Bêler à l’unisson des impostures.

La ministre de l’écologie propose « d’assainir » le massif du BARGY, en HAUTE SAVOIE, en exterminant tous les bouquetins des ALPES coupables de brucellose.
L’an passé, les gendarmes, les lieutenants de louveterie, les chasseurs avaient déjà massacré des centaines de bouquetins et, cet automne, les ennemis de la terre prétendent achever leur œuvre perverse.
La fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) milite ardemment pour cette extermination, à l’instar de ce que fait cette organisation contre les loups, les lynx, les vautours, dans un souci d’aseptisation de la nature.
Pour certains milieux réactionnaires la nature doit faire place à un espace de productions intensives voué uniquement à l’élevage ou à la maïssiculture.
Un député local du parti des affaires et de l’argent roi, Monsieur Bernard A, est intervenu auprès de la ministre dite « socialiste », pour que les éleveurs de moutons obtiennent l’élimination des bouquetins du BARGY.
Les scientifiques ont pourtant énoncé que le risque sanitaire était extrêmement faible.
Mais, que vaut la vie, face aux filières et à leurs profits ?
Que survienne une quelconque épizootie, générée par la surproduction agricole, et les troupeaux entiers subissent un massacre préventif.
C’est au nom du « principe de précaution », inscrit dans la constitution, que le député du parti des milliardaires et du conservatisme demande la mort des bouquetins.
La semaine suivante, le même député, ami des « capitaines d’industrie », demande le retrait du « principe de précaution », frein aux innovations, à l’esprit d’entreprise.
Pour ces gens-là, la précaution est une arme contre la nature mais doit disparaître lorsqu’elle entrave l’appétit de profits des exploiteurs.
Comment s’étonner, qu’avec des politiciens de ce niveau moral et intellectuel, la société contemporaine s’enfonce inexorablement dans la régression et l’aigreur ?
Ceux qui gouvernent aujourd’hui, presque autant que ceux qui gouvernaient jusqu’en 2012, méprisent le vivant et servent une religion funeste : l’économisme.
L’arbre, l’animal et l’homme ne valent rien. Seul le profit les obsède.
Pour le profit, il faut tuer les bouquetins, anecdote criminelle qui illustre un monde oublieux de la valeur de la vie.
Car, ailleurs, il faut, pour le profit, supprimer des emplois publics, réduire les salaires, abolir les droits sociaux, faire des sacrifices, des efforts de compétitivité.
C’est le même processus qui est à l’œuvre, le même culte vénéré, la même logique dégradante.
Dans ses profondeurs, le peuple ressent un  malaise confinant à la nausée, sentiment inspiré par l’évolution actuelle des choses et l’échec du système.
Néanmoins, soumise au bourrage de crâne médiatique, la société  ne parvient pas à trouver l’issue de secours.
A longueur de journaux télévisés, paradent les mêmes acteurs en représentation permanente, valets des intérêts de la finance, des affaires, des corporatismes.
Où est la parole libre ?
Quel espace d’expression aux pensées diverses s’offre aux citoyens ?
Ecologistes, anarchistes, communistes, libertaires, (à gauche) et nationalistes, royalistes, identitaires, (à droite), pourraient-ils exposer leurs propositions durant 45 minutes au journal de 20 heures de la chaîne publique ?
Pourquoi la télévision réserve-t-elle un temps d’antenne considérable à des  personnages qui représentent une petite caste de féodaux de l’argent et dont le succès démocratique ne tient  qu’à une habileté d’artiste ?
Ainsi, le retour après faux départ, de l’ex-ami du président BUSH, amateur de corrida, chantre du parti CPNT, candidat des propriétaires des chaînes de télévision et des bétonneurs, donne lieu à une émission spéciale, privilège exorbitant.
Ceux qui apportent des solutions nouvelles, qui préconisent une alternative qui ne soit pas une fausse alternance n’ont droit qu’à quelques secondes d’antenne, alors que le parti des grands groupes financiers monopolise l’espace médiatique.
Et voilà pourquoi le « bon peuple » grégarisé découvre le leader suprême repeint à neuf, tellement énergique, tellement  sûr de lui et dominateur, jouant tour à tour du vieux sage vertueux puis du petit hargneux qui sait cogner.
Tout ceci n’est que du théâtre et même plus de la politique.
Les véritables détenteurs du pouvoir, ceux qui possèdent les noyaux durs de la finance, les autoroutes, les chaînes de télévision et les journaux n’ont rien à craindre d’une alternance formelle qui ne menace en rien leurs intérêts et leur emprise sur l’économie, sur la vie des gens, sur les temps de cerveaux disponibles.
Cela pourrait nous laisser indifférents, nous qui ne nous situons pas dans une contestation de ressentiment, mais leur système d’exploitation frénétique conduit à la destruction de la nature et à la maltraitance des vivants, humains et non-humains.
Sans le contrôle des médias, sans une inégalité criante d’accès à la parole publique entre les tenants du système et ceux qui le remettent en cause, d’une manière ou d’une autre, la course à l’abîme apparaîtrait à tous les citoyens.
Je ne raisonne pas ici en termes idéologiques mais dénonce un fait.
Je constate que les idées iconoclastes, de quel que côté qu’elle se situent, pâtissent d’une censure qui ne dit pas son nom.
Décidément, les maîtres du système sont beaucoup plus forts dans l’art de perpétuer leur pouvoir que  ne le furent les grossiers fascistes bruns ou rouges du siècle passé.
Le conditionnement repose sur une subtilité, une manipulation inspirée des techniques de la publicité commerciale.
Ils peuvent même feindre de tolérer des réfractaires, les laisser apparaître quelques secondes dans le cadre des campagnes électorales officielles, ce qui pare d’un phare démocratique une confiscation du pouvoir par les détenteurs des « noyaux durs ».
Ecoutez le vacarme des bêlements stupides :
« Il faut travailler davantage. Il faut moins d’effectifs et de personnel. Il faut des gaz de schistes et des camps de concentrations à vaches laitières. Il faut aseptiser la montagne et affirmer que l’environnement ça commence à bien faire ».
Ces bêlements, inlassablement repris par tous les médias, assourdissent une majorité de citoyens, ce qui assure la pérennité d’un système par ailleurs mondialisé.
Or, pour trouver l’issue de secours, il suffit d’inverser les propositions de ces mauvais bergers, enfants des néo-conservateurs :
« Partager le travail. Créer des emplois publics. Soumettre la banque et la monnaie aux intérêts des hommes. Refuser la compétition avec les esclavagistes et les destructeurs de la nature en fermant au besoin les frontières  à leurs productions. Zoner l’espace pour permettre à toutes les espèces de survivre sur une terre de la biodiversité ».
Quel journal télévisé permettra de l’exposer pendant 45 minutes ?

Gérard CHAROLLOIS


Commentaires  
# Fontaine Pascale 28-09-2014 19:52
Monsieur,
Comme à chaque fois que je lis l'un de vos textes, je pense qu'il n'y a pas un mot à changer ou à retirer.
Je vous remercie d'exprimer avec intelligence et clarté les vérités que tout un chacun devrait voir et revendiquer.
Bien à vous.
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# Gérard Charollois 04-10-2014 20:59
Merci chère correspondante, de votre fidélité à la lecture de mes éditoriaux. Je me réjouis par ailleurs de votre approbation. Bien cordialement, Gérard Charollois.
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