par Gérard Charollois -Président de la Convention Vie et Nature
Je confirme aux amis de la nature qui pourraient y venir que je participerai, vendredi 20 mai à partir de 20 heures, à une soirée débat sur le thème du "retour du loup", à LEGUILLAC DE CERCLE, en DORDOGNE, au café restaurant près de l'église du village. Cette soirée est publique et l'entrée est libre. Or, la presse française et ses journalistes, avec une formation de "sociologues", maltraitent le loup et en ignorent radicalement les moeurs, comme l'incidence de sa présence.
Ainsi, ce lundi 16 mai, FRANCE INTER consacra une émission caricaturalement unilatérale au sujet, diffusant les lamentations et préjugés obscurantistes des éleveurs de moutons avec, en final,
l'intervention d'un habituel "Historien" obnubilé par les attaques de loups contre l'homme, dont il recherche obstinément les mentions dans les registres paroissiaux du Moyen-Age.
Aucun scientifique, aucun ami de la nature pour plaider la cause du loup ! Tel est le degré d'honnêteté intellectuelle du journaliste, réalisateur de cette émission diffusée de 15 à 16 heures.
Notre "historien" objecta que point n'était nécessaire de "protéger la nature, puisque celle-ci n'existait plus et que l'homme l'avait, depuis des millénaires, artificialisée" !
Entre ceux qui doutent de l'érosion de la biodiversité et ceux qui proclament que la nature n'existe pas, les lobbies de la mort ont de bien piètres avocats !
Plus sérieusement, constatons que la flore, la faune, les milieux naturels, menacés par l'homme, agressés de multiples façons, sont encore là et doivent être sauvés de l'anéantissement auquel les condamnent la cupidité des uns, la cruauté arriérée des autres.
Bien sûr, le loup peut tuer le mouton, comme l'hirondelle souille la façade, le cormoran et le héron prélèvent des poissons, le geai des chênes des petits fruits, la belette des oeufs.
L'homme, super-prédateur, super-pollueur empoisonneur de la terre trouvera toujours un prétexte pour tuer, éliminer, aseptiser.
Ce que n'a pas dit l'émission de FRANCE INTER :
----- 50% du revenu d'un éleveur en zone de montagne provient des subventions publiques,
---- Le pâturage par des troupeaux trop nombreux dégrade la flore de montagne et accélère l'érosion, faute d'une couverture végétale des sols en altitude,
---- les troupeaux contaminent la faune sauvage,
---- La prédation par les loups, lynx et ours est dérisoire par rapport aux autres sources d'accidents, affectant les moutons abandonnés dans les montagnes, et ces prélèvements sont généreusement ndemnisés,
----- le bucolique berger qui pleure ses douces brebis, victimes du grand méchant loup, n'élève ces bêtes que pour l'égorgement à l'abattoir et non par affection, il est, en fait, un chasseur qui ne supporte pas culturellement la présence d'une faune authentiquement sauvage.
Les solutions :
La "crise agricole" n'a rien à voir avec la faune, les loups et leurs prédations, mais avec la concurrence mondialisée qui tire les prix de la viande vers le bas.
L'Etat doit clairement, fermement, résolument rappeler que loups, lynx et ours sont des espèces protégées et qu'aucune tolérance ni dérogation ne seront permises visant à tuer ces quelques spécimens de ces espèces.
Rappelons que la France ne compte que 280 loups, alors que l'Italie en possède plus de mille et l'Espagne plus de deux mille.
Les aides financières publiques à l'élevage de montagne doivent être revues et subordonnées à la présence des loups, lynx et ours.
Quant à notre "historien" lupophobe, qu'il quitte ses archives paroissiales et visite nos amis Italiens, Espagnols, Polonais, Nord-américains pour dénombrer les "attaques d'hommes par les loups"!
Oui, il advient qu'il soit dangereux de randonner dans la nature. Oui, on fait, trop souvent, de bien vilaines et inquiétantes rencontres,
mais ce ne sont ni celles des loups, des ours et des lynx, mais d'humains guerroyant contre des animaux qui ne leur ont fait aucun mal,
des humains qui trompent leur ennui en "aérant leurs sinistres fusils".
Gérard CHAROLLOIS