Agriculteurs ? Non, pesticulteurs

 

Dix mille agriculteurs, armés de puissants tracteurs, ont exprimé des colères que certains énervés contre la Macronie firent leurs.
En un demi-siècle, les exploitants agricoles passèrent de plus de deux millions à 380.000 en ce pays qui fut naguère un pays de paysans.
Le productivisme forcené, la politique de la FNSEA dirigée par des « hommes d’affaires » aboutirent à faire fondre leurs effectifs.
Le monde agricole est disparate, du grand céréalier au très petit maraîcher bio, du viticulteur au maître d’usine à viande où s’entassent des milliers de malheureux porcs, veaux ou couvées.
Aussi, les intérêts et revendications tonitruantes partent dans tous les sens : de l’argent d’abord et la destruction de la Nature sans contrôle ni limite.
La dérive politique que je dénonce par ailleurs accompagne un populisme lourd contre l’Europe et les écologistes, empêcheurs de polluer, d’artificialiser, d’exploiter sans frein.
Prenons un exemple : pour sauvegarder une biodiversité bien mal en point, la politique agricole commune offrait aux agriculteurs des primes pour maintenir en zones inexploitées 4% de leurs surfaces agricoles : haies, mares, bosquets, prairies.
Or, culturellement, l’exploitant agricole est contre nature.
Il veut le maximum de profit et s’est battu pour que l’état n’édicte pas une règlementation protectrice de la santé publique consistant à éloigner les zones d’épandages des biocides des maisons voisines des champs empoisonnés.
Quelques mètres seulement de terrain exempts d’épandage devenaient intolérable pour ces addicts aux pesticides.
Ils veulent arracher les haies, combler les mares, faucher les prairies quand bon leur semble sans tenir compte le moins du monde des impératifs reproducteurs de la faune.
Sur ce point, il est difficile de discerner une différence entre les trois syndicats agricoles puisque même la confédération paysanne, moins réactionnaire, refuse la présence du loup.
Ces organisations professionnelles n’aiment pas la Nature.
Elles n’aiment pas davantage les animaux, simples marchandises que l’on peut soumettre à des vies concentrationnaires contraires à leurs exigences éthologiques.
Un excité du LOT ET GARONNE pouvait afficher : « Sauvez un paysan. Tuez un végan ».
Ce département souffre d’une faction agricole ultradroitière qui occasionna, à AGEN, 400.000 euros de dégâts sur le mobilier urbain et qui s’illustra par la pendaison et l’éviscération d’un sanglier.
Bien sûr, les inconsistants politiciens tremblent devant la colère agricole et se livrent à des génuflexions pitoyables.
Or, les céréaliers de la BEAUCE qui ont transformé leurs plaines en désert de vie ont une situation sociale et financière bien enviable.
Ce pays compte neuf millions de pauvres (14%) de la population.
Les agents publics se paupérisent d’année en année par gel du point d’indice.
Les aides-soignantes, les infirmières, les enseignants, les retraités, les étudiants ne possèdent pas de gros tracteurs pour barrer les autoroutes et s’ils s’avisaient de le faire avec leurs faibles moyens, une pluie de grenades et des condamnations correctionnelles s’abattraient sur eux.
La république serait attaquée.
La presse conformiste, indulgente pour le monde agricole, déplorerait les conséquences pour le commerce, les affaires des troubles intolérables qui prendraient les gens en otages !
Vous connaissez la propagande insidieuse.
Dix mille agriculteurs font peur aux petits hommes qui gouvernent et neuf millions de pauvres les laissent indifférents.
Alors, l’état sacrifie les jachères, les ruisseaux, les haies, les oiseaux, donc l’essentiel.
Les règlements européens sont foulés aux pieds par un pouvoir politique qui participe de la dérive populiste contraire à l’état de droit, au respect du bien public.
Ces gouvernants du jour ont touché le fond en suspendant le plan écophytose qui date de 15 ans et qui visait à réduire les poisons agricoles.
Ce recul, cette dérobade lâche compromet la santé publique.
Cette pusillanimité tue par lymphomes, parkinsons et divers cancers hormono-dépendants.
Je devais le dire, car la Nature et la santé publique n’ont guère de voix pour les défendre en ces jours de déraison.
Ce que prépare la Macronie avec ses soumissions aux lobbies, c’est une route pour BUDAPEST.
En courant après ses ennemis idéologiques, on finit par les dépasser et on banalise l’arbitraire et le mépris du droit.
Serait-ce un effet du jeunisme ? Il n’y a plus de chefs d’état dignes de leurs charges capables de faire triompher le droit contre la force et de promouvoir des propos pédagogiques qui élèvent et non des courbettes qui avilissent.
La dérive confine à la chute.
Ils avaient peur d’une défaite électorale et ils ont choisi le déshonneur. Ils auront les deux, comme toujours en pareille indigence morale.

Gérard CHAROLLOIS

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