Avec Greta THUMBERG, la jeunesse milite pour le climat, la cause animale et la reconquête de la biodiversité.
Demain, les chasseurs, promoteurs, déménageurs de la Nature auront disparu et des humains responsables accéderont à une maîtrise bienveillante et respectueuse du vivant.
L’horizon est plein de promesses sous la lumière de la raison, de la sagesse, de l’empathie et de la solidarité.
En un mot, l’avenir promis à l’achèvement du processus d’hominisation sera biocentriste et fera reculer la souffrance et la mort.
Il suffirait de laisser couler le temps qui effacera les tueurs, les empoisonneurs, les spéculateurs et assurera l’émergence d’humains nouveaux.
La condition humaine, le respect de toute forme de vie sensible, la quête d’une harmonie avec la Nature forment un tout indissociable.
Comme nous aimerions penser cet avenir radieux !
Hélas, il y a toujours le combat du jour contre la nuit, du bon contre le mauvais, de la pulsion de vie contre la pulsion de mort et rien n’est jamais joué.
Il y a près de trois siècles, des hommes de mieux ont proclamé solennellement les droits de l’homme, posés les principes fondamentaux de la démocratie.
Or, la contemplation de la géopolitique actuelle afflige la raison.
De nos jours, des dictatures nauséabondes, des fanatismes religieux, des pouvoirs corrompus emprisonnent, assassinent, guerroient en piétinant les principes humanistes que l’on voulaient acquis pour mieux les dépasser.
Confrontés aux périls du temps, même les peuples bénéficiant de régimes plus démocratiques sont affectés de convulsions régressives dont les « trumpismes », dérives fascisantes, sont les manifestations avec un triptyque inquiétant : bigoterie, chasse et complotisme paranoïaque.
Tout événement marquant, donc traumatisant, suscitent la floraison de sornettes et billevesées d’autant mieux accueillies par certains qu’elles sont absurdes.
Ces délires complotistes pourraient n’intéresser que les chercheurs en santé mentale et en sciences neurologiques.
Nous pourrions les considérer comme d’aimables, innocentes et parfois hilarantes billevesées.
Le complotisme, sciemment entretenu dans les milieux réactionnaires par des propagandistes nocifs, assure aux USA, au Brésil et même en Europe, le triomphe des thanatophiles et de certaines féodalités financières dont sont les réceptacles le Bolsonarisme brésilien et le parti républicain aux USA.
En France même, des gouvernants et élus conservateurs émargent aux techniques d’enfumages.
Ainsi, si nous saluons les députés de progrès, Aymeric CARON et Charles FOURNIER pour leurs propositions de lois d’abolition de la torture tauromachique et de la chasse à courre, souhaits que partagent 80% des contemporains, nous savons que les lobbies mafieux de la réaction entraveront ces avancées.
Le gouvernement et les élus conservateurs, sans oser s’opposer ouvertement aux aspirations de la sensibilité publique, manoeuvreront sournoisement pour que les textes ne soient pas débattus.
La malhonnêteté, la duplicité, la fourberie, les intrigues sont la marque de ces partis au service des féodalités financières, industrielles, corporatistes, partis qui ne pèseraient pas lourds sans la manipulation mentale des masses.
Les pouvoirs les plus arbitraires, les plus ploutocratiques, les plus criminels et les plus pervers ont toujours trouvé dans les croyances, la superstition, l’abrutissement, la désignation de faux problèmes, un levier de la servitude et de l’exploitation.
Ces pouvoirs funestes répudient la science, l’intelligence, la raison, à l’instar des valeurs qui élèvent telle la solidarité, l’entraide, la compassion, le souci du soin.
Ces pouvoirs valorisent à l’inverse un virilisme de pacotille, un idéal du SS botté et survivaliste, héroïque pour ne pas porter de masque en période de pandémie.
Un attentat retentissant, une pandémie, une guerre et tout autre agression soudaine ont ce pouvoir d’inspirer aux foules des délires irrationnels.
Relisez les comportements des populations confrontées aux grands fléaux du Moyen-Âge.
Les interprétations de la peste par les hommes de ce temps trouvent des échos dans les thèses les plus délirantes suscitées par la Covid ou autre catastrophe contemporaine.
Dans la décennie 1980, dans le rural profond se répandit une rumeur selon laquelle les écologistes ou, à défaut, les laboratoires lâchaient des vipères par hélicoptères.
Des gens avaient vu les caisses larguées du ciel !
Pauvres bêtes jetées sans parachute, alors qu’il eut été si facile de les lâcher d’un véhicule.
L’esprit crédule ne comprend pas qu’une vipère tombée du ciel est une vipère morte.
Où sont les élevages de vipères ?
Quels sont les buts de ces lâchers aériens ?
Rumeur stupide, mais admise comme vérité absolue.
Ce qui me frappe dans tout délire complotiste est sa radicale absurdité.
Je vous laisse découvrir et méditer sur d’autres rumeurs farfelues qui polluent l’intelligence des hommes et les empêchent de faire « la révolution » !
Car en désignant de faux périls, en suscitant des délires irrationnels, on ne perçoit plus les vrais.
La réalité disparaît derrière la fumée du délire.
Toute pensée utile et toute action concrète doivent partir des faits et de la réalité et non d’onirisme et de négation du réel.
Ce n’est pas un hasard si les mouvements réactionnaires, dans tous les pays, sont ceux où le complotisme paranoïaque prospère davantage.
En invitant « le cow-boy, avec son gros fusil, à combattre la secte pédo-satanique communiste qui invente l’altération du climat, qui lâche des virus, qui empoisonne le genre humain, qui féminise une société veule », les réactionnaires détournent l’attention et l’intelligence. Ils empêchent d’appréhender les vrais enjeux, les défis, les périls et les vraies exploitations.
Pour mieux asservir, pour se gaver en paix, pour détruire la Nature et exploiter, des officines anesthésient par des chimères grotesques, véritables camisoles politiques des peuples.
Un délirant n’est pas dangereux pour l’ordre établi.
Le complotisme paranoïaque est, en notre temps, le nouvel opium du peuple.
Il se substitue aux religions révélées, structurées et hiérarchisées des siècles passés en usant des mêmes ressorts, à savoir, des histoires à dormir debout, des éclipses de l’intelligence, des assertions radicalement contraires à ce qui est.
Le biocentrisme, pensée rationnelle, place la vie au centre des valeurs.
Il s’adresse à la raison, à l’intelligence pour promouvoir une société éclairée, pacifiée, respectueuse des droits et des libertés dans un cadre solidaire et de rejet de toute violence.
Il part des faits et non d’un arrière-monde.
Inversement, le délire abandonne ce monde à ses maux pour édifier un arrière-monde peuplé de chimères farfelues.
Les pires crimes sont permis quand le réel n’a plus lieu, que les faits sont niés, que la raison cède devant le fantasme.
Fantasmes : accusations portant sur les empoisonnements de masses, les propagations de la peste, de la Covid, de la grippe ou de la tuberculose ! !
Mais vérités : collusions incestueuses entre des dirigeants politiques et le monde des affaires, de l’argent, des lobbies !
Individuellement ou collectivement, la paranoïa est une source d’impuissance et d’échec.
Pour changer l’ordre des choses, améliorer la condition du vivant, partons des faits pour combattre les ennemis de la Terre sans sombrer dans un délire qui détourne de l’action efficace et des modes rationnels ouvrant la porte temps de la réconciliation.
Gérard CHAROLLOIS