Parce que l’écologie politique est une idée neuve, son corps de pensées, ses valeurs, ses aspirations sont très polychromes.
Que de nuances entre nous, biocentristes, défenseurs vigilants des loups et un leader agricole, fut-il contempteur de l’alimentation Nord-américaine !
Pour caricaturer, dénigrer, ridiculiser les écologistes, les propagandistes du « libéralisme économique » dénoncent volontiers les peurs irrationnelles, le catastrophisme primaire, le refus de la science et de la raison dont feraient preuve, en toute circonstance, ces nostalgiques de la lampe à huile, de la marine à voile, des remèdes de grand-mères.
Pour le MEDEF, son parti politique UMP et quelques autres productivistes industrialistes, les écologistes sont contre le nucléaire, car c’est radioactif, contre l’énergie carbonée, génératrice de gaz à effets de serre, contre les nanoparticules, car on ne sait jamais, contre les gaz de schistes, car leur extraction pollue les eaux et les sols, contre la chimie, la physique, bref le progrès au nom du paralysant principe de précaution, empêcheur d’innover, de concevoir, d’améliorer le sort des hommes, le tout mû par une technophobie.
Voilà les thèmes du bourrage de crâne des réactionnaires, maitres des médias.
Or, si une euristique de la peur habite certains courants écologistes nostalgiques d’un âge d’or perdu, il faut expliquer que ce qui nous détermine n’est nullement la peur, la crispation passéiste, l’incapacité de raisonner et d’appréhender le grand livre du monde à la lumière de l’intelligence.
Ce qui fonde l’écologie est le refus conscient, rationnel, délibéré de sacrifier le vivant au profit.
Avant le principe de précaution, je place, en biocentriste, le principe de compassion.
Ce n’est point par phobie de la technique et du progrès que nous condamnons certaines pratiques imposées par les firmes spéculatives mais par choix éthique de sauver la biodiversité et d’instaurer avec l’animal un autre lien que celui de l’exploitation.
Une innovation scientifique peut être merveilleuse, si elle tend à préserver la nature et à soulager les souffrances humaines ou animales.
Les capitalistes mesurent tout à l’aune du profit des entreprises, alors que nous mesurons toute chose à l’aune de son incidence sur le vivant.
Si la science nous offrait, demain, des modes de production d’énergie respectueux de la faune, de la flore et des milieux naturels, si l’agriculture produisait sans torturer l’animal et sans exclure la nature, si la biomédecine permettait de vaincre les maladies et de remédier au processus de vieillissement, si l’économie était au service de l’homme et de tout ce qui vit au lieu de tout avilir comme elle le fait présentement, l’écologie serait une éthique d’accompagnement du vrai progrès, celui qui sert la vie et non la mort.
L’erreur de communication des écologistes politiques réside dans cette pusillanimité les empêchant d’exprimer ce principe de compassion, bien éloigné d’une peur puérile de ce que la science nous tombe sur la tête.
Exploiter la peur assure sans doute un succès facile en politique, ce sentiment rassemblant le troupeau bêlant derrière l’homme providentiel, le guide, le duce.
Certaines forces politiques usent et abusent des peurs pour égarer et asservir.
Pour nous, refusons cette technique de contrôle des masses infantilisées et parlons à l’intelligence des citoyens.
Expliquons que notre maîtrise sur le monde nous confère des devoirs envers le vivant et que le premier de ceux-ci et de cesser d’être infernaux, tortionnaires, prévaricateurs.
Si nous voulons une société meilleure, il faut développer la douceur, la bienveillance, la solidarité et abolir les apprentissages dégradants à la violence, mère de tous les maux.
Gérard CHAROLLOIS