"SOURCE LPO"
Destructions d’espèces protégées à répétition, ça suffit !
La LPO Franche-Comté demande aux Fédérations des chasseurs d’éclaircir leurs positions et de mettre en cohérence le discours et les actes
La fin d’année 2013 a été entachée de faits graves et répétés de destruction d’espèces protégées par des chasseurs en Franche-Comté. Le cas le plus grave
est sans aucun doute l’incroyable affaire de Noroy-le-Bourg en Haute-Saône. Mais plusieurs autres infractions à la loi ont fait l’objet de plaintes de
la LPO Franche-Comté concernant des destructions de limicoles protégés dans le Doubs et des destructions de rapaces dans le Jura.
Rappel des faits de l’affaire Noroy-le-Bourg
Quatre cadres de la fédération de chasse de Haute-Saône ont été mis en examen pour destruction d’espèces protégées en bande organisée. Le président, le
directeur, le directeur technique et le secrétaire de la fédération de chasse ont été placés sous contrôle judiciaire par le juge d’instruction à la fin
de l’année 2013.
Des actes de destruction d’espèces protégées leur sont reprochés. Mais pas seulement ! Ils ont été commis sur la réserve cynégétique appartenant à la Fondation
nationale pour la protection des habitats de la faune sauvage, elle-même gérée par la fédération départementale des chasseurs de Haute-Saône !
Pour l’heure l’enquête de l’ONCFS a révélé qu’entre 2010 et 2013, plus de 250 animaux, (rapaces, mammifères), ont été capturés et détruits sur le site dont
80 % relève du statut d’espèce protégée !
Des stagiaires de la fédération haute-saônoise ont affirmé aux services de l’ONCFS qu’ils avaient été obligés "d’exterminer toutes les espèces nuisibles"
au gibier de chasse (faisans et lapins de garenne) que la réserve est censée favoriser. Des primes auraient également été versées à ceux apportant la preuve
de la destruction de telles espèces capturées sur ce site.
Rappelons que la Fédération départementale des chasseurs de la Haute-Saône (comme d’ailleurs toutes les autres fédérations départementales de chasse) est
agréée au titre de la protection de la nature ! Bien entendu, si ce massacre organisé est confirmé, la LPO Franche-Comté demande à ce que l’agrément lui
soit retiré !
Plusieurs départements sont concernés
Les chasseurs du Doubs ne sont pas en reste ! Des plaintes sont également en cours suite à des tirs sur deux espèces de limicoles protégés (chevalier sylvain
et bécasseau variable) à Frasne, dans la vallée du Drugeon. Outre les infractions relatives à la destruction d’espèces protégées, les chasseurs concernés
ont également été verbalisés par les agents de l’ONCFS pour non respect du PMA "Gibier d’eau" (Prélèvement Maximal Autorisé).
Enfin, dans le Jura, sur la commune de Châtenois, une affaire de destruction de plusieurs buses variables (rapace strictement protégé) par un chasseur a
été révélée par la presse en fin d’année. La LPO Franche-Comté a également déposé plainte et s’est portée partie civile sur cette affaire.
Suite à toutes ces infractions, la LPO souhaite mettre en lumière le contexte délétère qui entoure nombre de ces affaires à répétition. Depuis plusieurs
mois et années, la Fédération nationale des chasseurs et certaines Fédérations départementales n’ont de cesse de se positionner sur la remise en cause
du statut d’espèce protégée et sur la supposée nécessité de réguler les prédateurs (petits, grands, à poil et à plume) pour maintenir un "équilibre naturel"
. Lors de réunions publiques, des documents incriminant à demi-mots les rapaces dans la raréfaction du gibier d’élevage sont diffusés.
En parallèle, de trop nombreux actes individuels ou collectifs de destruction de prédateurs protégés se multiplient ces dernières années notamment dans
le Jura et en Haute-Saône : lynx (aux Molunes, 39), busards cendrés (de nombreuses années consécutives, dans plusieurs communes de la basse vallée du Doubs,
39), chat forestier (à Montain, 39), buses variables (Châtenois, 39) et bien sûr la triste affaire de Noroy-le-Bourg, 70.
Très souvent, ces infractions à la loi ont été justifiées pour protéger le gibier, y compris du gibier de jeu comme les faisans ou les perdrix, espèces
n’appartenant absolument pas à la faune autochtone. Dans le pire des cas, les destructions étaient justifiées sous couvert de "protéger la nature !"
Selon la LPO Franche-Comté, il est difficile de ne pas faire de lien entre les messages délivrés et les actes récemment constatés au mépris de la loi, qui
mettent en œuvre des destructions à l’encontre des prédateurs protégés
Quand les bonnes pratiques seront légions...
Nous saluons la réaction de deux Fédérations départementales des chasseurs (Doubs et Jura) suite au dossier de Noroy-le-Bourg et nous demandons à toutes
les Fédérations des chasseurs de Franche-Comté, qui, rappelons-le, sont agréées au titre de la protection de la nature, d’aller plus loin et d’éclaircir
auprès des chasseurs leurs positions politiques sur les prédateurs et de délivrer des messages clairs sur :
- la complexité des relations prédateurs-proies dans des milieux impactés par les activités humaines. De rappeler que la coexistence de proies et de prédateurs
dans le milieux naturels, y compris de grands prédateurs tels que le lynx ou le loup, est gage de bonne santé des écosystèmes ;
- la nécessité absolue de respecter les lois de protection des espèces pour tous les chasseurs.
Pour en savoir plus :
Destructions à répétition de busards cendrés, espèce en danger d’extinction en Franche-Comté :
http://www.leprogres.fr/environnement/2011/08/02/le-centre-athenas-denonce-le-massacre-des-busards-cendres
Destruction de buses variables dans le Jura :
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/12/01/il-tuait-les-buses-pour-proteger-ses-perdrix-et-faisans
Et les nombreux articles et reportages sur l’affaire de Noroy-le-Bourg, notamment :
http://franche-comte.france3.fr/2013/12/05/4-cadres-de-la-federation-de-chasse-de-haute-saone-mis-en-examen-372021.html
Standard : 03 81 50 43 10
http://franche-comte.lpo.fr