par David JOLY - Vice-Président de la Convention Vie et Nature.
Une secousse. Que dis-je ? Un séisme, oui. Avec une amplitude d’au moins 8 sur l’échelle de Richter.
Ouvrez bien grand vos yeux si vos oreilles n’ont pu capter ce moment historique : lundi 29 janvier 2013, date à graver dans le marbre, France Inter a consacré l’un de ses reportages au tragique accident survenu le week-end dernier et qui a coûté la vie à un pauvre homme d’une cinquantaine d’années ayant reçu une balle en pleine tête alors qu’il conduisait son épouse sur son lieu de travail.
Un conducteur abattu qui vient s’ajouter cette année à un ramasseur de champignons et à un enfant de 9 ans, ce que n’a pas non plus manqué de rappeler le journaliste.
Une exposition de la réalité de la chasse sur une station publique qui n’a pas eu lieu à 23 heures ou à 2 heures du matin : non, il s’agissait du journal de 19 heures !
Bien sûr, dans ce cas de figure il faut aussi laisser la parole à la défense et France Inter a tendu le micro à Pierre de Boisguilbert, président de la fédération nationale de chasse. Ce dernier assura la main sur le cœur (OK, c’est de la radio, mais faisons comme si…) que c’était là forcément un accident puisque le présumé auteur du coup de feu mortel était un monsieur de 76 ans expérimenté et non connu comme quelqu’un d’impulsif.
Le président de la FNC reconnaissait ainsi, involontairement, que certains adhérents de sa fédération étaient donc identifiés comme des individus impulsifs capables de tirer volontairement sur leurs congénères !
Ce qui intéressait surtout France Inter dans cette histoire, ce n’était pas de dénoncer ces homicides répétés depuis des années, mais les conséquences de ce nouveau drame : l’Aspas (Association de protection des animaux sauvages) qui se prépare à déposer plainte contre les trois derniers ministres de l’Écologie qu’a connus la France (Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet et Delphine Batho) pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui (c’est comme cela qu’on dit lorsqu’on est ministre de l’Écologie et que, en bon collabo du lobby cynégétique, on se prosterne devant ce dernier à qui on laisse le droit de tirer sur tout ce qui bouge sans craindre d’être sanctionné lourdement). Mais peu importe, du moment que la réalité est révélée au grand jour.
Alors France Inter, prête désormais à ouvrir ses ondes à la cause de tout le Vivant ?
Faut pas pousser quand même. Dès le lendemain matin, Patrick Cohen et ses petits journalistes répondaient présents pour s’amuser de la souffrance animale. Ainsi, ils annoncèrent dans un premier temps, sur ce traditionnel ton narquois qui laisse transparaître cette pointe de plaisir sadique qui les caractérise, que l’Iran avait récupéré un primate qu’ils avaient envoyé dans l’espace dans le cadre de recherche aérospatiale (comme c’est hilarant un singe dans l’espace !). Puis, au rayon faits divers, quelle joie d’évoquer ce chien électrocuté dans le 20ème arrondissement de Paris suite à son passage sur une plaque défaillante du réseau ERDF. « Ce n’est qu’un chien me direz-vous ! » se délecta la journaliste.
Alors qu’elle remplit une mission de service public, qu’elle est capable de présenter des émissions d’une rare beauté et d’une culture exemplaire tout au long de la journée et de la nuit (Vivre avec les bêtes, L’humeur vagabonde, CO2 mon amour, 3D, L’atelier…), qu’elle est paraît-il dirigé par un Philippe Val sensibilisé à la cause du non-humain, quel dommage que France Inter ait pris le parti de situer sa plage horaire la plus écoutée (7h-9h) pas plus haut que les caniveaux voisins de la maison de la radio pour simplement siphonner l’audimat de ses concurrentes, telles RTL et Europe 1 qui se démarquent tout autant dans leur anthropocentrisme bas de plafond.
David JOLY.