Nous, les sans voix

Le vacarme de la propagande s’intensifie sur le thème : « la France se paupérise, perd son industrie, paie cher son énergie, encourt des coupures d’électricité en janvier ».
Le remède : « urgent, libérer les forces vives, investir massivement, saccager les sites et les espaces naturels, vaincre la réticence des riverains grincheux soucieux de défendre leur environnement au besoin en achetant leur soumission par des promesses de rabais ».
Le pouvoir politique en place, docile serviteur du monde de l’argent, et certains écologistes politiques obnubilés par la technophobie, veulent couvrir le pays d’éoliennes et de champs photovoltaïques en niant notre droit à survivre.
Nous, les oiseaux, les chiroptères, les forêts, les zones humides, déclarons que nous sommes tellement las de votre mépris, de vos agressions, de vos privations d’espaces vitaux que nous vous informons de notre disparition prochaine.

Vous, homo-economicus, cupides et bêtes à croire que l’argent est la vie, vous vivrez demain sur un astre stérilisé qui saura, votre tour venu, se débarrasser de vous.
Vous vous effrayez déjà d’une crise climatique résultant de vos activités agricoles et industrielles et de votre surpopulation, mais la mort de la biodiversité qui vous indiffère ne fait qu’annoncer votre chute.
L’évolution vous avait doté de capacités cognitives supérieures, mais vous en avez fait un bien mauvais usage.
Vous avez besoin d’énergie pour assurer, ce qui est très légitime, votre confort, votre aisance, vos besoins vitaux, ludiques et récréationnels.
Nous aurions pu vivre en harmonie pour peu que vous ayez célébré la vie et non le profit.
Nous, les autres vivants, comprenons parfaitement votre quête d’un hédonisme salutaire s’il demeurait altruiste et respectueux du Vivant.
Mais en nous niant, en considérant notre disparition comme dégât collatéral, en pensant que notre sauvegarde est subalterne, vous commettez une faute morale et une insulte à votre propre devenir.
Qu’avez-vous à souiller et stériliser la terre par vos infrastructures, alors que vous pouviez partager l’espace et nous laisser une place à vos côtés.
Vous voulez, en ces jours tourmentés, de l’énergie électrique.
Nous pouvons nous en accommoder pour peu que vous isoliez les câbles de transport de cette énergie.
Vous possédez des neurones aux multiples synapses qui vous ont fait accéder à bien des connaissances et des maîtrises dont vous pourriez faire un meilleur usage.
Ainsi, la fusion nucléaire, exempte de tout déchet et de tout risque d’accident, allait vous permettre de produire une énergie d’une puissance inégalée en limitant l’emprise sur nos espaces vitaux.
Qu’avez-vous besoin d’implanter partout des hachoirs à oiseaux et à chauves-souris, à abattre des forêts, à transformer des prairies en centrales énergétiques ?
Nous ne vous faisons point grief de votre maîtrise mais de votre cupidité, de votre cruauté et finalement de votre manque de sagesse.
Mettez votre science au service du vivant et dans tout choix, incluez d’abord la sauvegarde de la richesse biologique de la planète.
Homo-economicus, vous assassinez la biosphère dont vous n’êtes qu’une composante.
Vous ne faites pas qu’enlaidir le monde, vous l’endeuillez et le rendez incompatible avec la vie.
Notre acte d’accusation vous reproche de n’être pas homo-sapiens.
La loi sur l’accélération des énergies renouvelables n’accélère que le processus d’artificialisation et d’anéantissement.
Aujourd’hui, nous les oiseaux, les chiroptères, les arbres et la beauté du monde, vous exprimons notre protestation solennelle.
Prenez garde ! Celle-ci pourrait demain se muer en malédiction.

Gérard Charollois pour ordre : l’arbre, l’animal et l’homme.

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