De tous temps, les nostalgiques ont dénigré l’époque dans laquelle ils vivaient en regrettant le passé, en fustigeant la déliquescence des mœurs, la décadence morale, la « décivilisation » appelant un grand bond en arrière.
Or, l’objectivité des faits démentent ces lamentations pas toujours désintéressées.
Non, notre époque n’est pas plus violente que les siècles passés et il est même établi par les études criminologiques qu’aucune époque n’a été plus sécurisée que la nôtre.
Bien sûr, il y a toujours le fait divers sordide pour nous émouvoir et révolter face à la perversité, à la cruauté, à la cupidité de quelques individus dangereux et nocifs.
Les tenants de l’ordre exploitent les peurs, les colères et les indignations pour pérenniser leurs pouvoirs pervers.
Cependant, la violence régresse, n’en déplaise aux préjugés et aux ressentis primaires.
Ce qui s’accroît, c’est l’intolérance à la violence.
Créant un parallèle, un article de presse illustre cette évolution de la société que je considère extrêmement salutaire.
Récemment, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, une enseignante d’Espagnol fut poignardée par l’un de ses élèves.
L’affaire occupa tous les médias. Le chef de l’état et ses ministres proclamèrent leur solidarité avec la communauté enseignante et le parlement observa une minute de silence.
Cette émotion était parfaitement légitime.
Le 25 février 1978, un professeur de science était tué dans sa classe, de deux coups de pistolet, par un élève de troisième.
Aucune réaction de l’état et quelques entrefilets dans la presse écrite.
La société devient allergique à la violence et il faut se réjouir de cette hyper-réactivité, car toute violence est intolérable.
Malheur à l’homme public qui ne sait pas divorcer sans bousculer, fut-ce symboliquement, son conjoint.
Il encourt une forme de bannissement social définitif pour sa faute inexpiable.
Rien d’ironique dans mon propos.
L’hominisation en cours et encore non parachevé passe par la récusation de toute violence à l’encontre des autres humains, mais également à l’encontre des animaux, êtres sensibles.
L’empathie fait l’humain et toute violence dégrade celui qui s’y adonne.
Le meurtre, le viol, les actes de cruauté et de maltraitance, qu’ils affectent un enfant ou un vieillard vulnérable ou un animal quelconque, sont des insultes à la dignité humaine.
Ce refus de l’avilissement en brute débile conduit à une condamnation du principe même de la chasse, de la tauromachie et de tout acte érigeant la souffrance et la mort d’un être sensible en récréation ou en spectacle.
Loin d’aller vers une « décivilisation », comme l’affirment les réactionnaires, notre temps se dirige vers une récusation de la violence, d’où l’hyper-sensibilité à tout fait divers révélant que tous les hommes ne sont pas encore des humains hominisés.
Moins tolérante aux violences primaires, notre époque s’avère également plus réactive face aux corruptions, violences perpétrés conte le vivant et le bien public par la caste dirigeante.
Les gouvernants, leurs protégés, leurs amis affairistes, les élus, vécurent longtemps dans un ordre féodal et privilégié.
C’était le temps où le conseil d’état ne rendait pas des arrêts mais des services.
C’était le temps où les cours et tribunaux n’étaient que les chiens de garde d’un ordre inique.
La raison d’état couvrait de son voile d’opacité le népotisme et les abus, parfois les crimes.
Les privilégiés n’acceptent pas leur soumission à l’état de droit.
Inquiétés judiciairement pour leurs turpitudes, ils s’offusquent et accusent les juges et les tribunaux d’être, « de gauche ».
C’est qu’il leur faudrait des juges « de droite », docile aux pouvoirs établis et à ses dérives.
Or, le juge -à l’instar du médecin- ne juge pas en fonction des opinions du justiciable pas plus que le praticien de l’art de soigner ne prodigue ses soins en fonction des convictions de son patient.
Incultes ou malhonnêtes, des hommes politiques, inquiets de devoir répondre de leurs délits, confondent l’impartialité essentielle et la censure hypocrite.
Le sénat conservateur, toujours lui, propose de limiter le droit syndical des magistrats qui osent exprimer des opinions.
L’impartialité, indispensable vertu du juge de gauche ou de droite, n’a rien à voir avec la censure de la pensée.
Préférons toujours un esprit libre, impartial et honnête qui s’exprime, à un imposteur planqué dans un silence carriériste, esprit veule et uniquement préoccupé de ne pas déplaire.
Le juge soumis prêtera serment de fidélité au maréchal PETAIN avant de se précipiter pour le condamner, quatre ans plus tard.
Tout humain pense et nourrit des convictions éthiques.
Les taire n’est guère une marque de courage et d’honnêteté.
Nier cette évidence est une imposture.
Pourquoi feindre l’absence d’éthique personnelle ?
Pourquoi faire jouer les extra-terrestres aux magistrats ?
Les élus du monde de l’argent, en connivence incestueuse avec les affaires, au service des intérêts économiques ploutocratiques, n’aiment pas le pouvoir judiciaire indépendant.
C’est que les grands travaux inutiles, les autoroutes, les lignes ferroviaires à très grande vitesse et les splendides opérations immobilières sont des violences contre la viabilité de la Terre et dissimulent des corruptions.
Rien ne doit restreindre les appétits insatiables et ce monde politico-affairiste vit dans la corruption ordinaire.
Cette violence-là est infiniment plus pernicieuse que celle d’un schizophrène qui échappe aux soins parce que l’ordre thatchérien sacrifie la psychiatrie, au même titre que tous les services publics, pour servir les profits privés.
Préserver la vie sur Terre passe par un moratoire sur les infrastructures et l’artificialisation des sols, mais l’état thatchérien exercera toutes les violences nécessaires pour satisfaire les intérêts de ceux qui, via le financement des campagnes électorales, achètent les états.
Ce monde de l’argent fait la guerre à la Nature et la guerre est la violence absolue.
Les gouvernants, grands ou petits, d’état ou de cantons, assassinent la biosphère pour assouvir leurs intérêts et ceux de leurs commettants.
En le disant, vous deviendrez éco-terroriste, ce qui est un immense honneur, ce terrorisme-là n’ayant jamais tué personne.
Alors que les ennemis de la Terre tuent et censurent la vérité.
A propos de tuer : qui gouvernait lorsque Rémi FRAISSE fut tué parce que des réseaux politico-affairistes voulaient affecter de l’argent public en érigeant un barrage à SIVENS ?
Ne l’oubliez pas.
Le sang d’un innocent ne les étouffe pas.