« Une religion établie n’est jamais qu’une hérésie qui a réussi ».
François CAVANNA..
La CONVENTION VIE ET NATURE n’a pas attendu le 7 janvier pour « être CHARLIE ».
Bernard MARIS, CABU, CHARB, TIGNOUS, WOLINSKI, HONORE et leurs amis combattaient la haine, la crédulité abrutissante, la corrida, la chasse, l’obscurantisme, l’exploitation capitaliste.
S’il « est dur d’être aimé par des cons », il est dangereux et honorable d’être haï par des salauds.
La France, qui ne lisait pas suffisamment CHARLIE HEBDO, manifeste une généreuse unanimité dans la condamnation du crime et dans l’hommage aux talents assassinés.
Pour ceux qui, comme nous, n’ont pas découvert ou redécouvert CHARLIE HEBDO le mercredi 7 janvier, cet élan d’émotions et de solidarité appelle la gratitude.
Que cette ferveur ne retombe pas et que la mort de nos amis bienveillants, altruistes et éclairés permette au moins l’avancée de nos idées, ne serait-ce que pour rendre ce monde meilleur.
Que leur message, si souvent censuré par les médias formatés, soit enfin entendu.
Corrida et chasse ne sont que des tortures et des actes de guerre dirigés contre des êtres sensibles. Ce sont des écoles de violence et d’accoutumance au sang que nous condamnons, comme le faisaient ceux qui nous ont quittés.
Luce LAPIN, CABU et Fabrice NICOLINO participèrent à nos manifestations parisiennes contre le loisir de mort.
CHARLIE HEBDO, c’est la gauche intelligente, celle qui ne confond pas les « damnés de la terre » et une religion, celle qui allie liberté, égalité des femmes et des hommes, dénonciation des exactions du libéralisme économique et défense des animaux, êtres sensibles.
Racisme et religions perdurent à dresser les humains les uns contre les autres au nom de mythes parfaitement farfelus et de rites qui, considérés de l’extérieur, sont proprement grotesques.
Par l’humour, mais aussi par l’argumentation rationnelle des éditoriaux, CHARLIE HEBDO expliquait que la liberté est un bien universel, qu’aucun humain, quelle que soit son origine géographique, n’est inférieur à un autre humain, que les uns et les autres sont tous égaux dans l’accession à une émancipation par rapport au fait religieux.
Racistes sont ceux qui qualifient les Arabes de musulmans, à l’instar de ceux qui qualifient les Européens de chrétiens.
Une certaine gauche égarée qui se prosterne devant la «religion des « damnés de la terre » enferme des femmes et des hommes dans une prison identitaire, en reniant ses propres valeurs.
La droite ethnicise parfois le débat, ce qui est une faute contre l’esprit.
Une certaine gauche pro-islamique oublie que la liberté de pensée et de moeurs, la mixité, l’égalité des femmes et des hommes, la laïcité, c’est-à-dire le refus que le religieux régisse la société, sont des fondements essentiels et indiscutables.
Cette gauche complexée, oublieuse du vieux cri anarchiste, socialiste et radical, « Ni dieu, ni maître », poussant le sanglot de l’homme blanc, piège ces femmes et ces hommes en les sommant de s’assumer en croyants, au lieu de les inviter à se libérer de la superstition et des mythes qui ensanglantent ce douloureux Proche-Orient, victime des religions qui séparent les hommes, dressent les peuples élus les uns contre les autres, suscitent guerres et attentats et ignorent l’unité fondamentale du vivant.
Un arabe n’aurait-il pas le droit et les capacités de n’ adhérer à aucune religion ?
Pourquoi ne bénéficierait-il pas de la liberté de conscience et de mode de vie, au même titre qu’un occidental ?
Nos valeurs, biocentristes, sont universelles et n’excluent aucun humain.
Pourquoi des dessinateurs, des journalistes, leurs collaborateurs, des policiers ont-ils perdu la vie ?
Parce que nos amis avaient accompli le devoir de blasphème, outragé un prophète.
Dans ses quelques décennies d’existence, l’hebdomadaire fut la cible judiciaire et le réceptacle des haines des sectes de diverses obédiences, voyant des diffamations dans les caricatures égratignant les unes et les autres.
En 2006, les musulmans dits modérés et institutionnels poursuivirent, devant les tribunaux, CHARLIE HEBDO, suite à la publication des dessins Danois.
Bien sûr, en démocratie, un procès n’est pas un meurtre.
Mais il marque une intolérance à la critique, un refus de répondre par l’idée à l’idée.
Dans une société de liberté, nulle idéologie ne saurait se placer au-dessus de la libre critique.
Il suffisait aux bigots de toutes les chapelles, aux superstitieux, aux adeptes de tous les arrières-mondes de ne pas lire CHARLIE HEBDO, si sa lecture stimulait par trop leurs neurones dégradés.
Ils pouvaient même, très légitimement, fustiger, caricaturer, réfuter l’athéisme, car la bataille des idées est toujours saine et vivifiante.
Nos amis de CHARLIE HEBDO ne remettaient pas en cause la liberté de « croire » en un quelconque dieu, ou sorcellerie, ou charlatanisme, ou mythologie.
Nous comprenons que des humains éprouvent l’impérieux besoin de croyances, comme d’autres nécessitent des béquilles pour tenir debout face aux cruelles aspérités de la vie.
Ce que nous refusons, c’est la dictature, le totalitarisme, la loi d’une secte quelconque et les violences et cruautés qu’elle suscite.
Oui, à la liberté religieuse, lorsqu’elle est privée, individuelle, respectueuse de la liberté contraire.
Non, à la loi d’une quelconque religion, lorsqu’elle condamne à des coups de fouets ou à la décapitation les blasphémateurs, à la lapidation la femme adultère, qu’elle réduit les femmes en objets appropriables, qu’elle prétend devenir norme pour tous les citoyens, qu’elle prescrit l’égorgement à vif des animaux.
Nos amis ont été assassinés au nom d’un dieu, c’est-à-dire au nom de rien.
Certes, avant ce crime insondable, l’islamo-terrorisme a déjà tué énormément d’hommes et d’abord dans les pays dominés par la religion musulmane.
En Algérie, en Syrie, au Liban, au Pakistan, ils sont innombrables à mourir pour rien.
Ces pays souffrent des passions religieuses que nous connûmes au 16ème siècle, avec les guerres de religions.
Le crime contre CHARLIE ne sera pas le dernier.
Quel malheur que l’humain aime tant la guerre !
Quel malheur que la violence et l’exploitation abaissent l’humain à ces crimes !
N’est-ce pas, ami Rémi FRAISSE ?
Depuis la nuit des temps, l’homme est le plus grand tueur de sa propre espèce et s’imagine être tellement supérieur aux autres espèces.
Combien de CABU, CHARB et oncle BERNARD faudra-t-il pour dissiper les ténèbres de l’obscurantisme et de la méchanceté ?
Non, la soumission ne l’emportera pas.
En leur mémoire, faisons que la haine, le racisme, la superstition, l’obscurantisme religieux, la corrida, la chasse gisent dans la poubelle de l’Histoire.
Les assassins de nos amis ont péri.
La vérité est que ces hommes étaient déjà morts, morts pour l’intelligence, pour la raison, pour la dignité humaine et ce qui les a tué s’appelle : Le fanatisme.
Gérard CHAROLLOIS