Le premier ministre, soucieux de promouvoir avec la firme VINCI un aéroport contre nature, renvoie, pour la deuxième fois, ses ministres de l’écologie par trop indociles.
La première, Nicole BRICQ, aurait déplu à des sociétés pétrolières désireuses de forer les abords de la GUYANE.
La seconde, Delphine BATHO aurait osé se plaindre de la réduction de son budget, réduction commandée par la voix de son maître : le Marché.
Philippe MARTIN devient ministre de l’écologie.
Avec lui, les platanes embellissant les routes du sud de la France et protégeant des chauffards peuvent trembler et ce pays ne fera guère de pas en direction de la civilisation.
Ce ministre, en effet, vanta les « saines traditions sanguinaires » d’Aquitaine que sont les corridas, le gavage des oies et la chasse des pigeons ramiers migrateurs.
Devant un tel fiasco moral, les citoyens peinent à trouver des différences avec le précédent gouvernement conservateur lié au parti CPNT, parti des chasseurs.
La même ringardise, le même populisme méprisant pour le peuple confondu avec des minorités arriérées.
Car, ne pas respecter l’animal en sa qualité d’être sensible ne constitue pas une opinion mais une arriération.
Ce pays ne mériterait-il constamment qu’une classe politique dégradée ?
Bien sûr, en faisant la politique de leurs adversaires, en appliquant les dogmes du « libéralisme économique », en invoquant la croissance au lieu de prôner la redistribution et un nouveau mode de développement, en sacrifiant les intérêts des salariés aux lois du Marché, en flattant les chasseurs et les éléments les plus rétrogrades de la population, en n’étant ni socialistes, ni écologistes, ceux qui gouvernent aujourd’hui perdront immanquablement les prochaines élections et le pouvoir.
Vont-ils percevoir leurs erreurs avant qu’il ne soit trop tard ?
Mais que résultera-t-il de leur échec ?
Vers qui se tournent les Français ?
Vers des femmes et hommes de mieux, de vrais socialistes libertaires et écologistes ?
Vers le « power flower » et les bons sentiments ?
Non, vers ceux qui génèrent les périls et qui s’affrontent provisoirement avant de s’unir : d’une part, vers les adorateurs du Marché, ces représentants du premier cercle financier, combattants d’une lutte des classes inversée des nantis contre les salariés. D’autre part, vers les nostalgiques du pétainisme.
Loin de proposer une nouvelle société, des solutions généreuses et éclairées, une bienveillance pour la nature, l’animal et l’homme, ces forces politiques et morales portent en elles la peur, l’exploitation, la domination et le mépris du vivant.
Ce ne sont pas des alternatives mais des impasses, sources de haines, de malheurs, fruits amers de vieilles recettes et idéologies qui ont prouvé, au siècle passé, leur potentiel de criminalité.
J’aimerais penser que nous sommes en 1789 et qu’un nouveau monde va jaillir d’un peuple transporté par une énergie novatrice et altruiste, saut fondamental dans une autre société où l’être primerait sur l’avoir, le vivant sur la production.
Hélas, je crains que nous ne soyons que dans les années 1930 et que les aigreurs, les nausées, les frustrations n’amènent que des personnages pétris de bien mauvais sentiments.
Que les peuples oublient vite les leçons de l’Histoire !
Faudrait-il taire ces évidences pour ne pas paraître pessimiste ?
Chacun de nous a un devoir imprescriptible de vérité.
Ni le pouvoir actuel, ni les partis inquiétants qui montent répondent aux défis éthiques du temps.
Où sont la générosité, la compassion, le respect de la vie ?
Pas en France, pays dont la classe politique s’imagine mandataire de chasseurs et de maquignons.
Mais, ailleurs, ce n’est guère mieux.
L’invraisemblable tribulation de Monsieur Edward SNOWDEN révèle la noirceur du village planétaire.
Certains ont appris que les services secrets américains écoutaient tout le monde ou pouvaient Le faire.
La chose n’a rien de très surprenant et ce n’est pas l’essentiel révélé par ce scandale.
Les tenants de la loi et l’ordre peuvent soutenir que mieux vaut être écouté, surveillé, espionné, suivi que d’être mutilé ou tué par la bombe d’un terroriste.
Chacun sait que les peuples sont tout disposés à renoncer à beaucoup de liberté pour un peu de sécurité.
Le fait est déplaisant, mais il y a bien pire en cette affaire.
Ce qui est source d’indignation tient au sort réservé au lanceur d’alerte.
Celui qui a parlé, qui a dit le fait, est désormais traqué par la première puissance mondiale qui se targue de démocratie et de la liberté d’expression.
En cela réside l’absolu scandale, voire le crime contre les valeurs que l’on affiche pour faire décor.
Parce qu’il a dit la vérité, Edward SNOWDEN doit subir une chasse à l’homme et sans doute quelques traitements peu enviables en cas de capture.
BIG BROTHER n’aime décidément pas que l’on sache qu’il veille sur nous.
Quant au gouvernement Français, dit socialiste, de gauche, démocrate patenté, il refuse l’asile politique au proscrit dissident dont l’unique faute est d’avoir informé sur ce qu’il fallait taire.
Décidément, le courage, la lucidité, ne font pas des heures supplémentaires dans cette classe politique !
Dire que l’opposition réactionnaire est pire encore dans l’arrogance, la morgue, la négation des valeurs du "vivant d’abord".
Gérard CHAROLLOIS