Au sénat et à l’assemblée nationale, des élus serviles délirent sur le thème : « nos amis les chasseurs et nos éleveurs industriels souffrent des agressions éco-terroristes de redoutables animalistes qui, armés de cameras et s’érigeant en lanceurs d’alertes, osent dénoncer les saines et viriles bien que sanguinaires traditions ».
Que faut-il faire pour protéger le « beauf » ?
Frapper ces contestataires d’ostracisme, les diaboliser, les injurier, les marginaliser, les caricaturer mais surtout les effacer, les éliminer, les museler, les nier.
Pour ces esprits arriérés, réfuter la cruauté de la chasse, sa nocivité première envers la biodiversité et son apologie intrinsèque de la violence brutale s’avère inacceptable, à l’instar de toute critique de l’élevage concentrationnaire contraire à l’éthologie et source d’émergence d’épizooties.
Pour eux, pas de débat, de confrontation d’idées, de dialogue mais de la censure et de l’intrigue politicienne.
Pour effacer les pensées nouvelles, les approches différentes de l’animal, il suffit de priver de dégrèvement fiscal les dons aux associations anti-chasses et de sanctionner le délit d’opinion d’objection à la réification des animaux, l’entrave à la chasse.
Qu’est-ce qu’une association anti-chasse pour un sénateur réactionnaire ?
La Convention Vie et Nature s’honore de condamner le loisir de mort et toute cruauté infligée à un être vivant sensible.
Je revendique le titre d’opposant à la chasse, mais nos associations « anti-chasses » ne bénéficient d’aucun avantage fiscal, ce qu’ignorent sans doute les censeurs.
Les convictions, la force du verbe, l’ardeur d’une éthique supérieure valent mieux que l’argent, obsession de ces petits personnages subalternes.
Les gesticulations des sénateurs et députés fossilisés nous indiffèreraient totalement si elles ne révélaient pas ce qu’ils sont.
Pour eux, l’opposition à la chasse ne s’arrête pas à la Convention Vie et Nature. Toute association qui ne récite pas les mensonges grossiers de la propagande cynégétique devient anti-chasse et ne doutons pas qu’ils gratifieront FNE et la LPO de ce qualificatif honorable !
Toute association de protection de la Nature se trouve pénalisée dans les régions dominées par les réactionnaires, telles l’Auvergne/Rhône-Alpes ou les Hauts-de-France. Elles sont privées de subventions alors que des millions d’euros publics sont détournés au profit de la chasse.
Ce qui préserve la société de ce fascisme agro-cynégétique tient à l’instauration d’un état de droit garantissant les libertés et droits fondamentaux.
Les surenchères liberticides des agents du lobby chasse se heurteront aux principes fondamentaux dont sont garantes nos juridictions.
Dès lors, je suis davantage amusé qu’inquiet de mesurer le degré d’avilissement et de soumission de ces élus réactionnaires, relais en politique de la chasse et de l’élevage concentrationnaire.
Ils sont plus ridicules que dangereux.
Pour l’heure, le monarque électif manifeste son parti-pris en faveur de la poignée rétrograde des tueurs et exploiteurs du vivant.
Mais dans ses profondeurs, la société évolue et toutes les enquêtes d’opinion révèlent la marginalisation de l’approche négationniste des droits de l’animal.
Pour les tenants d’une approche « traditionnelle » de l’animal, toute remise en cause des préjugés ancestraux devient une faute, une agression, une interpellation intolérable.
L’unité profonde du vivant révélée par la science appelle une remise en cause radicale des conceptions de l’animal-machine, conception tellement confortable pour les adeptes des traditions sanguinaires et des intérêts mercantiles de l’exploitation des animaux d’élevage.
Criminaliser cette remise en cause est la seule parade que conçoivent ces personnages rétrogrades.
Pour eux, l’animal doit demeurer une victime expiatoire, un défouloir de leurs pulsions et un objet de profit, une marchandise dénuée d’affect et de sensibilité.
Les menées féodales des agents des chasseurs et consorts ne font qu’éclairer ce qu’ils sont.
En vous opposant à la chasse, en dévoilant les cruautés de l’élevage industriel, en remettant en cause les traditions, vous vous élèverez au haut degré des gens de mieux qui surent condamner les bûchers, les ordalies, l’esclavage, gens de mieux qui furent, en leur temps, combattus par les formatés.
La question de notre relation au vivant sera le défi des décennies à venir.
C’est un nouveau regard sur la biosphère, mais aussi sur la vie, y compris nos propres vies confrontées à leurs finitudes programmées ou déprogrammables.
Contrairement aux appréhensions puériles, la maîtrise n’est par elle-même ni un risque, ni une chance, puisque tout dépend de l’usage qu’il en est fait.
Le biocentrisme ne récuse pas la maîtrise mais la veut au service de la vie.
Gérard CHAROLLOIS