Sous la botte

En 2017, à la veille de l’élection présidentielle, j’informais mes amis lecteurs des régressions qu’imposerait le candidat du libéralisme économique, de la finance, de l’oligarchie donc de la chasse, du productivisme, des lobbies.
Aujourd’hui, je dénonce un décret du 23 décembre 2019, publié au JO du 26 décembre, transférant des compétences nouvelles aux fédérations départementales des chasseurs délégataires d’attributions  de puissance publique antérieurement dévolues aux préfets.
Cette privatisation de prérogatives publiques s’inscrit dans la démarche obsessionnelle de la secte libérale.
Dans tous les domaines, leur impératif est de réduire la dépense publique et à cette fin de substituer, en matière judiciaire, la médiation et l’arbitrage privé et onéreux à la justice, de « rationaliser » l’administration, de comprimer la charge salariale, d’économiser sur la santé, l’éducation, la sécurité sommées de devenir rentables.
Belle occasion d’offrir au lobby chasse un cadeau en lui conférant un pouvoir supplémentaire sur une population qui rejette les chasseurs.
Que les tueurs agréés, survivances anachroniques déplorables, s’organisent comme ils l’entendent ne nous concerne pas.
Quand ils sont entre eux, ils peuvent se gérer, se structurer, s’administrer à leur guise et inexorablement, année après année, disparaître.
Mais le gouvernement commet une infâme scélératesse.
L’article L422 – 10 du code l’environnement énonce, suite à une condamnation de la France par l’arrêt du 29 avril 1999 de la cour européenne des droits de l’homme, que "tout propriétaire foncier
 peut interdire le loisir de mort chez lui en se soumettant à une inutile et vexatoire procédure. Il doit, avant un multiple de cinq anniversaires de création de l’association communale de chasse agréée, formuler, six mois avant, une demande de retrait de son fonds du domaine chassable, demande à adresser naguère au préfet".
Désormais, en vertu de l’article R422 – 52 du code de l’environnement, l’adversaire de la chasse devrait présenter sa requête au président de la fédération départementale des chasseurs.
Quelle ignominie de la part du rédacteur de ce texte scandaleusement contraire à l’éthique démocratique !
En vertu du nouveau décret, entré en vigueur le premier janvier, une demande de non-chasse est soumise au président de la fédération départementale des chasseurs, personne morale de droit privé, organisme militant pro-chasse.
Cette fédération n’est pas une institution publique impartiale, au service du bien public.
En avril 1989, le président de la fédération de DORDOGNE créait même un parti politique (chasse, pêche, nature et traditions) pour combattre les idées animalistes, écologistes, naturalistes et pour défendre tous les modes de chasse.
En 1998, des dizaines de présidents de fédérations s’engageaient aux élections régionales et européennes en politique sous l’étiquette du CPNT, mouvement à ce jour en déclin parce que récupéré par la droite avec laquelle il gère certaines régions.
Les fédérations départementales des chasseurs mènent des combats idéologiques, ce qui paraîtrait légitime dans ce qui serait une démocratie pluraliste.
Mais la France vit sous la botte des lobbies.
Les fédérations départementales des chasseurs militent pour l’extension des dates d’ouverture de la chasse, pour les modes de chasse braconniers dits traditionnels, contre les valeurs du respect du vivant prôné par les animalistes diabolisés par les propagandistes de la chasse.
Les politiciens servent ce lobby de manière indécente et au mépris de la volonté démocratique des citoyens.
En mettant les opposants à la chasse sous la coupe des fédérations départementales des chasseurs, le gouvernement viole les principes fondamentaux des lois de la république.
Des structures partisanes exercent un pouvoir exorbitant sur leurs opposants.
Voilà qui méconnaît la lettre et l’esprit de l’arrêt de la cour européenne des droits de l’homme et qui insulte les bases morales d’un état de droit.
Démocrates, insurgez-vous !
Dites non à la dictature de la chasse, en un temps où ce loisir cruel, nocif, dégradant se marginalise dans nos sociétés.
Comment les gouvernants du jour peuvent-ils oser, toute honte bue, parler d’écologie en édictant un tel décret.
Que le juge sauve l’honneur de la république en censurant cette scélératesse.
Le premier défi écologique ici et maintenant tient à l’abolition de la chasse, jeu de massacre de notre faune.
Le mardi 28 août 2018, Nicolas HULOT démissionna du ministère de l’écologie, parce que la vielle au soir le monarque avait reçu ses amis les chasseurs dont leur lobbyiste.
En France, la chasse est une nuisance éthique, écologique, politique.

Gérard CHAROLLOIS


--
--
---/---
.../...

 

 

 

--
---

---/---

---/---

 

--
--

---/---

---/---