29/09/10
Les deux mutations fondamentales du 21ème siècle
On a longtemps parlé de « choc de civilisations ». En fait le « choc de civilisations » attendu n’est qu’un conflit larvé entre l’Islam et l’humanisme judéo-chrétien. Ni l’une ni l’autre de ces deux civilisations ne semble d’ailleurs capable de prendre le dessus.
Les bouleversements à venir ne se situent pas au niveau des religions ou de l’humanisme mais au-delà des dogmes et des principes des unes et de l’autre.
Pour la première fois dans l’aventure humaine la démographie des espèces s’invite comme la clé de voûte de toute réflexion portant non seulement sur la coévolution des espèces mais sur leur survie y compris celle de l’espèce humaine.
C’est une révolution de la pensée.
La démographie, en particulier humaine, est l’élément essentiel de toute philosophie et de toute idéologie à venir.
Les écologies environnementaliste et biocentriste sont d’ailleurs les deux seules réflexions à intégrer ce facteur dans leur théorisation.
Les 3 religions monothéistes au titre du dogme : « Croître et multiplier » et l’humanisme au titre de la « liberté » s’opposent fermement à toute mesure susceptible de freiner l’augmentation continue et infinie de la population humaine.
Ce faisant, les religions juive, chrétienne et musulmane ainsi que l’humanisme se condamnent au nom du « dogme » et du « principe » à disparaître mais en laissant derrière elle une planète dévastée et une humanité appauvrie et découragée, en quête de nourriture, d’eau et d’énergie.
La première mutation fondamentale est donc celle du respect du vivant, du vivant dans sa globalité, sa richesse et sa diversité.
****
Les religions monothéistes et l’humanisme ont généré des civilisations dans le cadre du dualisme le plus strict : toutes les activités humaines – toutes- s’inscrivent actuellement dans les carcans du « Bien » et du « Mal », du « Vrai » et du « Faux », du « Pour » et du « Contre », de « l’homme » et de « l’animal », de « l’utile » et du « nuisible »…donnant naissance à toutes les discriminations imaginables et à toutes les barbaries les plus insupportables.
Or des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer des sociétés ainsi construites sur l’opposition, l’exclusion et l’extermination dont le 20ème siècle n’a pas été avare !! (Les deux guerres mondiales, les génocides…) et dont certains chef -d’Etat restent apparemment nostalgiques. (Expulsion des roms par exemple)
Si toutes les discriminations sont remises en cause, l’une, innovante, révolutionnaire au sens copernicien du terme, prend une particulière importance : celle qui sépare l’être humain de l’être animal sensible.
C’est cette notion d’ « être sensible » qui gagne les consciences collective et individuelle en dépit des oppositions violentes des religions et de l’humanisme.
La règle n’est plus celle de l’opposition mais celle de l’enchevêtrement des modes de pensée. Et dans ce domaine il y a fort à parier que l’environnementalisme et le biocentrisme ne seront pas les derniers à faire valoir leurs arguments.
Jean-Claude Hubert
Vice Président de la CVN