Chers amis lecteurs et militants, je vous adresse, avec mes remerciements pour votre fidélité à la cause de la nature et des êtres vivants, mes vœux les meilleurs, pleins de vie, d’hédonisme, de satisfactions pour vos initiatives.
Je sais que la sottise des hommes, leur cruauté, les accidents de la vie nous affectent davantage que trop de nos contemporains insoucieux des souffrances. Cette tradition des vœux, exempte de cruauté et d’arriération, comporte l’avantage d’offrir un temps pour le bilan, la contemplation du chemin parcouru et pour l’analyse des perspectives.
Indéniablement, la question de la protection de la nature, l’interrogation sur la place de l’animal dans l’ordre du vivant se sont imposées.
Des conventions étatiques internationales dissertent sur la biodiversité.
Des philosophes remettent en cause la relégation de l’animal parmi les choses, relégation édictée par les monothéismes.
Dans la population se manifestent des courants nouveaux, encore minoritaires, mais d’avant-garde, refusant l’utilisation des animaux.
Des militants occupent des sites naturels pour faire échec à l’insatiable appétit des promoteurs.
Le monde change positivement.
Mais dans le même temps, la biodiversité s’effondre, les oligarques exploitent tous les espaces, les animaux sont enfermés dans des usines à viande contraires aux exigences physiologiques et éthologiques des vaches, des porcs, des poules et ce à une dimension inégalée dans l’Histoire.
Nonobstant la prise de conscience d’une fraction croissante de l’opinion, la condition animale s’aggrave, victime de la rentabilité, de la massification, du productivisme forcené.
Le nombre d’animaux suppliciés sur la planète n’a jamais été aussi élevé, en relation avec l’explosion de la démographie humaine et l’élévation du « niveau de vie ».
En 2017, la France renouvelle son personnel politique.
Les gouvernants de ce jour servent les intérêts des chasseurs, des éleveurs concentrationnaires, de l’agrochimie, des promoteurs d’aéroports, de centres de loisirs.
Ceux qui, selon toute vraisemblance, les remplaceront en mai et juin prochains seront encore plus nocifs, plus serviles des lobbies, davantage adeptes d’une idéologie négationniste des droits de la nature et des animaux.
Concrètement, les ministères de l’écologie et de l’agriculture deviendront les ministères des chasseurs et de la FNSEA.
Les loups seront définitivement exterminés.
Les « gentilles » associations gestionnaires de «l’environnement », sages, modérées, prudentes, interlocutrices subventionnées des pouvoirs publics, seront priées de courber encore davantage l’échine, d’avaler en souriant de grosses couleuvres, pour recevoir moins de subsides car, pour les hommes de droite, un Vert est toujours trop vert même s’il est soumis, même s’il va répétant qu’il faut collaborer avec le monde de la chasse, même s’il s’incline devant les grands projets inutiles mais présentés comme inévitables.
Quant aux « zadistes », aux associations purement animalistes, ils seront réprimés, criminalisés, dénoncés à la vindicte des gens d’ordre, comme des trublions extrémistes, des gauchistes violents et marginaux, des irresponsables malfaisants.
On ne dialogue pas avec des « trublions extrémistes ». On les frappe d’ostracisme. On les nie dans leurs convictions et on les rejette en dehors de la société politique.
Plus concrètement encore, les gendarmes mobiles expulseront, au besoin avec brutalité, les occupants du site de NOTRE-DAME-DES-LANDES.
Les « activistes » qui filment les animaux martyrs dans les abattoirs ou les élevages seront déférés aux tribunaux correctionnels et la presse aux ordres expliquera aux « bonnes gens » qu’il ne s’agissait que d’une poignée de fanatiques, de décalés, de marginaux qu’il fallait empêcher de nuire à la bonne marche des affaires, des adversaires de la loi et de l’ordre, car le droit, le préfet, les élus, le gouvernement sont du côté des chasseurs, des maquignons, des abatteurs, des toreros, des « aménageurs » du territoire.
Amis lecteurs et militants, je me dois de vous le dire : la situation est préoccupante.
Un vent mauvais souffle sur le monde. Il est porteur d’un esprit grincheux, hargneux, méchant, puant la compétition, la concurrence, l’exploitation, le refus de l’empathie, de la bienveillance, le mépris de l’assistance aux plus faibles.
Que fallait-il faire pour éviter cette régression ?
S’unir et adopter une attitude offensive dans l’ordre des valeurs et des idées !
Depuis des mois, j’alerte les consciences et je lance des appels aux mouvements divers pour qu’ils consentent à constituer, ensemble, une force pour le vivant.
Comme souvent dans l’Histoire des hommes, les petites querelles subalternes et les divisions stériles empêchent de mesurer les périls et de les prévenir.
A ce jour, l’honnêteté dont je ne me départirai jamais m’oblige à déplorer la vanité de mes efforts.
Un rassemblement de tous les écologistes, animalistes, naturalistes pouvait opposer aux ennemis de la terre une résistance résolue, forte et claire.
Cette force devait elle-même s’intégrer à un nouveau conseil national de la résistance pour combattre ceux qui veulent anéantir la nature, nier le dérèglement climatique, maintenir l’animal au rang de marchandise, flexibiliser les humains pour en faire des serviteurs du Marché, supprimer les services publics, offrir le monde en pâture à une caste de privilégiés, féodaux des temps modernes.
Or, le camp du progrès, les militants de mieux n’osent plus énoncer clairement une éthique forte.
Ils perdent les élections parce qu’ils ont capitulé idéologiquement.
De pseudo-écologistes ne condamnent pas les loisirs de mort et de pseudo-socialistes « aiment l’entreprise privée » et acceptent la loi du Marché.
La montée des partis de la régression, la force des ennemis de la terre tiennent à la faiblesse des défenseurs du vivant.
En Europe, nous avons assisté à l’effondrement moral, à la lâcheté idéologique, à l’indigence de caractère des partis de la vie, de la justice sociale, des avancées civilisatrices.
Je pense à ces amis du siècle passé qui, vigies lucides, exhortaient en vain à s’unir contre les totalitarismes criminels qui endeuillèrent l’Europe.
Eux aussi rencontrèrent le scepticisme, l’égotisme, la paresse morale de leurs contemporains.
Qu’importe, ils sauvèrent l’honneur de l’intelligence.
Nous aussi, malgré la médiocrité de la classe politique en place, faisons notre devoir en appelant au sursaut.
Puisque c’est ici le combat du jour contre la nuit, de la pulsion de vie contre celle de mort, le choix des êtres contre celui de l’argent sale et des traditions débiles, nous resterons debout contre le vent mauvais.
Que 2017 soit pour vous une année propice.
Je crains qu’elle ne le soit guère pour nos sociétés malades.
Vous pouvez prendre votre part dans la seule querelle qui vaille, celle du vivant, en soutenant la CONVENTION VIE ET NATURE et en diffusant nos idées, antidotes à l’anesthésique médiatique.
Gérard CHAROLLOIS