La FNSEA : Un Etat dans l'Etat

L’article de REPORTERRE, ci-dessous, illustre la soumission de l’état partial à l’agro-négoce qui fait régner, en France comme dans un certain nombre de pays, l’intimidation, la soumission en frappant d’ostracisme tout esprit libre qui ose remettre en cause ses pratiques.
Pour remonter un peu plus loin dans le temps, j’évoquerais le saccage en 1999, par un commando d’agriculteurs, du bureau de Madame Dominique VOYNET lorsqu’elle était ministre de l’environnement, sans que son collègue de l’intérieur ose émettre la moindre critique.
L’état a peur de tous ceux auxquels il ne parvient pas à faire peur.
Fort contre les faibles, il est lâche face aux forts et plus souvent encore face aux violents.
L’état aux ordres d’intérêts très privés s’avère injuste et brutal pour ceux qui pensent mal et disent la vérité qui dérange.
La dissolution du mouvement « les Soulèvements de la Terre » participe de cette dérive grossièrement partisane.
L’état, c’est la FNSEA, plus les chasseurs et certains milieux de la haute finance.

Que reste-t-il pour la République, les Droits de l’homme, les grands principes démocratiques ?
A peine un peu de peinture écaillée sur des ministères sous contrôle pour masquer les dérives népotiques et les connivences malsaines.
Pour rétablir la démocratie, les Droits de l’home et ceux de la Nature, il faut dissoudre les lobbies qui règnent par le jeu des réseaux et de l’argent.
Comment s’étonner du malaise dans la société, des convulsions successives, du discrédit frappant une classe politique avilie par elle-même !
J’ignore ce que font les avocats des « Soulèvements de la Terre » mais je m'étonne qu'à ce jour, le conseil d’état n’ait pas statué, en référé, sur la grossière imposture d’une dissolution inspirée par des officines et imposée par le président de la république, homme ignorant de ce que le mot « écologie » veut dire.
S’il fallait qualifier la politique anti-nature d’une certaine agriculture productiviste, il faudrait mettre « l’agribashing » à l’ordre du jour.
Cruelle envers les animaux, destructrice de biodiversité, nocive pour la santé humaine, cette agriculture industrielle est un fléau pour l’intérêt général mais une mine formidable de profits pour une poignée d’affairistes qui tirent les ficelles du ministère de l’agriculture.
Rassurez-vous, ils ne pourront pas dissoudre les consciences, bâillonner les hommes libres, farder toujours la vérité.
Cette vérité, la voici : en cinquante ans, le nombre de paysans a été divisé par quatre en ce pays, 80% de l’entomofaune a disparu avec 60% des oiseaux des plaines agricoles et les eaux sont contaminées par les pesticides.
Pour vendre les produits de l’agro-négoce, le lobby agricole invente des labels tels celui de « Haute Valeur Environnementale ».
Or ces labels n’ont rien de bio.
Pourquoi devons-nous privilégier l’agriculture Bio ?
Pour préserver notre petite santé ?
Sans doute, mais d’abord pour préserver la santé de la biodiversité.
Et pour préserver la démocratie que faut-il faire ?
Il faut dissoudre les officines qui transforment les petits hommes politiques en marionnettes dérisoires qui taisent la violence des uns et inventent une violence des autres.

Gérard CHAROLLOIS

FAUT-IL DISSOUDRE LA FNSEA ? 'Article de Reporterre"

22 JUIN 2023

Vous connaissez la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles ? La FNSEA, c’est le grand lobby des agriculteurs de droite. Un «syndicat» de gros exploitants agricoles, qui milite notamment en faveur de l’agro-industrie, qui revendique l’usage intensif de pesticides et d’une agriculture toujours plus productiviste et destructrice. Ce lobby est un ennemi juré des petits paysans et des mouvements écologistes. Le journal Reporterre vient d’ailleurs de révéler que c’est la FNSEA qui a obtenu la dissolution des Soulèvements de la Terre, en faisant pression directement sur le gouvernement.
Officiellement, les Soulèvements de la Terre seraient dissous parce qu’ils auraient relayé des «dégradations» sur les réseaux sociaux, et ne se serait pas désolidarisé des actions «violentes». Par exemple, l’arrachage de quelques plants de muguet bourrés de pesticides près de Nantes récemment. Mais alors, si ces actions justifient une dissolution, que dire de celles menées depuis des décennies par la FNSEA ? Petit état des lieux de leurs exploits :
➡️ 23 août 1990 : à Thouars, dans les Deux-Sèvres, plus de 200 moutons sont brûlés vifs dans un camion anglais, lors d’une manifestation de la FNSEA. Ailleurs, des affrontements violents ont lieu entre les agriculteurs et les forces de l’ordre, surtout dans les départements de l’Ouest. Aucun scandale, aucune condamnation.
➡️ 20 septembre 2013 : dans la Nièvre, une manifestation de la FNSEA est organisée à Saint-Brisson. Les agriculteurs dévastent le parc naturel régional. Une cinquantaine de tracteurs et des remorques remplies de déchets saccagent la maison du Parc et ses abords, jardin et étang compris. Les agriculteurs donnent des coups de bâton aux agents présents. Quelques lignes dans la presse locale.
➡️ Septembre 2014 : des membres de la FNSEA incendient le centre des impôts de Morlaix, sans que la police n’intervienne. Le responsable du syndicat dans le Finistère tire alors «son coup de chapeau» aux auteurs de l’incendie dans la presse.
➡️ Octobre 2014 : à Nevers, une manifestation de la FNSEA dévaste le centre-ville, en particulier la préfecture, qui reçoit des tonnes de pneus et de lisier. Des affrontements violents ont lieu avec la police.
➡️ Novembre 2014 : à Valence, le centre-ville est dévasté par la FNSEA qui déverse des tonnes de lisier partout et détruit du mobilier urbain. La mairie évalue les dégâts à 70.000 €. À Châlons-en-Champagne, la FNSEA réclame la suspension des contrôles de l’inspection du travail et brûle une voiture des inspecteurs en pleine rue devant leurs locaux. Des fonctionnaires sont menacés : «contrôleurs, vous êtes prévenus». Au même moment à Nantes, la FNSEA dégrade l’esplanade de la préfecture de Nantes, et torture des ragondins pendants des heures, avant d’en tuer plusieurs sous l’œil des forces de l’ordre et des journalistes.
➡️ Juillet 2015 : une mobilisation d’éleveurs de la FNSEA conduit à d’importantes violences à Rennes et Quimper. Des supermarchés sont saccagés, des voitures de police renversées. Les dégâts sont énormes.
➡️ Août 2015 : à Grenoble des dizaines d’agriculteurs, dont le président de la FNSEA locale, attaquent la Direction départementale des territoires : incendie, vitres brisées, lisier… Les CRS ne procèdent à aucune arrestation. La presse locale ne parle ni de «grogne» ni de «casseurs» mais de «raz-le-bol».
➡️ Décembre 2015 : la FNSEA se mobilise devant le Conseil d’État à Paris. Du lisier est déversé, un feu allumé. Cette fois-ci, il y a des arrestations, mais les personnes arrêtées sont relâchées le jour même. «Cette réponse policière semble démesurée, injustifiée et très sévère en comparaison d’autres actions plus violentes et haineuses vis-à-vis de la République» s’emporte la FNSEA.
➡️ Février 2016 : à Paris, des membres de la FNSEA saccagent le stand du ministère de l’Agriculture lors du salon du même nom. Le mobilier est détruit, des vitres sont brisées. Le syndicat revendique : «notre action est légitime».
➡️ Mars 2021 : opération nocturne dans les quatre sous-préfectures du Puy-de-Dôme. Dégradations, lisier déversé, envahissement des bâtiments. Les casseurs sont ensuite gentiment reçus par les autorités.
➡️ Février 2022 : à Castres, opération «coup de poing» de la FNSEA dans les supermarchés. Des ballots de paille sont enflammés devant un Leclerc avant que les manifestants ne remplissent des caddies de nourriture et partent sans payer. La direction laisse faire. Lorsque des manifestations sociales ont tenté le même type d’action ces dernières années pour redistribuer les denrées, la violence policière, les arrestations et de lourdes poursuites ont été systématiques.
➡️ Février 2023 : à Nîmes, la FNSEA bloque l’autoroute, déverse du lisiers sur les axes routiers et affronte la police. À Toulouse, les locaux de l’association France Nature Environnement sont pris pour cible, du fumier déversé, des projectiles sont lancés et des salariés menacés et agressés. Les forces de l’ordre laissent terroriser les associatifs.
➡️ Mars 2023 : à La Rochelle, la maison personnelle d’un militant écologiste est attaquée lors d’une manifestation de la FNSEA. Les murs sont saccagés et recouverts de tags homophobes, une habitante menacée.
Ce ne sont que quelques exemples parmi beaucoup d’autres que vous pouvez chercher dans les colonnes de la presse locale. Pourtant, jamais d’indignation nationale, pas de dissolution, pas de surveillance ni de mise sur écoute, pas de prison, pas d’enquêtes, pas de mutilations par les armes de la police…
Et non seulement la FNSEA n’est jamais dénoncée ni dans les médias ni par la classe politique, malgré l’usage systématique et concerté de la violence comme outil de revendication, mais elle est félicitée et récompensée. La FNSEA travaille avec le pouvoir en place, pour une agriculture industrielle et polluante.
Alors la prochaine fois que vous entendrez parler de la «violence» et de la «radicalité» des actions écologistes qui visent rien de moins qu’à sauver la vie sur terre, pensez-y. Ce qui est reproché aux Soulèvements, ce n’est en réalité ni la violence, ni la radicalité : c’est l’espoir que leurs actions font vivre chez des millions de personnes qui veulent retrouver leur capacité à prendre leurs vies en main.

----- Message transmis ----

https://contre-attaque.net/2023/06/22/faut-il-dissoudre

 

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