Si l’animal est à l'évidence un être sensible, si la biodiversité qui se meurt appelle des mesures urgentes, effectives, fermes de protection, si un nombre sans cesse croissant de contemporains souhaitent instaurer avec l’animal et la nature un lien nouveau de bienveillance et de respect, les lobbies contre nature exercent en France une quasi-dictature.
Vous en doutez :
Prenez quelques minutes pour lire les débats parlementaires lorsque sont en questions la biodiversité, la condition animale, l’élevage, la chasse.
Vous éprouverez une véritable nausée à la contemplation des éructations, en particulier des députés et sénateurs UMP, agents zélés des franges les plus arriérées de la population.
Qu’une poignée de braconniers veuille poser des lecques, des gluaux, des lacets, des matoles, tuer la nuit, exterminer le canard sauvage, la grive, l’alouette ou le blaireau, par le fusil, le piège, le déterrage et ces indignes élus de la nation se muent en valets dociles des pires exactions, des plus cruelles pratiques, des plus nocives agressions contre le vivant.
Qu’elle est instructive, sur l’indigence de ces parlementaires, la simple lecture des débats.
Je vous recommande les derniers en date relatifs à une loi en faveur de la biodiversité.
Une députée écologiste, Laurence ABEILLE, voulut introduire un amendement en faveur de l’animal sauvage, exposant que rien ne justifiait qu’il soit différemment traité que l’animal domestique. Un sondage SOFRES, de janvier 2011, révélait que 87% des personnes interrogées souhaitaient que les animaux sauvages soient protégées par la loi à l’encontre des actes de mauvais traitements.
Le groupe UMP s’opposa, conformément à sa vocation réactionnaire, à cet amendement, rejoint, dans sa négation, par l’actuelle ministre de l’écologie.
Un élu du parti des milliardaires, Philippe MEUNIER, donnant dans l’humour de « beauf » interpela la rapporteure du projet de loi en invoquant le sort des mouches qui s’écrasant sur sa voiture pouvait lui valoir des ennuis si la loi protégeait l’animal sauvage.
L’amendement ne recueillit que sept voix et fut donc repoussé.
Sept voix ?
Mais alors, que faisaient les autres députés écologistes ?
Si des parlementaires écologistes ne participent pas à une telle séance de l’assemblée nationale, c’est qu’il n’ont rien à faire dans cette fonction, au nom de l’écologie !
Quant aux autres élus, ils s’agitent frénétiquement pour que les seules espèces protégées soient les chasseurs et les « agriculteurs », les « meilleurs écologistes ».
Or, chasseurs et exploitants agricoles rivalisent dans la nuisance et n’ont qu’une obsession : tuer !
Ils disent, en langue de plomb : « réguler ».
Et ils ont bien régulé le loup, le lynx, l’ours et les grands rapaces.
L’exploitant agricole œuvre efficacement contre la nature, comme le prouve le fait que 89% des eaux douces de ce pays se trouvent contaminées par les pesticides.
Mais, pour les élus, surtout de l’UMP, ces chers agriculteurs doivent avec leurs amis chasseurs confisquer tous les organes consultatifs de la biodiversité, organes qui ne sauraient accueillir trop de ces « affreuses » associations de protection de la nature .
Caricature ?
Hélas ! Lisez les débats parlementaires et vous aurez honte pour ces personnages, syndics de l’obscurantisme et jouets des groupes de pressions contre nature.
Si jusqu’au milieu du 20ème siècle, l’exploitant agricole formait le gros des bataillons des électeurs, circonstance rendant servile l’élu, si le nombre des chasseurs atteignait les deux millions cinq cent mille jusqu’en 1975, nous n’en sommes plus là.
L’agriculture productiviste tue le paysan, espèce en voie de disparition et les progrès de la sensibilité et des connaissances détournent les citoyens du loisir de mort.
Ainsi, les parlementaires s’avilissent et abdiquent l’intelligence pour complaire à des lobbies ultra-minoritaires.
Ce n’est point être polémique que constater que les chasseurs et le FNSEA interviennent systématiquement pour détruire les espèces soit parce qu’elles sont « gibier », soit parce qu’elles sont « nuisibles ».
A-t-on vu une seule fois, des associations de chasseurs militer pour réduire le temps d’ouverture de la chasse aux oiseaux migrateurs ?
La FNSEA exige-t-elle le retrait d’un pesticide, fut-il toxique ?
Par culture, par idéologie, ces hommes contre nature exècrent les mouvements qui demandent plus de respect du vivant, moins de massacres, moins de cruauté, moins de poisons dans les sols et les eaux.
Ces hommes zoophobes craignent les loups, les ours, les lynx, les renards, les cormorans, les hérons, les vautours, les martres et les fouines.
Pour eux, l’animal est d’une nature différente de l’homme et peut servir de souffre-douleurs, d’occasions de distractions sadiques.
En aucun cas, pour l’agro-cynégétique la nature mérite protection.
Qu’importe .
Pour un parlementaire UMP, l’exploitant agricole, avec son pulvérisateur de molécules biocides et le chasseur, avec ses armes, sont les « meilleurs protecteurs de la nature ».
Oui, ce pays pâtit d’une classe politique minable.
Mais, pour le savoir, devant tant d’évidences, a-t-on encore besoin de lire les débats des assemblées ?
Gérard CHAROLLOIS