L’argent putréfie la démocratie dans les pays qui ont la chance de ne pas avoir des dirigeants dictatoriaux, criminels, tueurs ou embastilleurs de leurs opposants.
Sur cette planète, il y a ceux qui prostituent en achetant les élections et ceux qui violent les libertés en piétinant les droits de l’homme.
Bien sûr, les premiers sont préférables aux seconds en ce qu’ils laissent vivre leurs réfractaires.
Je ne renverrai pas dos à dos et dans la même poubelle de l’Histoire les petits affairistes et les tyrans sanguinaires.
Mieux vaut habiter dans les pays de « coquins » que sous la botte des pays d’assassins.
Néanmoins, la marche vers le progrès commande la lutte contre la corruption ordinaire, celles de ses élus qui affectent les fonds publics aux lobbies, qui se financent via les grands travaux inutiles, qui fusionnent avec le monde des affaires.
Ainsi, en France, des présidents de régions versent des millions d’euros au lobby de la chasse dont on chercherait longtemps les services d’intérêt général qu’il remplit avec cet argent détourné dans le dessein d’acheter des soutiens de réseaux.
Occasionnellement, la presse relate tel ou tel scandale : un président qui use d’un pseudonyme pour communiquer avec ses petits amis comme n’importe quel voyou basique, des députés rémunérés en valises de billets par des puissances étrangères, des collusions entre des sociétés très privées et des candidats politiques.
Il ne s’agit-là que de l’écume d’une mer de corruption car l’argent règne sur la société globalisée et la conduit à sa chute.
Les gouvernants, des chefs d’état aux petits élus locaux, se gardent bien d’éradiquer cette corruption ordinaire dont ils vivent.
Les remèdes seraient pourtant évidents et aisés à mettre en œuvre : limiter plus strictement les dépenses électorales, frapper d’inéligibilité les tricheurs, contrôler par des tribunaux impartiaux l’affectation des fonds publics, infliger aux délinquants de « haute volée » des peines effectives dissuasives.
Pourquoi moraliser la vie publique ?
Faut-il instaurer la vertu civique et la terreur pour les gouvernants et élus corrompus ?
Nullement.
Il ne s’agit pas de manifester ici un prurit de puritanisme de probité.
C’est la Nature, le biocentrisme, la viabilité de la Terre qui nous inspirent cette juste colère contre les corrompus.
Car la corruption est source des massacres de faune, de flore, de saccages des milieux naturels. Elle est pourvoyeuse d’infrastructures spéculatives, de pollutions infinies, d’exploitations monstrueuses.
À MONTRÉAL se tient la COP15, regroupant près de 180 pays au chevet de la biodiversité.
À l’heure où j’écris ces lignes, la conférence n’est pas terminée.
Mais les résultats concrets sont déjà connus.
Le monde de l’argent et des lobbies ne peut pas sauver la vie.
En revanche, il aime disserter sur le climat.
Pourquoi ?
La « décarbonation » affichée permet de spéculer, d’aménager, de développer des firmes, des filières donc des profits.
Des centaines de millions de dollars ou d’euros sont en jeu derrière le paravent des « énergies renouvelables ».
Or, seule cette spéculation intéresse les dirigeants biberonnés au lait du profit.
Nombre d’écologistes se font berner par cette récupération par le monde des affaires d’un thème ressassé : « investissons pour sauver le climat » !
Comment ?
En détruisant des milieux naturels et de la biodiversité.
Protéger les espèces animales, les forêts naturelles, les rivières sauvages ne rapporte rien, en terme financier.
Mais implanter des éoliennes, des champs de photovoltaïques en consommant des centaines de milliers d’hectares de nature offre des sources de gains nouveaux pour les firmes et seul cela compte pour les décideurs.
D’aucuns proposaient, ce qui eut été heureux, pour la COP15 en faveur de la biodiversité, de placer 30% des surfaces de la Terre en zone de protection.
Très bien.
Mais : quelles zones ? Quelle protection ?
En France, la majorité de nos parcs nationaux sont à 2000 mètres d’altitude, en des sites qui ne dérangent pas trop.
Quelle protection ?
Des conservatoires para-publics achètent des terrains littoraux et lacustres pour y accueillir la chasse/massacre de l’avifaune aquatique.
Rêvons un peu.
Vous imaginez comme tout changerait si chez vous, dans votre commune, 30% de la surface communale était mise en zone de protection véritable !
La Nature sera gagnante, mais aussi votre qualité de vie.
Votre maire protesterait et refuserait de devenir une « réserve d’indiens » et le promoteur local s’insurgerait de ne pas pouvoir faire son petit lotissement, bien évidemment, « modeste, bien intégré, très écologiquement responsable » !
Ainsi, quand les dirigeants parlent « d’environnement », ils mentent faute de pouvoir enrayer la marée de la spéculation ordinaire dont ils sont les agents, les bénéficiaires, les complices.
Alors, c’est foutu ?
Hélas, ami lecteur, je le crains.
Un pessimiste n’est jamais qu’un ancien optimiste devenu réaliste.
Que cela ne vous empêche pas de faire votre devoir d’homme hominisé : sauvez la Nature quand et partout où vous le pouvez.
Gérard CHAROLLOIS