par David Joly - Vice-président de la Convention Vie et Nature
Il était une fois un pays gouverné par deux aficionados. L’un était parvenu à se faire élire Président de la République, l’autre fut nommé Premier ministre.
Dans ce pays, bien que la pratique de la corrida était un acte délinquant et répréhensible pénalement sur 90 % du territoire, les deux amis aficionados firent entrer la barbarie des arènes au patrimoine culturel immatériel national.
Malheureusement, les incultes citoyens de ce pays décidèrent, lors du nouveau scrutin présidentiel, qu’il était plus que temps qu’ils aillent voir ailleurs si on y était. Ils installèrent alors dans le fauteuil présidentiel le candidat du camp opposé qui n’avait eu de cesse de répéter durant de long mois : « Le changement c’est maintenant ».
Et il n’avait pas menti. C’est ainsi que les braves citoyens assistent depuis mai dernier à ce changement qui intervient partout, y compris la corrida. Le temps du petit Président excité et de son Premier ministre lui léchant les bottes, défendant corps et âme leur petit plaisir sadique et pervers, est révolu. Place désormais à l’ère du petit ministre de l’Intérieur excité et de son Premier ministre lui léchant les bottes, défendant corps et âme leur petit plaisir sadique et pervers.
Vous l’aurez compris, le changement ne tient qu’à la fonction du petit excité de service. Pour le reste, rien n’a changé. Comme lors du quinquennat précédent, le gouvernement en place présente bien des ministres en faveur de l’abolition de la corrida. Mais comme lors du quinquennat précédent, ceux-ci ont exprimé cette position personnelle avant leur entrée dans le gouvernement et maintenant qu’ils y sont, au diable l’indépendance d’esprit et le courage. Il est vrai que le risque de se faire mordre par le premier flic de France n’est pas anodin. Mais bon, Mesdames Taubira, Duflot, Filippetti, vous avez là une occasion de démontrer que, comme le disait si bien Aragon, la femme est l’avenir de l’homme.
Car il ne s’agit pas uniquement de promettre l’entrée dans le vingt et unième siècle pour les taureaux, il est aussi question de bannir l’un de ces nombreux gisements de cruauté, de bêtise et de médiocrité où s’abreuvent, à défaut de guerre, d’exécution publique ou de jeux du cirque, les indécrottables sanguinaires de notre époque contemporaine.
DJ.