Liberté et libéralisme que de crimes en vos noms !

Une société démocratique, un état de droit se fondent d’abord sur le respect de la liberté pour chaque individu de vivre selon sa conscience, d’agir selon ses mœurs, d’exprimer sa pensée, de manifester ses convictions et ce sans autre limite que celles tenant au respect de la liberté d’autrui et à la prévalence de la vie.

Ces évidences ne devraient plus être énoncées.

Leur rappel s’impose en ces temps d’incertitudes où nombre de discoureurs s’égarent.

Il faut se réjouir des conquêtes politiques de nos devanciers qui arrachèrent aux pouvoirs la garantie de cette chère liberté sans laquelle n’existent ni épanouissement, ni dignité.

Oui, réjouissons-nous, du chemin parcouru, ici, en Occident, où émergea la noble idée des Droits de l’homme. Et déplorons que trop de peuples croupissent encore sous le joug de dictateurs et dans les brumes ténébreuses des religions, dont certains voudraient interdire la critique en confondant la réfutation d’une doctrine, parfaitement légitime et un quelconque racisme, toujours blâmable.

Songeons que ces conquêtes sont fragiles et que l’œuvre n’est nullement parachevée.

L’Europe est démocratique, possède des constitutions, des tribunaux souverains, une presse partiellement pluraliste.

Bien que trop d’Européens l’oublient, elle est la région du monde privilégiée avec ses écoles, ses hôpitaux, ses conventions et chartes garantissant les droits de la personne.

Hélas, ici et maintenant, demeurent des féodalités, des lobbies, des préjugés qui font que tous les citoyens ne sont pas traités de la même manière.

 

Ainsi, à titre de simple illustration de cette imperfection de l’état de droit, en France, mentionnons que  la liberté de manifester n’est pas la même pour les militants écologistes, les opposants à la torture tauromachique, les « gauchistes », les militants nationalistes, volontiers déférés devant les tribunaux pour défaut de déclaration préalable de leurs démonstrations publiques, parfois lourdement condamnés par les chambres correctionnelles,  et les agriculteurs, libres d’organiser des rassemblements nullement déclarés, jamais inquiétés en pareille occurrence.

La liberté d’expression, autre exemple, impliquant celle de diffusion de la pensée est à géométrie très variable du fait que certains partis dits « de gouvernement » monopolisent les médias, cependant que les contestataires ne trouvent que sur internet l’occasion de dénoncer la paresse intellectuelle des penseurs patentés, ce qui vaut d’ailleurs aux « réseaux sociaux » la hargne de ces officiels de la parole publique, dérangés dans leurs monologues.

Certes, des propos farfelus, délirants, complotistes, irrationnels trouvent sur la « toile » un terreau  fertile et un public bon enfant, crédule à souhaits.

Mais, mieux vaut l’inconvénient de devoir trier, réfléchir, confronter les opinions que subir la censure insidieuse des médias sous contrôle.

Nombre de citoyens et même de commentateurs déplorent l’absence de renouvellement de la classe politique Française.

Les officines de propagande ressortent les mêmes personnages, sur la scène publique depuis trente ou quarante ans, feignant d’en faire des hommes nouveaux, alors qu’ils étaient déjà là au temps de Reagan et de l’Union Soviétique.

La presse construit des personnalités politiques qu’elle met à la mode, en relatant, en les valorisant, leurs moindres faits et gestes.

Il en est ainsi, ces jours-ci, de l’actuel ministre de l’économie, « de gauche », mais adorateur des entreprises privées, candidat idéal pour le microcosme médiatique.

 

En revanche, ceux qui apportent des idées novatrices, vivifiantes, dérangeantes subissent l’ostracisme des faiseurs d’opinion.

Liberté chérie, tu as  encore bien besoin de défenseurs vigilants ! Ce d’autant que les pervers qui maltraitent la nature, pillent les ressources, saccages les sites, polluent les sols, l’air et les eaux, flexibilisent les humains, rabaissent les animaux au rang de choses, volent aussi les mots pour mieux subjuguer les peuples.

Ils invoquent le « libéralisme ». Or, de quelle liberté s’agit-il ?

Rien à voir avec la liberté de pensée, de mode de vie, de manifestation des convictions.

Leur liberté n’est que celle d’entreprendre, c’est-à-dire d’exploiter, de détruire la biosphère pour assouvir leur appétit de profits.

Pour eux l’Europe, les USA, le Japon pratiquent le libéralisme.

Pas suffisamment, bien sûr, puisque les réfractaires aux réformes maintiennent d’horribles droits sociaux et des normes environnementales, de funestes principes de précaution, autant d’entraves à la liberté d’entreprendre.

Dans leur acception, le Chili de Pinochet, la Grèce des colonels des années 1970 et même les régimes fascistes du siècle passé étaient « libéraux », dès lors qu’ils préservaient, souvent plus et mieux que les démocraties, la liberté d’entreprendre, de s’enrichir, de constituer des trusts puissants.

La liberté d’entreprendre, en considération de ses incidences sur la nature, la santé publique, les droits des tiers, l’intérêt général doit être encadrée pour empêcher les prévaricateurs insatiables de nuire.

A défaut, les exploiteurs réduiraient leurs semblables en servage, empoisonneraient le cadre de vie, dévasteraient les espaces naturels, asserviraient tout à leur boulimie de gains.

Ne confondons pas le libéralisme politique, une vertu, avec le libéralisme économique, déchaînement des passions cupides.

 

Gérard CHAROLLOIS

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