui allait peser sur l’état et imposer ses choix désastreux à des politiciens soumis, tenus de faire la danse du ventre devant les présidents de fédérations des chasseurs lors des élections.
Bien sûr, la société évolue en ses mentalités.
L’animal n’est plus considéré par beaucoup comme une chose, un défouloir, un souffre-douleur.
La Nature se meurt et appelle une approche nouvelle fondée sur la protection et non la destruction.
La violence, le goût des armes à feu, les rituels guerriers et virilistes sont récusés.
Toutes les enquêtes d’opinion révèlent que les contemporains n’aiment pas la chasse, activité dangereuse pour les tiers, loisir cruel, anachronique et contre Nature.
Mais les politiciens retardent d’un siècle lorsqu’il s’agit d’appréhender la société contemporaine.
Beaucoup d’entre eux pensent démagogique de flatter l’arriération et les préjugés de la fraction la moins évoluée de la population.
Les chasseurs eux-mêmes se leurrent sur ce qu’ils représentent.
Dotés de moyens financiers illimités, encouragés par la soumission des élus, ils pensent constituer une force politique, alors qu’ils ne sont plus qu’une minorité anachronique.
Lors des élections au parlement européen de juin 2024, le président de la fédération nationale des chasseurs présenta une liste de candidats en proclamant qu’il se retirerait de ses fonctions statutaires s’il n’obtenait pas 5% des suffrages, seuil pour faire élire quatre députés européens.
Il ne recueillit que 2,30% des voix et après avoir exprimé son amertume et avoir confirmé son retrait, il revint sur cette annonce téméraire et perdure à donner de son loisir de mort une image caricaturale.
Cet homme possède toutefois un mérite : il ne se drape pas dans la vertu d’un service public et ne dit pas que le chasseur sacrifie ses dimanches pour gérer la faune, promener son chien, fréquenter des copains et aérer son fusil.
Il avoue, sans mesurer le gouffre qu’il ouvre entre son monde et le nôtre, le plaisir qu’il a à tuer.
L’honnêteté intellectuelle est une vertu.
J’entends la partager.
Je n’ai jamais soutenu que j’étais contre les abus de la chasse, la pusillanimité n’ayant pas sa place ici.
Je considère que la chasse loisir et non vivrière est un abus.
Je ne souhaite pas la réformer mais l’abolir.
N'a-t-on pas aboli l’esclavage, la torture, le bagne et la peine de mort ?
Quand la chasse sera abolie, la civilisation aura fait un grand pas vers une société apaisée, soucieuse d’altruisme et pétrie d’empathie.
C’est en termes éthiques que je pose le problème.
L’homme a-t-il le droit moral de soumettre un être sensible à la souffrance et à la mort pour jouir du plaisir d’occasionner ces tourments ?
Ceux qui n’aiment guère la chasse mais n’osent pas déplaire se garderont bien de répondre à cette question fondamentale.
Et pourtant, je l’affirme, contre les conformismes : la mort n’est pas un loisir.

Gérard CHAROLLOIS

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