Vrais candides ou faux benêts ?

La rose du 21ème siècle selon le Parti socialisteIl aura fallu deux déclarations d’amour au nucléaire de ministres socialistes (dont la ministre de l’écologie en poste) pour que les Verts sortent enfin de leur formol.

Il leur en faut du temps pour ouvrir les yeux mais promis, quand ils s’énervent, c’est pour de bon ! Ainsi Yannick Jadot, député européen EELV, est monté au créneau pour fustiger les sorties verbales d’Arnaud Montebourg et de Delphine Batho qui n’ont su résister aux sirènes du lobby de l’atome. N’hésitant pas à charrier ostensiblement le gouvernement socialiste qui « irait vraiment dans le mauvais sens si, à une époque où il existe un véritable boom mondial du marché des énergies renouvelables, il misait sur le nucléaire, le Minitel et le Concorde. »

Estimant également qu’une prochaine séance de calinothérapie d’EDF, Areva et consorts pourrait amener Europe Ecologie – Les Verts à sortir de ce gouvernement.

Nous ne pouvons bien sûr que nous réjouir d’une telle prise de position venant d’un parti se réclamant de l’écologie. Mais également douter de la sincérité de cette posture d’outré. Qu’espéraient les Verts de ce gouvernement ?

 

Petit retour en arrière. Le soutien d’Europe Écologie à François Hollande ne pouvait être envisageable que sous deux conditions non négociables : d’une part, la sortie de la France du nucléaire à plus ou moins long terme (25-30 ans), d’autre part l’abandon du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.

 

Que se passa-t-il ? L’accord sur le nucléaire a été signé plus qu’à minima puisqu’au final une seule centrale devrait être fermée (on attend de voir), les socialistes se payant même la tête de leurs cosignataires en réécrivant en catimini une partie de l’accord pour continuer à utiliser le MOX et ainsi assurer les bénéfices d’Areva, seul producteur de ce combustible.

Quant au projet d’aéroport qui tient tant à cœur depuis plusieurs décennies au Premier ministre Ayrault, maire de Nantes il y a encore peu, il suit tranquillement son cours, loin des caméras et micros.

Fallait-il donc être surpris des propos récemment utilisés pour encenser une énième fois cette filière qui a déjà causé tant de dommages au Vivant ? Il ne s’agit ici que d’une très logique continuité dans l’attitude d’un parti politique désormais au pouvoir et au service des marchés.

Et puis c’est bien beau d’annoncer tout de go que les écologistes vont quitter le navire : encore faut-il que les intéressés soient d’accord. Quand Cécile Duflot, en échange d’un maroquin assorti d’un parachute doré pour le Palais Bourbon, n’a pas hésité à faire la grève de soutien à la candidate de son parti à la présidentielle, à s’asseoir sur ses convictions antimilitaristes et s’afficher au garde à vous dans la tribune officielle du dernier défilé du 14 juillet, on est en droit de douter qu’elle émette ne serait-ce qu’une vaguelette de protestation. Oh, bien sûr, elle s’en défend, déclarant aux universités d’été des Verts que les ministres dont elle fait partie ont une muselière. Drôle d’idée que de museler une ministre qui ne fait que ronronner depuis son entrée en poste.

Au-delà de cette tragi-comédie, il est une chose que nous regrettons par-dessus tout : que tous ces écologistes en herbe ne soient pas aussi offusqués lorsque c’est l’un des leurs qui appelle à détruire une partie de notre biodiversité. Depuis la sortie verbale de José Bové réclamant la destruction du loup dans notre pays, sur Fréquence EELV, c’est silence radio…

 

David Joly

Vice-président CVN


Commentaires  
# CARAVANO Pierre 16-09-2012 13:51
Excellent texte DAVID. Bravo !
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