La Coordination Rurale de la Haute-Vienne, syndicat agricole proche de l’extrême-droite, offre des primes à tout tueur de loup, ce qui constitue une incitation publique à commettre un délit. Ce même syndicat invitait ses membres à en découdre avec les « écolo-terroristes » qui manifestaient le mois passé, dans la Vienne, contre les méga-bassines que l’état partial prodigue généreusement à la grande maïssiculture. En 1945, près de dix millions d’habitants de ce pays vivaient de l’agriculture. Aujourd’hui demeurent 380.000 exploitations agricoles et cet effondrement n’est pas imputable aux « éco-terroristes » du dérisoire ministre de l’intérieur, contempteur de l’écologie, qui pourrait se recycler sans effort dans un gouvernement ultra-réactionnaire s’il advenait, par malheur, qu’un tel régime se rétablissait ici. Ce sont le productivisme forcené et l’économie de marché qui ont généré ce changement sociologique radical qu’ignorent nombre de politiciens adeptes de la danse du ventre devant les « exploitants agricoles ». Ceux-ci peuvent troubler l’ordre public, barrer les routes, souiller les rues et les bâtiments publics, voire les incendier et recevoir en prime la compréhension veule de gouvernants inconsistants qui cèdent tout, y compris l’essentiel c’est-à-dire la biodiversité et la santé publique, aux exigences de ces lobbies corporatistes bien éloignés du sort du petit paysan. Le préfet de la Vienne, représentant local du ministre démissionnaire, transmet au procureur de la république une dénonciation à l’encontre des organisateurs de la manifestation contre les méga-bassines pour des infractions formelles et subalternes. Qu’aurait-il fait si la FNSEA ou la Coordination Rurale avaient dégradé les bâtiments de sa préfecture ? Il serait bien naïf celui qui doute de la réponse. Qu’elle est loin la république exemplaire qui traiterait ses citoyens avec impartialité et probité ...