Le conseil d’état annule le décret de dissolution du mouvement écologiste « Les Soulèvements de la Terre », dissolution voulue par le ministre de l’intérieur et par le président de la république.
C’est la victoire de la vérité et du droit, de la liberté et du bien public.
Quel ministre de l’intérieur !
Pour lui, des menaces sur des bassines FNSEA deviennent des actes de terrorisme, pas moins.
Il a osé déclarer que des arrêts de la cour européenne des droits de l’homme lui déplaisaient et qu’il ne les respecterait pas.
Un ministre qui viole l’état de droit !
Décidément, ils descendent bien bas.
Où va » le royaume de France » ?
Partout dans le monde, les états réactionnaires, autoritaires et dictatoriaux suppriment une justice indépendante.
Ils veulent des cours serviles envoyant en prison les opposants, des cours empêchées de censurer l’arbitraire des despotes et des officines mafieuses dirigeants les états soumis.
Même dans nos démocraties, les politiciens dénoncent volontiers le contrôle des juges qui sanctionnent leurs turpitudes et n’obéissent pas à leurs caprices.
Or, il n’y a de société fondée sur le droit et la liberté de penser et de modes de vies qu’avec une stricte séparation des pouvoirs.
Tout pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument.
Il convient qu’il y ait, dans un état authentiquement démocratique, un législateur qui élabore les lois, un exécutif qui administre et un pouvoir juridictionnel qui dit le droit et préserve le socle fondamental des droits de l’homme.
J’ai déjà évoqué l’affaire exemplaire de BEYNAC en Dordogne.
Ici, un élu veut une route.
Rien que de très banal car nombre d’élus locaux adorent le bitume et le béton.
Il veut ardemment et passionnément une déviation que le conseil d’état lui a refusée.
Alors, l’élu se tourne vers le président de la république dans un réflexe monarchique.
Après tout, le président jupitérien ou pas n’est que le successeur de Louis XIV. Il peut bien casser les arrêts des cours et tribunaux et l’autoriser à faire sa déviation nonobstant l’autorité absolue de chose jugée.
Que fait le président ?
Il encourage amicalement l’élu et déclare suivre personnellement le dossier.
Y aura-t-il un lit de justice comme au temps de l’ancien régime pour contraindre la cour à valider la déviation de BEYNAC ?
Empruntons au fabuliste, en la modernisant, une conclusion à cette affaire : « Selon que vous serez élus ou citoyens, les jugements de cours trancheront tout ou rien ».
Car si un arrêt plaît au pouvoir politique, il sera appliqué avec une rigueur légitime.
En revanche, s’il déplaît au pouvoir politique, dérange des intérêts privés influents ou contrevient aux ordres d’un lobby, l’exécutif tergiverse, louvoie, cherche une astuce pour échapper aux arrêts !
Ainsi, le conseil d’état réitère des arrêts condamnant le braconnage des petits oiseaux.
L’état invente une « expérimentation scientifique » pour couvrir ce braconnage.
Ce qui frappe dans tout cela est l’arrogance, l’indécence et la morgue des politiciens qui foulent aux pieds les principes fondamentaux d’une république de moins en moins exemplaire.
Ils violent le droit délibérément en appelant les braves gens à soutenir leurs transgressions.
Alors choisissez :
La république des juges ou celle des coquins ?
Mais dans ce monde désabusé et mûr pour la servitude, combien sommes-nous à aspirer encore à une démocratie honnête ?
En ce jour, merci au conseil d’état qui a cessé de rendre des « services » pour rendre des arrêts.
Gérard CHAROLLOIS