Il convient de se réjouir que 53% des Français, selon un sondage IFOP réalisé le 30 janvier dernier, souhaitent que les partis politiques intègrent dans leurs programmes des propositions en faveur des animaux.
Il faut se féliciter, qu’au Sénat, se tienne un colloque sur l’animal et nous, que partout en ce pays se mobilisent des militants chaque fois que des arriérés manifestent leur cruauté à l’encontre des animaux.
A MARSEILLE, pour la première fois, un tribunal correctionnel sanctionne l’acte de cruauté, le jet d’un chat contre un mur, par un dangereux sadique, fait exceptionnel parmi une jurisprudence si souvent pusillanime à l’encontre des tueurs et tortionnaires d’animaux, une jurisprudence si complaisante qu’elle constitue un encouragement aux délits.
C’est que pour une fraction des magistrats, il y a l’homme, sur son piédestal et l’animal, défouloir pour la pulsion de mort.
Quelle ne fut pas ma surprise de lire, sous des plumes de juges « progressistes » une désapprobation tacite du jugement condamnant à un an de prison la brute débile, lanceur de chat.
Cette désappointante surprise prit fin en découvrant le prénom de l’auteur du délit.
A l’instar des clercs du siècle passé, certains sont prompts à justifier les pires horreurs selon les auteurs et les victimes.
Or, qu’il se prénomme Jean-marie, Mouloud ou Isacc, un tortionnaire est un salaud.
L’appartenance communautaire ne change rien à l’affaire.
En couvrant les exactions des groupements terroristes et des régimes totalitaires d’hier, les philosophes des années soixante perdirent leur crédit, comme perdront demain leur intérêt, ces penseurs contemporains, chantres d’un libéralisme économique qui finira mal.
Il n’y a pas de bons crimes, de justes assassinats, de camps, simples dégâts collatéraux préparant un monde meilleur.
Ainsi, l’optimisme doit être tempéré par le fait qu’une forte minorité de concitoyens ne se soucient absolument pas du sort des autres espèces que la leur.
Certes, les tueurs agréés, les sadiques,les arriérés deviennent marginaux dans la société contemporaine, mais l’idéologie dominante incite à l’égoïsme, donc au mépris d’autrui.
Cette dérive rance, aigre et méchante affecte trop de nos contemporains, ce que révèlent les manifestations politiques de ces derniers mois.
Sadisme et compassion, concurrence et solidarité sont des pôles qui ne se divisent pas.
La façon dont une société traite les animaux et la nature dit tout sur sa qualité.
Depuis 1987, les tribunaux administratifs et le Conseil d’Etat rendent des centaines de jugements et arrêts censurant les règlements qui permettaient la chasse en février des oiseaux d’eau et des migrateurs terrestres, et ce en vertu d’une directive de l’Union Européenne qui protège ces oiseaux « lorsqu’ils reviennent vers leurs lieux de nidification », en fin d’hiver.
Depuis trente ans, les successifs gouvernements cèdent aux exigences des chasseurs et réitèrent, chaque année, la même illégalité.
L’ancien Président de la République, ami des milliardaires du premier cercle et des affairistes, inventa même la « chasse scientifique aux oies », en janvier 2012, pour offrir dix jours de plus de chasse en février, astuce grossière sanctionnée par le juge de l’excès de pouvoir.
Cette année encore, le ministre des chasseurs prit un arrêté qu’il savait parfaitement illégal et qui vient d’être suspendu, en référé, par le Conseil d’Etat, mais trop tard pour les oies massacrées par les « gestionnaires de la nature », la fin de semaine passée.
Il est permis d’être confondu devant tant de scélératesse.
Comment un ministre de la république, peut-il, délibérément, pour complaire à des tueurs insatiables violer systématiquement le droit ?
Cela se passe en France, y compris sous un gouvernement que l’on voulait à gauche, donc généreux, éclairé, empathique, honnête, qui oublie toutes ces aspirations.
Et si en 2017, il y avait une alternative, non pas réactionnaire, mercantile, spéculative, ringarde, mais une alternative sociale et écologique ?
Allons, il est encore permis de rêver, car le rêve peut consoler de perspectives sinistres.
Gérard CHAROLLOIS