Constat de la réalité voulu ou apologie ratée ?
C’est la question que l’on pourrait se poser après le reportage diffusé par France 3 Aquitaine ce lundi 31 octobre.
Si ce sujet avait été traité par TF1 au sein de son émission de divertissement et de promotion de l’UMP-CPNT que certains osent encore appeler « journal télévisé », il n’y aurait eu aucun doute possible. L’animateur vedette de cette vitrine de la droite, alias Jean-Pierre Pernaut, est d’ores et déjà le grand favori pour le prochain trophée de plomb de nos amis de l’ASPAS en tant que grand thuriféraire de la mort-loisir.
Pas d’hésitation non plus si le thème avait été abordé par France 2 ou France 3 National. Depuis que leur président est directement nommé par l’Elysée, aucune chance que ces deux chaînes viennent perturber le business et les plaisirs reposant sur la souffrance animale des amis et électeurs de Monsieur Sarkozy.
Mais là, on est face à une initiative locale et le doute est donc permis. Car dans ces rédactions régionales, il existe encore des journalistes soucieux de relayer la réalité et de ne pas la déformer au bon vouloir du pouvoir en place. Ainsi, alors que la manifestation nationale du 28 mai dernier contre l’inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel français regroupant 160 associations et 1 200 manifestants était snobée par tous les médias nationaux à la demande de l’Elysée, France 3 Midi-Pyrénées avait diffusé quelques images de la manifestation parallèle à Toulouse qui avait réuni dix fois moins de monde.
Que pouvait-on donc voir et entendre hier soir concernant la chasse à la palombe ? Simplement la réalité de cette triste pratique :
- les techniques aberrantes d’utilisation de pigeons ramiers domestiques, attachés par les pattes à de longues ficelles sur lesquelles les paloumayres tirent à longueur de journée pour obliger leurs esclaves à plumes à battre des ailes et ainsi attirer leurs congénères sauvages (et lorsque le paloumayre est fatigué, c’est une machine branchée sur batterie qui prend le relais…) ;
- la fonte vertigineuse des effectifs de chasse, les quelques têtes grisonnantes du reportage avouant ne pas trouver d’oreille attentive au sein de la jeunesse d’aujourd’hui, freinée d’après eux par le coût élevé de cette pratique (et bien sûr à aucun moment par son côté désuet et barbare) ;
- l’action néfaste de cette chasse sur la population des palombes, les chasseurs reconnaissant eux-mêmes la diminution du nombre de leurs victimes d’année en année ;
Et cerise sur le gâteau : la mise en scène où l’on pouvait admirer l’épouse de l’un des chasseurs apporter un gâteau et un thermo de café en guise de ravitaillement, ce qui, tout en sous-entendus du journaliste sur fond d’images de chasseurs bien empruntés face à ce type de victuailles inhabituel, vient contrecarrer l’image traditionnelle des déjeuners copieux et bien arrosés.
Bref, quelle qu’ait été la volonté de ce reportage, il a mis en lumière le caractère aberrant, rétrograde et cruel de cette pratique, et c’est bien là l’essentiel.
David Joly
Vice-Président CVN