L'Etat de droit et les écologistes menacés par des gouvernants soumis

Ci-dessous relatée, l’agression de la Maison de l’Environnement par un commando de la Coordination Rurale s’inscrit dans une grave dérive qui menace la paix publique, la liberté et les droits fondamentaux des personnes.
L’état partial se soumet aux pressions « d’agro terroristes » choyés par les politiciens réactionnaires tenant, comme leurs devanciers, « de la terre qui ne ment pas ».
D’aucuns penseront que ce désordre n’a rien de récent.
En 1999, des agriculteurs saccageaient le bureau de Dominique Voynet, ministre de l’environnement, sans qu’il en résulte la moindre réaction des forces de l’ordre.
En 1977, à l’école nationale de la magistrature, un « ancien », désolé de cette constatation, enseignait aux auditeurs de justice la prescription suivante : « Si une manif d’agriculteurs peint en blanc un commissaire de police, vous ne pouvez rien faire ».
Les agitations agrariennes se traduisent fréquemment par d’importantes dégradations de mobilier urbain, de préfectures souillées et parfois des bâtiments incendiés.
Les agressions sont aussi dirigées contre les associations de protection de la Nature et leurs animateurs et contre les agents de l’Office Français de la Biodiversité.
Les milieux agro cynégétiques souffrent d’une propension déplorable à la violence, volontiers excusée par les gouvernants.
Tout ceci serait dans l’ordre des choses.
Ceux qui ne respectent ni l’animal, ni la Nature ne sont guère portés au respect des droits de la personne humaine.
Tout se tient.
« Sauvez un paysan. Tuez un végan. » énonçaient des graffitis, sur des murs du LOT-ET-GARONNE, illustration, sans doute, de l’humour agricole !
Cette agitation nostalgique d’une époque de sinistre mémoire ne serait que dérisoire si l’état était impartial et garant des libertés publiques et des droits de chacun. Ce qui n'est pas le cas.
Rappelons ici les détenteurs d’une mission de service public à leur devoir élémentaire.
Un ministre, un préfet, un conseiller de juridiction administrative, un magistrat judiciaire, un législateur ont le droit absolu de nourrir des convictions. Ils ne viennent pas d’une exoplanète. Ils peuvent pratiquer des rites religieux ou ne pas en observer, adhérer à une philosophie, opter entre des choix politiques et sociaux, sous réserve que dans l’exercice de leurs fonctions publiques, ils conservent un esprit de probité, de loyauté, c’est-à-dire plus simplement, d’honnêteté.
Or, les décideurs politiques insultent leurs fonctions en s’abaissant à des attitudes veules et partisanes.
La France n’est qu’un état de droit imparfait en raison de la médiocrité morale d’une fraction de la classe politique.
Je reviens sur le scandale de l’affaire Sainte Soline.
Le ministre de l’intérieur de l’époque, digne collègue de l’actuel, mobilisa trois mille gendarmes armés comme pour une guerre civile, pour défendre un trou dans un champ, en proclamant que des écoterroristes venaient s’en prendre à la république.
Ce propos ne pourrait être que ridicule si cette mise en scène ne débouchait pas sur des blessures, des mutilations et des risques de meurtres, à l’instar de ce qui advint à SIVENS.
Ecoterroristes dit le ministre, oublieux du sens même des invectives qu’il profère.
La pensée écologiste portée par la vaste nébuleuse des protecteurs des animaux, de la Nature, du cadre de vie, de la santé et du climat est la seule pensée qui, historiquement, n’a pas de sang sur les mains.
Les écologistes de toutes nuances, associatifs ou politiques, n’ont jamais posé de bombe et n’ont jamais incendié des bâtiments publics.
Leurs actions sont symboliques.
Leurs manifestations visent à sensibiliser l’opinion publique et les regrettables violences résultent des affrontements avec des forces de l’ordre détournées de leur mission de service public et transformées en milices FNSEA ou gardiennes de la mafia affairiste, notamment dans les grands travaux inutiles.
Jusqu’aux « trente glorieuses », les agriculteurs représentaient une masse électorale prépondérante, vivier du conservatisme.
Le productivisme agricole arasa les haies, pollua les sols et les eaux, généra des pathologies liées aux pesticides qui anéantirent 80% des insectes et 60% des oiseaux de plaines. Mais ce productivisme fit également disparaître les paysans.
Dix mille tracteurs sur les routes « terrorisent » nos inconsistants politiciens qui, par faiblesse, bradent l’intérêt général, la biodiversité, la santé publique, au nom du rejet des normes et des contrôles.
Ce que je demande : la dissolution de la Coordination Rurale pour les exactions revendiquées par cette structure ?
Même pas.
Je n’aime ni la censure, ni les dissolutions.
Ce serait, par ailleurs, trop attendre des politiciens en quête des apparences du pouvoir mais trop pusillanimes pour l’exercer .
Je demande plus simplement le respect de l’Etat de droit et du principe premier d’égalité des personnes devant la loi.
Or, je crains que cela soit trop demander à des personnages sans envergure et sans éthique.
Vendredi dernier, la présidente d’une filiale locale de FNE était avisée par la police qu’un commando de la coordination rurale attaquerait son local dans la nuit de dimanche à lundi.
La police ne voulut rien faire car l’action était « syndicale ».
Que croyez vous qu’il adviendrait si un commando écologiste (heureusement, il n’en existe pas) s’avisait de dégrader un siège de lobby agricole ou de fédération de chasseurs ?
Inutile d’énoncer la réponse.
Non, les citoyens, en ce pays, ne sont pas égaux devant la loi.
Honte à ces politiciens oublieux de leur devoir de simple probité.
Et demain ?
L’Italie tombée sous le joug du néofascisme examine une loi criminalisant les actions en faveur du climat et de la Nature, ces actions militantes fussent elles pacifiques. Leur projet de loi expose les militants à deux ans de prison.
La vérité : l’état et les lobbies de l’exploitation au pouvoir en politique et dans nombre de médias achetés diabolisent les défenseurs des animaux, les protecteurs de la Nature, les amis de la Vie.
Il est temps qu’une prise de conscience s’opère.
Par-delà les associations, les partis politiques, surmontant les différences, la vaste nébuleuse des gens de mieux doit s’unir et se solidariser contre le terrorisme agrarien protégé par les partis politiques réactionnaires.
Non seulement la Nature se meurt, mais les droits de l’homme et la liberté de pensée, d’expression et de mode de vie vacillent.
Unissez vous, dans une nouvelle Résistance, puisque l’esprit de Vichy est de retour !

Gérard CHAROLLOIS

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