Escroquerie 21

 

 


 par David JOLY - Vice Président de la Convention Vie et Nature


 Ça y est, nous y sommes. La grande, l’énorme, la grandiloquente COP 21 débute à Paris. La planète est sauvée.

C’est en tout cas le leitmotiv que les médias vont nous rabâcher durant les semaines qui vont suivre et que l’on est prié de croire.

Aux dernières nouvelles, la liberté d’opinion existe encore en France (pour le moment), chacune et chacun d’entre nous pourra donc qualifier ce raout international, greenwashé à coups de tapis officiels fabriqués en pelouse synthétique, comme il doit l’être : une vaste fumisterie, comme cela l’a déjà été par le passé à Kyoto, Copenhague ou Rio.

Bien sûr, on va vous expliquer que cette fois-ci, promis-juré, on s’attaque réellement au problème du réchauffement climatique. On va donc évoquer longuement la deuxième source d’émission de gaz à effet de serre, mais aussi la troisième source, la quatrième source… Les transports, l’industrie, le secteur énergétique, les habitations vont être pointés du doigt et incités à réduire leurs émissions.

On ne pourrait qu’applaudir des deux mains si nos grands décideurs n’avaient volontairement occulté la plus importante d’entre elles : l’élevage, émetteur de 18 % des gaz à effet de serre sur cette planète, principalement du méthane et du protoxyde d’azote, présentant, respectivement, un potentiel de réchauffement 60 fois et 200 fois plus élevé que le traditionnel CO2 beaucoup plus connu.

 Rien d’étonnant à cela lorsqu’un sommet sur le climat se tient en France. Il n’aurait surtout pas fallu contrarier l’un des officieux co-organisateurs dudit sommet qui a su, comme à son habitude, profiter de l’oreille attentive des représentants du pays organisateur : la FNSEA.

Pour le coup, il fallait surtout empêcher toute opinion et toute revendication contraires aux objectifs finals (continuer à polluer en toute tranquillité pour assurer la bonne marche du capitalisme mondialisé) de pouvoir s’exprimer. C’est en ce sens qu’à Paris comme partout ailleurs en province, les rassemblements citoyens prévus de longue date ont été tout simplement interdits. Et si certains ont bravé l’interdiction pour exprimer, dans une atmosphère bon enfant et apaisée, leur désir de voir ce qu’il y a de plus précieux être sauvé de la catastrophe annoncée, ils ont été accueillis comme il se doit par des hordes de CRS qui avaient pour ordre la distribution gratuite et sans restriction aucune des traditionnels coups de matraque et gaz lacrymogène. Les manifestants pacifistes étant présentés par Messieurs Hollande, Valls et Cazeneuve comme de grands terroristes, ce que n’a pas manqué de bêler à l’unisson l’ensemble de la presse nationale et de l’audiovisuel.

Les terroristes, justement. C’est en raison de leurs menaces (celles des vrais, c’est-à-dire les dégénérés psychopathes à l’origine du bain de sang du 13 novembre dernier) que le gouvernement actuel a décidé d’interdire non seulement toute manifestation depuis cette date, mais aussi tout évènement à caractère sportif, culturel, ludique qui devait avoir lieu les jours suivant les horribles attentats.

Dans l’intérêt de tous bien entendu. C’est ainsi que rencontres sportives, spectacles, expositions… furent reportés, voire annulés. Parce que ces lieux où vient se masser une foule dense auraient nécessité la présence de forces de l’ordre. Et actuellement, tous les moyens humains, techniques, logistiques de ces forces de l’ordre doivent être mobilisés pour assurer la sécurité nationale.

Tous les évènements ? Il y en a un en tout cas qui a bénéficié d’un sacré passe-droit la semaine dernière : alors que l’ensemble des manifestations prévues étaient, comme indiqué précédemment, reportées ou annulées, la commune de Rion-des-Landes bénéficia de la mise à disposition de plusieurs dizaines de gendarmes, avec tous les moyens matériels nécessaires (véhicules, détecteurs de métaux…) afin de pouvoir assurer la tenue de la novillada prévue ce week-end là. Une mise à disposition avalisée par le représentant direct local de l’État, à savoir la préfète des Landes.

On a donc, grâce aux individus actuellement à la tête de l’État français, torturé et saigné des veaux dans l’hilarité générale moins de dix jours après les pires attentats que le pays ait connus de toute son histoire.

Une séance de sadisme et de perversité que les organisateurs osèrent dédier à celles et ceux qui étaient tombés non pas sous les piques et les épées, mais sous les balles d’autres fous tout aussi avides de sang.

Et cerise sur le gâteau, le speaker crut bon, durant cet hommage, de préciser (je cite) : « On continuera, de toute façon on nous arrêtera pas. On continuera à venir aux arènes et à aller dans les stades, on continuera tout ce qu'on a envie de faire... On mangera du foie gras, on bouffera des côtes de bœuf... [...] et on nous arrêtera jamais »

 Quel rapport avec la COP 21 me direz-vous ? Le rapport, c’est que quelle que soit l’urgence de la situation, d’un point de vue écologique, éthique, sociétal, humain, le raisonnement et les initiatives de tous ces chefs d’états et de leurs gouvernements présents en ce moment à Paris reposent sur un seul concept : le lobbycentrisme.

Il n’y a donc strictement rien à attendre de ce pseudo-sommet, si ce n’est un aval de la poursuite de la destruction massive de la nature.

Pour celles et ceux qui en douteraient encore, retenez simplement que la première initiative qui aura été annoncée est celle du Japon qui a indiqué reprendre la chasse à la baleine.

Après tout, pourquoi se gêner, le pays hôte étant lui-même en train d'éradiquer le loup sur son sol...

 DJ.

--
--
---/---
.../...

 

 

 

--
---

---/---

---/---

 

--
--

---/---

---/---