En France, la nature ne bénéficie que d’une protection théorique, bien aléatoire, dès lors que les intérêts économiques et les caprices des groupes de pressions priment toujours sur la défense du vivant.
Le pouvoir politique ne reflète ni les avancées des connaissances, ni les progrès éthiques du corps social.
Des citoyens intègrent désormais l’impérieux devoir éthique de changer notre rapport au vivant et d’abandonner les idéologies de l’animal machine, de la nature source de profits et de défoulements pervers.
Pour mesurer la force de ce courant de pensée, nous disposons de deux instruments : les enquêtes d’opinion publique et les scrutins politiques auxquels concourent des candidats se réclamant de l’écologie.
De manière assez générale, les sondages confortent la prévalence d’une morale nouvelle amenant une majorité de contemporains à condamner la chasse, la torture tauromachique, les mauvais traitements envers les animaux, la destruction des espaces naturels.
Observons que loin de tenir compte de ces aspirations devenues majoritaires, la classe politique, en total décalage avec l’opinion, perdure à servir les fantasmes obscurantistes et cruels des négationnistes de l’unité du vivant.
Les résultats électoraux des écologistes politiques se révèlent, en revanche, plus fluctuants : 16% des suffrages lors des dernières élections au parlement européen, 2% lors de la dernière présidentielle.
Si le parti VERT bénéficie d’élus à l’assemblée nationale et au sénat, il le doit au soutien de son allié dit « socialiste », sans lequel un mode de scrutin inique (majoritaire à deux tours) ne lui laisserait aucune chance d’obtenir des représentants dans les assemblées légiférantes.
Est-ce à dire que les écologistes politiques doivent tout aux « socialistes » ?
Que ceux-ci n’agissent que par altruisme en concédant des sièges à leurs partenaires ?
Bien naïf celui qui croirait à l’altruisme en politique !
En fait, les deux partis ont besoin de cette alliance : les VERTS pour se faire élire, les « socialistes » pour avoir une réserve de voix et ne pas mourir de monolithisme.
En démocratie, tout parti a besoin d’alliés, sous peine d’uniformisation suicidaire.
En conséquence, dans toute coalition, le plus petit dispose d’une certaine capacité d’existence et d’exigence à faire valoir.
Or, par manque de maturité idéologique, grande faiblesse du parti d’écologie politique, celui-ci risque d’apparaître à l’opinion comme parfaitement inutile.
C’est qu’en dehors d’un programme large et flou, il n’a pas posé de bornes claires au-delà desquelles, il romprait une alliance dont son partenaire a autant besoin que lui, pour les raisons ci-dessus évoquées.
Certes, avec 2% des voix en mai 2012, il n’est guère permis d’exiger trop de concessions, mais peu vaut mieux que rien.
Pour l’heure, dans le sens de l’écologie éthique, rien ne change.
Faire une politique sociale du logement, c’est bien !
Mais, tout décideur de gauche, écologiste ou non, pourrait en faire autant.
Une politique sociale du logement n’est nullement une spécificité d’écologie éthique.
Ce qui serait écologique :
- Limiter la chasse nocive et contraire fondamentalement au respect des êtres vivants.
- Abolir la corrida.
- Inciter, par des avantages fiscaux, à lamise en réserve naturelle des fonds privés ;
- Abandonner les désastreux projets spéculatifs tels NOTRE DAME DES LANDES et assimilés.
C’est en formulant des objectifs sérieux, précis, ponctuels et écologistes, que les écologistes politiques retrouveraient une crédibilité qu’ils ont perdu ces dernières années.
En optant pour des leaders qui réclament la mort des loups, ils perdent leur âme et leur électorat.
Malheur au parti qui sacrifie son éthique et ses soutiens dans la société !
Les militants, trop souvent peu représentatifs du corps social font des choix qui s’avèrent désastreux en terme d’image et de résultats.
Quand le citoyen pense « écologie », il regarde vers les thèmes que défend la CONVENTION VIE ET NATURE et non vers un simple progressisme social, banal et tellement mieux illustré par d’autres plus talentueux dans l’art oratoire, cher à tous les PERICLES.
La faute des écologistes politiques est de ne pas être écologistes.
Ils ne sont pas là où les attendent la société, c’est-à-dire sur la défense de la nature et sur la rupture avec la conception de l’animal machine.
Non pas que leur programme doive s’arrêter à ces seules préoccupations, mais en les ignorant, en refusant d’affronter les lobbies de la mort, les écologistes politiques apparaissent davantage comme des « politiques » que comme des « écologistes ».
Or, croulant sous le poids des affaires fétides, proches des milieux d’argent qui, bien évidemment, sont des milieux mafieux, trop soucieux de préférer l’injustice au désordre, les « politiques » deviennent les méprisés de notre temps.
Incapables d’exercer le pouvoir, les politiques de tous les partis de gouvernement, n’en recherchent que les apparences,les prébandes et les pseudo-honneurs de pacotille.
Ils cédent devant la force, qu'elle soit celles des dictateurs puissants ou des lobbies fascisants.
Méprisés parce que devenus méprisables, les « politiques » ont commis le grand crime de notre époque, à savoir, la dissociation de l’éthique et de la politique.
Toutefois, soyons équitables et impartiaux.
Les écologistes politiques ne sont guère écologistes !
Oui.
Mais, les socialistes sont-ils socialistes ?
Et les « populaires » sont-ils autres que les adorateurs de l’argent qui corrompt tout, les serviteurs du culte du libéralisme économique ?
La politique ment et en arrive à pervertir le vocabulaire.
Quand les mots ne veulent plus rien dire, c’est que le système touche le fond.
Qui saura redonner à la res publica une dimension respectable, parce que plus morale ?
Gérard CHAROLLOIS