par David JOLY - Vice président de la CVN
Il est des mots qui, selon les tendances, se voient remis au goût du jour. Pour qui suit un minimum l’actualité politique du moment, il est clair que le substantif « couac » est un bon exemple.
Selon les médias, nous voilà affublés d’un gouvernement qui enchaîne les couacs. Pas un jour sans couac. Couac sur la dépénalisation du cannabis, couac sur les 35 heures, couac sur le projet de loi relatif à la tarification progressive de l’énergie, couac, couac, couac, couac, couac, couac…
Ce qui a le don d’énerver le gouvernement, le premier de ses ministres en tête. Et il faut le comprendre : pourquoi un tel acharnement médiatique à vouloir à tout prix associer ce mot à l’image du premier gouvernement socialiste de ce vingt et unième siècle ? Tous ces médias ne pourraient-ils pas, au contraire, mettre en lumière et insister sur la solidarité exemplaire qui existe au sein de cet exécutif ?
Regardez donc la complémentarité qui existe entre Matignon et la place Beauvau : tandis que Jean-Marc Ayrault met la pression sur le Conseil constitutionnel pour lui interdire l’abolition de la corrida, se répand dans la presse quotidienne régionale du Sud de la France pour rassurer les aficionados inquiets quant à une éventuelle sortie de leur sadique plaisir de la liste du patrimoine culturel immatériel français, eh bien le petit matador du ministère de l’Intérieur envoie ses cargaisons de pandores à Notre Dame des Landes pour chasser, traquer (et si l’aubaine se présente matraquer ) les opposants au projet d’aéroport, lubie multi-décennale de l’ancien député-maire de Nantes ayant pris du galon depuis peu. C’est ce qui s’appelle un prêté pour un rendu.
Et les médias revenant à la charge sur ce projet d’aéroport comme ils l’avaient fait sur le récent vote du traité budgétaire : les ministres écologistes vont-ils démissionner au vu des positions du gouvernement dont ils font partie ?
Question, permettez-moi, d’une idiotie incommensurable. Où les médias ont-ils été chercher qu’il y avait des ministres écologistes dans ce gouvernement ? Certainement faisaient-ils référence à Cécile Duflot et Pascal Canfin, les deux ministres estampillés « Europe Écologie – Les Verts ».
Mais suffit-il d’avoir le mot « Écologie » présent dans le nom du parti au sein duquel on est encarté pour avoir la qualité d’écologiste ? Apparemment la réponse est oui pour les individus concernés.
Un véritable ministre écologiste n’aurait-il pas depuis longtemps démissionné en voyant son Premier ministre soutenir mordicus la barbarie des arènes ? En entendant son Président de la République réciter l’argumentaire préparé par le comité interprofessionnel du foie gras afin de consoler les producteurs du Sud-Ouest après la décision de la Californie de ne plus commercialiser ce produit issu de la torture sanitaire des oies ? En apprenant que sa ministre de l’Écologie soutenait la destruction du loup en Métropole et du requin à la Réunion ? En observant son ministre de l’Intérieur prendre son pied à détruire les camps de Roms et à affronter des citoyens qui jugent des zones humides et cultivables plus utiles que le béton de pistes d’atterrissage ?
Et Europe Écologie – Les Verts dans tout ça ? Que pensent-t-ils de l’attitude de lèche-bottes vaille que vaille de ses deux représentants gouvernementaux ? Hormis Yves Cochet s’affichant ici ou là pour fustiger la corrida ou la chasse à courre, c’est silence radio.
Et qui ne dit mot consent. Alors bientôt EELV : Ensemble Écrasons Le Vivant ?
DJ.