La grande peur des agrariens

La France fut un pays de paysans.
Jusqu’au milieu du 20ème siècle, le monde rural faisait les majorités politiques, souvent monarchistes, au 19ème siècle, puis conservatrice après l’acceptation de la république.
Les colères agricoles, notamment viticoles, effrayèrent les gouvernants par leurs violences et le recueil du soutien de l’opinion publique.
Ce qui eut été réprimé à l’encontre de tout contestataire fut admis lorsque des infractions contre les biens et parfois les personnes étaient couvertes par le label agricole, véritable immunité.
Dégradations massives de mobilier urbain, déversements de fumier devant les préfectures, heurts avec les forces de l’ordre, blocage de supermarchés ou destructions de cargaisons de marchandises en provenance de l’étranger ne donnaient lieu à aucune poursuite pénale.
L’agriculteur fait peur aux autorités publiques.
Aujourd’hui, la politique de l’agriculture intensive avec des concentrations capitalistes fait disparaître le paysan qui ne fait plus les élections.
Mais le réflexe phobique sévit encore dans l’état.
Début octobre, la présidente d’une section de FNE de la région toulousaine était informée par la police que ses locaux associatifs seraient dégradés dans la nuit du 5 au 6.
La police ne pouvait rien faire pour prévenir la commission de ce délit car « l’action était syndicale ».
Plus les actions agricoles montent en violence et intensité et plus le gouvernement « comprend », « soutient », « accompagne » le mouvement.
Bien sûr, le modeste paysan est, au même titre que l’ouvrier, l’agent public, le professionnel dit libéral, le membre de la classe dite « pauvre » et celui de la classe dite anciennement « moyenne », victime du système économique mondial qui échoue et ne profite qu’à une poignée d’oligarques.
La secte des adorateurs du Marché conduit la société à la paupérisation des peuples, la disparition des services publics, la mort de la biodiversité, l’altération de la viabilité de la Terre et, pour masquer le tout, à l’illibéralisme, forme contemporaine du fascisme.
Pour calmer l’agrarien, le pouvoir politique libère les pesticides et tue les loups, offrant à l’agriculteur des leurres abrutissants à défaut de solutions lui permettant de ne pas disparaître.
La Nature est sacrifiée pour anesthésier certains ruraux qui seront les premières victimes de cet « anti-écologisme » primaire et radical.

 

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