La biosphère malade de l’homme

A la limite de la DORDOGNE et de la CHARENTE, dans la forêt de la DOUBLE, survivent certains arriérés, amateurs de chasses et de traditions.
Durant tout l’été, un de ces ennemis de la Terre passait ses nuits à incendier les bois, autour de la petite commune de LA ROCHE-CHALAIS, sans pouvoir être neutralisé ni identifié.
Dans le même secteur géographique, un autre malfaisant vient de cribler de plombs une cigogne blanche.
Ailleurs, leurs semblables massacrent les loups, les ours et les lynx en toute impunité.
Pourquoi l’idiot de village éprouve-t-il une pulsion de mort le déterminant à brûler et ensanglanter ?
Ce qui le détermine tient à l’illusion de la puissance, de la domination, de la réassurance, de la consolation de n’être que ce qu’il est.
En ôtant la vie, il s’imagine accéder à la maîtrise salvatrice de son néant.
À l’autre extrémité de la pyramide sociale, l’oligarque milliardaire ami des présidents promeut, bétonne, bitume, édifie des lotissements, des complexes touristiques, des forages pétroliers, des empires financiers fondés sur l’exploitation, donc la destruction de la Nature.
Lui aussi soigne son néant et sa vulnérabilité par l’illusion d’une maîtrise absolue, d’une domination, d’une emprise sur le monde.

L’humain se conçoit comme un animal rationnel, alors qu’il n’est que le jouet de ses instincts.
Rien de plus ou de moins que tout autre animal. Différence de degré, mais pas de nature.
Lorsque l’instinct commande, la raison se tait.
Petit exemple concret : interrogez votre maire sur ses projets pour sa petite commune.
Il vous dira travailler à son développement, à l’augmentation du nombre de ses habitants.
Pourquoi et dans quel but accroître la démographie locale ?
Combien veut-il d’administrés ?
Il n’y a aucune réponse rationnelle et d’ailleurs, nul ne songerait même à lui poser la question.
Le dogme enseigne qu’il faut croître et la croissance devient le but.
Cette croissance infinie, indéterminée, inintelligible n’a pas plus de raison d'être que le geste du demeuré qui tue une cigogne, une chouette ou un milan et qui incendie une forêt.
Les esprits formatés anesthésient les consciences sur le thème d’une limitation prochaine de la croissance démographique mondiale.
Or, la bombe démographique n’explosera pas demain.
C’est aujourd’hui que l’espèce ne laisse plus d’espaces aux autres espèces et l’immense défi ne réside pas dans l’augmentation du taux de carbone dans l’atmosphère mais dans la sixième grande extinction du vivant .
L’altération du climat, prétexte pour les libéraux à de spéculations nouvelles, est un facteur de cet appauvrissement biologique.
Mais elle n’est pas la seule cause de la mort de la biosphère.
Le comportement déprédateur de l’homo economicus représente une menace létale sur la vie.
Le cerveau reptilien prend trop souvent le gouvernail et la maîtrise acquise par l’homme se retourne contre la viabilité de la planète.
L’impasse prévisible de l’aventure humaine tient à ce caractère thanatophile de l’espèce qui ne sait pas mettre ses capacités cognitives supérieures au service de la vie.
La biosphère est malade de l’homme. Dommage !
Comme me le disait Théodore MONOD, dans quelques millions d’années, l’ère des poulpes sera sans doute plus prometteuse.
Car que veut la vie apparue il y a trois milliards d’années sur la planète ?
La vie veut la vie, mais l’animal humain ne l’a compris que par le prisme onirique des religions inventées pour satisfaire en pur fantasme cet impératif.
Parce qu’il n’est ni totalement bon, ni totalement puissant, mais vulnérable et éphémère, l’homme a créé des dieux à son image inversée.
Il rêve de paradis d’arrières-mondes, tout en faisant du vrai et seul monde un enfer peuplé de chasses, de corridas, de guerres, d’exploitations, de violences domestiques et sociales.
Pas de quoi être fier.


Gérard CHAROLLOIS

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