Les peuples souffrent, se crispent et se recroquevillent dans l’aigreur rance, la détestation d’autrui.
Ces mauvais sentiments annoncent le retour de la droite affairiste, malfaisante, celle de chasse, béton et traditions, celle qui insulte les humbles en les traitant « d’assistés », qui sacrifie les services publics et la nature au profit des oligarques de la finance, celle qui ne frappera pas que le voisin, celle qui aime les promoteurs spéculateurs et célèbre avec dévotion le culte du Marché, celle qui, pour ne pas être larguée par la droite nationaliste, la dépasse dans la surenchère aigre, l’attaque personnelle, la haine des partageux.
En 2017, tout annonce le triomphe des ultras-libéraux, prêtres du système économique générant les frustrations, les régressions, les nuisances affectant la société contemporaine.
En fait de changement, ce serait une accélération de la course à l’abîme, une aggravation des tares qui engendrent pollutions, artificialisations de l’espace naturel et paupérisation des populations et ce afin de permettre à une poignée d’exploiteurs d’accentuer leurs rapines.
Grâce à son système social et son fort secteur public, la France, contrairement à ce que bêlent les « libéraux » surmonte moins douloureusement la « crise » que les autres pays, Allemagne comprise, qui ont troqué le chômage contre plus indigne : le servage, c’est-à-dire les faux emplois précaires, à temps réduit, sous-payés.
En mai 2017, finies les nuits debout. Voici le matin gris où le pays retombe entre les mains cruelles et déprédatrices des hommes qui dirigent déjà nombre de régions offertes aux exactions des aménageurs.
Pour mesurer leur malfaisance, il suffit d’observer ce qui se passe en RHÔNE ALPES : suppression des subventions aux associations de protection de la nature, mais subventions aux entreprises déprédatrices de la nature.
A ce jour, sans un sursaut, sans une prise de conscience massive de ce qui se prépare, le pays connaîtra un grand bond en arrière.
Ce pronostic sombre se fonde sur l’observation des résultats des élections partielles et des sondages d’opinion.
Alors, va-t-on subir, cinq ans fermes de totalitarisme du parti de l’argent et du mépris du vivant ?
Trop prévisible, ce succès des ennemis de la terre, amis du CPNT, peut encore être évité.
Comment ?
A deux conditions :
- D’une part, rassembler ceux qui, sachant le danger, veulent s’unir pour opposer une résistance déterminée aux forces de saccages, tant de l’écologie que des droits sociaux ;
- D’autre part, ce rassemblement créé, susciter une dynamique nouvelle, en dehors de la vieille classe politique discréditée.
Les enquêtes d’opinion révèlent que 70% des Français souhaiteraient un président extérieur à la classe politique.
Nombre de personnes perçoivent cette aspiration à échapper à une fausse alternance qui consiste à remplacer ceux qui sont là, depuis dix ans, par ceux qui étaient aux « affaires », avant eux, il y a vingt ans.
Ils servent tous les mêmes intérêts, les mêmes lobbies, avec les mêmes idées ringardes et éculées.
Ce sursaut pourra se produire le jour où les citoyens comprendront que la démocratie n’est que de façade, que le système est strictement verrouillé, qu’une petite caste confisque le pouvoir, anesthésie l’opinion, l’amuse avec des leurres, des postures, des fausses ruptures.
Je sais que ce jour viendra, car on ne peut pas duper tant de gens perpétuellement. Ce sursaut sera écologiste, puisque la nouvelle frontière éthique et politique réside dans notre rapport au vivant.
Pour l’heure, pendant qu’une certaine France frileuse, aigrie, égoïste s’apprête à se donner aux agents des oligarques, les forces de renouveau tâtonnent, foisonnent de projets, d’initiatives sympathiques mais trop brouillonnes pour inquiéter les ennemis de la terre.
Pendant que nos amis discourent, s’autonomisent, montent des micro-partis, et rejettent toutes les structures militantes, les tenants de l’ordre injuste, les détenteurs du pouvoir de l’argent, des médias, des lobbies, se préparent à perpétuer leur nuisance.
Ces maîtres du système, installés à vie dans les arcanes du pouvoir, vont jusqu’à instrumentaliser le « trublion », le « gauchiste », le « radical » pour effrayer le timoré et contrôler le troupeau par la peur du désordre.
Ce n’est point dans l’atomisation, la révolte individuelle, l’émiettement des forces que nous pourrons faire gagner le vivant, mais, inversement, dans l’unité, la volonté collective de faire émerger une société tournée vers l’être, la nature, le souci du mieux vivre.
Autrefois, lorsque les socialistes étaient socialistes, avant 1983, leur slogan était « changer la vie ».
Aujourd’hui, notre slogan est : « sauver la vie ».
Le mercantilisme et le traditionalisme tuent.
Chassons-les !
Gérard CHAROLLOIS