Ethique et politique : la preuve par la corrida

Commentant la vie publique dans une optique biocentriste, je traite de la politique en ce qu’elle impacte les deux valeurs suprêmes : la vie et la liberté.
Je ne dissimule pas le parti auquel j’appartiens : le parti du vivant, celui de l’arbre, l’animal et l’homme, indissociablement liés.
En cela, je ne suis pas apolitique, ce qui aurait pour synonyme, « planqué », « aux abris », lâchement retiré des grandes querelles du temps.
Je suis supra-politique en ce que je me détermine et vote pour une justice sociale, une solidarité, une avancée de la civilisation incluant l’unité du vivant, l’universalisme du droit à ne pas être maltraité.
Cette approche holistique définit ce nouvel humanisme qui inclut le rapport à la nature et la prise en compte de la condition animale.
La fracture éthique est ici radicale entre les négationnistes de l’unité du vivant et les gens de mieux de notre temps, soucieux de la biosphère et respectueux de toute sensibilité.
Jouissons toujours de la faculté d’approuver ou de condamner les faits, les initiatives, les propositions altruistes que souffle le vent.
Indéniablement, certains partis et mouvements politiques prennent en compte la nature, l’animal, l’être humain, homo sapiens et non homo economicus.
Ces partis et mouvements de mieux dénoncent la torture tauromachique, la chasse, l’empoisonnement des eaux, des sols et des aliments par l’agriculture productiviste et ils refusent l’exploitation frénétique que d’autres partis traditionalistes servent docilement en reconnaissance de leurs commettants et financeurs.

Le poète romantique LAMARTINE l’a énoncé justement :
« L’homme n’a pas deux cœurs. Un pour l’animal et un pour l’homme. Il en a un ou n’en a pas ».
Accepter qu’au nom des traditions, un taureau soit torturé durant 20 minutes, qu’un cerf soit poursuivi durant 5 heures avant d’être dévoré par les chiens, que les oiseaux migrateurs soient plombés sans autre nécessité que de jouir de leur mort, que les forêts deviennent des usines à bois, que la Terre se couvre de béton et d’asphalte, que les montagnes deviennent des annexes des tiroirs-caisses de l’industrie touristique, que les champs empoisonnés soient des déserts de vie, que partout la désolation et la mort suivent l’homo economicus participe d’une même marche infernale, d’une cohérence sinistre.
Il y a ceux qui sont « pour » et ceux qui sont « contre ».
Mais cette cohérence n’est pas toujours au rendez-vous et la politique dégradée brouille les concepts.
Sur la scène publique, chacun devrait pouvoir clairement identifier les gens de mieux et les tenants de la violence sociale, de l’injustice et du mépris de l’empathie.
Il vous est aisé de discriminer ceux qui veulent défendre la vie et ceux qui flattent les tastes-mort.
L’Histoire balbutie et offre le pitoyable spectacle de politiciens égarés qui troublent l’intelligibilité de la chose publique.
Le débat suscité par la proposition de loi du député LFI Aymeric CARON démasque ces imposteurs.
Le progressisme, le nouvel humanisme excluent la torture et l’exaltation de la violence et de la mort sous des paravents pseudo-culturels.
Les élus pro-corrida sont ceux qui s’opposaient à l’union du camp du mieux.
Ils ne sont ni « socialistes », ni même humanistes car, en simple cohérence, un esprit de progrès ne peut pas approuver un spectacle sanguinaire et la banalisation de l’acte de mort érigé en jeu.
Ces personnages, pour l’heure marginaux dans leur parti, galvaudent les mots en brouillant les options éthiques fondamentales, le socle des valeurs.
Loin de moi d’attribuer des brevets de socialisme, d’écologisme, d’humanisme ou autre « isme », puisque chacun dispose de l’absolue liberté de se revendiquer ce qu’il imagine être.
Je souligne une radicale contradiction.
Le rapport au vivant est l’immense défi de notre époque.
Celui qui nie l’unité du vivant peut le faire, mais s’inscrit dans une démarche réactionnaire, passéiste et nullement de progrès des moeurs et des manières.
Non pas que le lien à la Nature et à l’animal résume une politique mais il la révèle.
Avec une indigence intellectuelle affligeante, ces petits esprits vous diront : « respectons la liberté de ceux qui ne veulent pas aller aux corridas et la liberté de ceux qui s’en délectent ».
C’est ignorer le point de vue de la victime.
La liberté du tortionnaire de taureaux renvoie à celle du violeur, de l’escroc, du trafiquant de drogue, de l’assassin, du pédophile.
Vous n’aimez pas cela mais laisser aux autres la liberté de savourer ces choses qui vous révulsent.
Difficile de trouver plus dérisoire que cette invocation de la liberté pour justifier la torture !
Bien sûr, me dirait le réactionnaire : « un taureau n’est pas un être humain ».
Mais n’est-il pas un être sensible ?
S’il n’était pas un être sensible, la foule jouirait-elle de son supplice et de sa mise à mort ?
La chasse, mort-loisir, la corrida, mort-spectacle, nient le processus d’hominisation et abaissent l’humain au-dessous de la condition animale.
Entre les « faux socialistes », soutiens des activités récréationnelles d’essence fasciste, et les vrais conservateurs, contemplez l’état du monde dans lequel nous sommes plongés.
Nous vivons le temps des bonimenteurs et de la stagnation, du malaise d’une civilisation en panne.
le changement salutaire, le défi éthique et l’immense querelle de notre temps résident dans notre relation à la Nature, au Vivant.
Qu’il est donc difficile de devenir tout simplement humain !

Gérard CHAROLLOIS

--
--
---/---
.../...

 

 

 

--
---

---/---

---/---

 

--
--

---/---

---/---