Bien que minoritaires dans nos sociétés contemporaines, les chasseurs -organisés en France en puissant lobby qui trouve son origine dans une ordonnance du maréchal PETAIN du 28 juin 1941 (JO de l’état français du 30 juillet 1941)- imposent leurs exigences à une classe politique dont la trop fréquente médiocrité se révèle dans son degré de soumission aux petits intérêts corporatistes.
Il est plaisant de voir la presse cynégétique se réjouir dès qu’une jeune fille rejoint les tueurs agréés.
Que voilà un événement méritant une information nationale !
C’est qu’il faut faire oublier un fait que chantait RENAUD dans son pamphlet remarquable contre Madame THATCHER : « Dans les rangs qui dégomment la tourterelle, il y a peu de femelles. Un chasseur, c’est masculin comme un SS, un torero ».
Peu de femelles, il est vrai, et c'est tout à l’honneur des femmes.
Mais bien sûr, il y en a quelques-unes et la propagande lourde du lobby les brandit comme des trophées arrachés à la sensibilité et à la dignité humaines.
Combien de temps faudra-t-il pour abolir la chasse ?
En 1832, Victor HUGO publiait une nouvelle pour dénoncer la peine de mort.
Il écrivait, par ailleurs : « N’est-ce pas nature que tu hais ces semeurs de trépas,
Qui dans l’air frappent l’aigle et sur l’eau la sarcelle et font partout saigner la vie universelle ».
Un jour viendra où, comprenant que l’animal est un être sensible et non une chose, l’humain ne fera plus d’une mort une récréation, un jeu, un défouloir de pulsions perverses.
Qu’est-ce que la perversion ?
C'est le fait de jouir du mal occasionné à autrui.
Bien sûr, la chasse tue chaque année quelques humains, par accident car un fusil ne sert qu’à tuer.
Bien sûr, la chasse détruit la biodiversité par les tirs de braconnages dont les espèces les plus rares sont occasionnellement les victimes et par la pollution génétique résultant des lâchers d’animaux de tirs dans la Nature, par les dérangements de toute la faune.
Bien sûr, la chasse crée une insécurité pour les usagers pacifiques de la Nature dont les sorties en milieu naturel deviennent hasardeuses et dangereuses.
Mais tout ceci ne serait rien à côté de l’avilissement que représente le fait d’ériger la souffrance et la mort d’un être sensible en pur loisir.
La chasse abaisse l’homme et pose un défi moral que passe sous silence les commentateurs pusillanimes.
La presse légère, pas trop d’investigations, pas trop d’analyse, vous contera innocemment l’ouverture de la chasse, un petit matin champêtre entre bons copains et leurs chiens, tentant de faire oublier le fusil et les plombs qui déchirent les chairs et broient les os.
La mort est leur loisir.
Or, point n’est besoin d’aimer les animaux pour comprendre que tuer n’est pas un jeu et que l’humain ne doit pas s’accoutumer à ôter la vie.
La députée Sandrine ROUSSEAU se trouve déférée en correctionnelle, le 4 septembre, pour avoir osé mentionner qu’un féminicide sur quatre était provoqué par une arme de chasse.
Habitués aux génuflexions de nos piètres politiciens, les dirigeants de la chasse ne goûtent guère qu’une élue ne fasse pas devant eux, à l’instar de tant de ses collègues, la danse du ventre et ne chante pas les louanges de « nos amis les chasseurs, meilleurs écologistes ».
Je n’ai guère d’inquiétude sur l’issue de ce procès qui ne fait que démasquer la nature du lobby de la chasse et j’apporte tout mon soutien à Sandrine ROUSSEAU.
En droit, le délit de diffamation suppose l’imputation à une personne morale ou physique de faits faux de nature à porter atteinte à son honneur.
Un loisir n’est pas une personne protégée par la loi.
Dès lors, tout fait social peut être soumis à la libre critique.
Parlons haut, fort et clair contre ceux qui veulent imposer le silence à leurs opposants, opposants aujourd’hui majoritaires.
La Nature et la liberté de pensée et d’expression doivent être défendues, surtout en ce pays soumis.
Gérard CHAROLLOIS