Une société contre nature.

Les professionnels de la politique discourent d’or, invoquant les grands principes, l’intérêt général, le service du pays, la défense de l’emploi et même, parfois, l’impérieux devoir de veiller à la sauvegarde du patrimoine naturel.
Or, ces mots sont menteurs.
L’unique obsession de ces « professionnels » est la conquête et la conservation des apparences et avantages du pouvoir.
Pour satisfaire leurs carrières, il leur faut obtenir l’argent et servir les intérêts des lobbies et des oligarques qui financent leurs campagnes électorales et assurent leurs promotions dans les médias qu’ils ont achetés pour acquérir de l’influence.
La presse relate,  à titre d’illustration de cette soumission, sans en tirer la leçon, les péripéties édifiantes des débats parlementaires sur l’interdiction, longtemps différée, des sacs plastiques de caisses des super-marchés.
Distribués par millions, ces sacs pratiques, légers, résistants pour un usage éphémère, se retrouvent, après de longs voyages, dans les océans, contribuant grandement à la formation d’une soupe plastique dont la masse sera prochainement supérieure à celle des êtres vivants marins.
Poissons, planctons, tortues et oiseaux de mer sont victimes d’ingestions de plastiques.
Le sauvetage de la faune océanique a-t-il suscité un débat de fond, au parlement Français ?
Sous l’ancienne législature, un projet de loi d’interdiction amena d’étranges joutes, aux arrière-pensées révélatrices de la qualité du personnel politique.
Les élus de la ruralité, notamment le chasseur, Charles  Amédée de COURSON, prônaient l’adoption de sacs plastiques obtenus par amidon de maÏs et de fécule de pommes de terres.
De quoi satisfaire la FNSEA !
D’autres députés, tel  le pourfendeur de l’assistanat, Laurent WAUQUIEZ, soutenaient les fabricants de plastiques traditionnels, un industriel étant présent dans son département, la HAUTE LOIRE.
Quant à la nature, qu’elle s’adapte, se flexibilise, se réforme à l’instar des salariés, des gens humbles et de tout le vivant, prié de ne pas nuire aux affaires !
Du profit d’abord, telle est l’obsession de ces élus.
Au fond, les parlementaires se déterminent en fonction de petits intérêts économiques spéculatifs et dans l’indifférence des vrais problèmes.
Bien sûr, ils vous expliqueront que leurs choix sont commandés par la préservation de l’emploi local.
Cela dit, ils soutiendront la liberté de licencier, de délocaliser, de précariser les salariés.
Ce qui les anime est le culte du profit.
Ils sont persuadés que le profit, le Marché, l’entreprise règlent tout et, qu’en bout de course, la technique remédiera aux agressions que l’humain inflige à la nature.
Que les tortues marines se débrouillent pour survivre et que les océans apprennent à digérer le plastique, les hydrocarbures, les métaux lourds, les molécules biocides de l’agriculture et que nos chères entreprises privées produisent, s’enrichissent, accaparent sans se soucier du coût social et écologique.
D’ailleurs, en totalitaires qu’ils sont, ils oseront énoncer : « il n’y a pas d’alternative ».
Pour nous, la nature doit être prise en considération lors de la mise en œuvre d’une quelconque innovation et sa préservation gouverne la prise de décisions.
La nature est par-delà le bien et le mal, mais elle vaut par elle-même, parce qu’elle est la vie dans sa diversité.
L’humain a le devoir de maîtriser, mais sa maîtrise doit être biophile et orientée vers la lutte contre la mort.
Pour les politiciens en place, la croissance quantitative, le commerce, les affaires, le grand déménagement de la nature constituent des objectifs et, au pire, des dégâts collatéraux à leur notion nocive de « progrès ».
Or, le progrès est autre chose.
Au lieu de mesurer le produit intérieur brut, considérons d’autres paramètres, dans la société nouvelle que nous préconisons : taux de mortalité, notamment de suicide, variations des prescriptions de tranquillisants, pourcentage de chômage, écart des revenus, quantité d’hectares bétonnés, indice de satisfaction des populations, bref,  préférons le vivant à l’argent !
Mais, pour accéder à cette nouvelle société, à cette alternative qu’ils récusent, la première décision à adopter consiste à changer le personnel politique.
Aux clergés du mercantilisme, substituons des humains qui serviront la vie avant le profit.
Tâche d’autant plus difficile qu’une propagande insidieuse maintient les peuples sous dépendance et contrôle.
Le citoyen, dépossédé d’esprit critique, est sommé de faire alterner au pouvoir, des centristes dits de gauche, qui ne révolutionnent rien et des conservateurs, agents des forces d’argent.
Ce n’est point par sado-masochisme que des gens modestes élisent, contre leurs propres intérêts, des adorateurs du Marché, mais, parce qu’ils sont victimes d’un vice redoutable : la soumission.
Malheur, à ceux qui refusent la connivence entre les lobbies et les élus !
Les médias les condamneront au silence et, à défaut, au dénigrement.
L’essentiel, pour les maîtres du système, est que les « affaires » prospèrent, pour quelques-uns, pendant que nature meurt et que le malaise croît, dans une démocratie dévoyée.

Gérard  CHAROLLOIS

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