Ceux qui ne savent pas et ceux qui ne veulent pas savoir, s’imaginent qu’un débat purement éthique oppose, d’un côté, des chasseurs, pauvres bougres ruraux un peu demeurés, de l’autre, des militants animalistes un peu marginaux, farfelus et décalés.
Entre les deux camps, les bonnes gens n’aiment guère la chasse et ses gros fusils, mais comprennent l’attachement des pauvres bougres à leurs loisirs au fond de leurs trous à bouseux.
Or, ces visions sont fausses.
La chasse pose un défi politique en ce que cette Bastille constitue un Etat dans l’Etat.
Tout démocrate devrait s’intéresser aux dérives auxquelles elle donne lieu, dérives dont sont victimes la faune, la quiétude des campagnes, les associations de protection de la nature et des animaux, les aspirations de l’immense majorité des citoyens -84% souhaitent l’abolition de la chasse à courre).
Dans l’OISE un préfet se fait acclamer par l’assemblée générale des chasseurs du département en menaçant les opposants à la vénerie de « sonner la fin de la récréation » et en appelant à ce que l’ordre fasse taire les contestataires du loisir de mort, tout cervidé poursuivi par un équipage de vénerie arrivant en zone urbaine devant être abattu par les services de police ou gendarmerie.
Le chef de l’Etat, au mépris de la volonté démocratique contraire du pays, affiche son soutien inconditionnel aux tueurs agréés.
Ainsi, l’opinion consistant à reconnaître à l’animal son caractère d’être sensible devient concrètement un motif de suspicion et d’ostracisme par un Etat partial et soumis.
Les imbéciles qui emploient cette image à tort et travers diraient « une minorité prend le pays en otage ».
En fait, les politiciens et décideurs, mués en agents soumis des chasseurs n’impressionnent personne et nous ne serions devenir otage de tartarin.
Car, derrière ces gesticulations et génuflexions de politiques se dissimule une mascarade.
Les chasseurs font la loi ici que parce que nous avons une classe politique inconsistante et une administration pusillanime.
Ils ne sont plus qu’une minorité aux abois avec une perte d’effectifs inéluctable.
Pour enrayer la désaffection, l’Etat partial propose de diminuer de moitié le coût du permis de chasser.
Décidément, la chasse fait exception à tout et la secte des adorateurs de la réduction de la dépense publique et de l’aggravation des sacrifices exigés du peuple, oublie, en cette affaire, ses dogmes obsessionnels.
La diminution du prix du permis de chasser sera l’unique cadeau faite aux citoyens par les agents de la finance et des oligarques.
Il faut exiger le rétablissement de l’Etat de droit, d’un Etat impartial et honnête, d’une démocratie.
Ce pays vit sous la botte des chasseurs avec la complicité des politiques.
En vertu des principes fondamentaux de notre société, tels qu’ils résultent des acquis des droits de l’homme, tout citoyen bénéficie des mêmes prérogatives, des mêmes garanties.
Même s’il respecte le vivant et récuse le loisir de mort, il doit participer à l’élaboration d’une politique de préservation de la nature et doit pouvoir vivre en campagne sans subir les pressions d’un lobby.
Tel n’est pas le cas.
Insurgez-vous !
CONVENTION VIE ET NATURE