Certaines listes de candidats aux élections au Parlement Européen du 9 juin seront auditionnées par le lobby agricole : la FNSEA.
Traduisez : des politiciens vont effectuer la danse du ventre devant des ennemis de la Terre en mal d’extermination des loups, de distributions de biocides, d’artificialisation de la Nature avec arrachage de haies, comblements de mares, curages de ruisseaux au tractopelle, suppression des jachères, aseptisation de la campagne transformée en désert de vie.
Ces politiciens serviles qui vont assurer les biocideurs de leur soutien inconditionnel sont-ils des démagogues ?
Ont-ils l’excuse de vouloir être élus, au besoin au mépris du bien public ?
La FNSEA est-elle faiseuse de rois ?
Est-ce pour répondre aux cris du peuple que le président du département de l’Ardèche offre 150.000 euros à la fédération des chasseurs pour combattre le loup ?
Cet alignement sur la frange la plus arriérée du pays ne fait que révéler l’indigence d’une fraction importante de la « classe politique ».
Les chiffres !
La France compte présentement 380.000 exploitants agricoles.
Une partie d’entre eux émarge à la FNSEA ou pire à la Coordination Rurale, mais ces deux structures ne représentent pas la totalité des paysans.
Parmi les 380.000 agriculteurs existent nombre de personnes plus éclairées, plus évoluées, moins anti-nature.
Ces politiciens s’inclinent devant une minorité de pollueurs, destructeurs de nature.
80% des Français souhaitent la protection du loup, par exemple.
La politique de la FNSEA fait disparaître de nombreuses petites exploitations au profit de concentrations capitalistes de l’élevage industriel et de la filière céréalière exportatrice.
Dans les prochaines années, 200.000 exploitations « non rentables » suivront le sort de leurs devancières condamnées par la course au profit.
Sociologiquement, le monde agricole ne pèse pas lourd.
Mais les Français restent nostalgiques de la terre qui ne ment pas et d’une paysannerie défunte.
Le lobby parvient à imposer ses thèmes, ses intérêts et ses préjugés qui entrent en résonance avec le vent mauvais qui souffle des miasmes nauséabonds.
Ceux qui vécurent les décennies généreuses et bouillonnantes 1960 – 1970 contemplent avec consternation le naufrage actuel du cœur et de la raison.
J’impute aux hommes politiques ce désastre car nombre d’entre eux trouvèrent commode d’instrumentaliser le néo pétainisme pour s’assurer des élections faciles par répulsion.
Mais à force d’instrumentaliser les partis réactionnaires et autoritaires, ceux qui se voulaient remparts deviennent marche pieds.
Alors dans les faits, nous assistons au triomphe des pesticides, du refus des normes, de l’emprise des ennemis de la Terre.
Dans les campagnes, les ennemis de la Terre imposent leurs lois et créent des zones de non-droit.
Ils ne s’en cachent même pas.
Ainsi, dans la nuit du 26 au 27 mai, dans le GERS, la droitière Coordination Rurale verrouilla les accès aux locaux de l’Office Français de la Biodiversité avec un message menaçant promettant d’autres descentes moins pacifiques si les agents publics de la Nature s’avisaient de faire respecter les lois par des contrôles.
Le ministre de l’intérieur va-t-il demander la dissolution de la Coordination Rurale ?
Rien à craindre pour ces nervis qui peuvent en toute impunité s’adonner à des violences, des exactions, des menaces.
L’opinion publique regarde ailleurs et la mode du jour est farouchement régressive.
Gens de mieux : réveillez-vous et prenez conscience de ce qui se passe.
D’aucuns comparent parfois les années que nous vivons aux années 30 avec la montée des idéologies autoritaires.
Et après le naufrage annoncé ?
Après, ce sont les années 40 et il faudra bien en sortir par une nouvelle Résistance.
En sortir par l’union de tous les gens de mieux qui refusent, entre autres régressions sociales, morales et juridiques, un ruralisme arriéré, un ruralisme contre Nature.
Gérard CHAROLLOIS