Réquisitoire contre les fossoyeurs du vivant

80% des insectes et 60% des oiseaux fréquentant les zones agricoles ont disparu en 40 ans.
Pas de quoi émouvoir le chef de l’état qui aurait assuré les braconniers de son soutien et de sa volonté de défendre les « chasses traditionnelles ».
Pas de quoi ébranler le ministère de l’agriculture, rempart contre les interdictions de pesticides.
Les chasses braconnières, massives et non sélectives, contreviennent, en droit, à l’article 8 de la directive européenne relative à la conservation des oiseaux.
Dans cinq départements du Sud-Est méditerranéen, les règlements autorisaient l’emploi de gluaux pour la capture des grives et merles servant d’appelants aux chasseurs.
Tout oiseau pris dans la glu est perdu pour la nature, sans distinction d’espèce.
Dans les Ardennes et dans les départements du Sud Aquitain, d’autres règlements autorisaient l’emploi de lacets pour étrangler les grives et de filets pour la capture d’alouettes des champs, espèce en voie de raréfaction préoccupante.
En janvier dernier, la commission européenne enjoignit à la France de faire cesser ces pratiques destructrices et cruelles, contraires au droit communautaire.
Par arrêt du 24 mai 2023, le conseil d’état sanctionne le règlement cadre prévoyant ces braconnages.

Je félicite la Ligue pour la Protection des Oiseaux « LPO » et son président, Allain BOUGRAIN-DUBOURG pour leur combat opiniâtre et pour ce résultat.
En cette affaire et durant des années, l’état français viola le droit, insulta le peuple français en bafouant les aspirations de l’immense majorité des contemporains, pour satisfaire les exigences de quelques centaines de tueurs d’oiseaux.
Que fera l’état partial et soumis ?
Peut-être faudra-t-il d’autres recours pour contraindre le pouvoir politique à faire un peu, rien qu’un peu d’écologie !
L’expérience enseigne que les politiciens ne reculent devant aucune forfaiture pour obéir aux ordres des chasseurs, cette minorité en voie de déclin inéluctable tout autant que salutaire.
Malgré d’innombrables arrêts des juridictions, les successifs ministres reprennent, trop souvent, des règlements illégaux étendant les périodes de chasses ou les modes de mise à mort de ce qui persiste de faune.
Un jour viendra où ces pratiques « traditionnelles » cruelles et nocives rejoindront l’insondable poubelle de l’Histoire.
Nos politiciens ne figureront pas au tableau d’honneur des abolitionnistes, gens de mieux qui ont toujours raison, même si en ces temps d’inquiétudes un vent mauvais souffle sur les sociétés humaines.
L’Histoire est un pendule qui oscille du progrès aux régressions funestes.
L’agriculture biocide agresse la Nature d’une manière plus absolue et intensive, davantage que toutes les autres activités nuisibles des hommes.
Dans ce contexte, la chasse en plus, c’est la chasse en trop.
Tout biocide tue.
L’unité du vivant, donnée biologique fondamentale, détermine que tout neurotoxique et tout anticoagulant menacent tous les êtres vivants, par-delà les espèces.
Un insecticide, souvent un neurotoxique, épandu massivement détruit tous les insectes, mais aussi les oiseaux par privation de nourriture et par intoxication indirecte .
Tous les mammifères, y compris le bipède, selon la durée de l’exposition et le mélange des molécules se trouvent affectés par ces poisons.
L’agriculture intensive, productiviste, anti-nature représente un crime d’écocide et une source d’empoisonnement insidieuse des populations humaines.
Et nos politiciens gouvernants osent se targuer d’écologie !
Ils stimulent les « énergies dites renouvelables », occasions de juteux profits pour les firmes et leurs actionnaires. Ils couvrent le braconnage le plus arriéré et servent les intérêts de l’agriculture nocive.
Ils artificialisent les sols pour satisfaire la soif de profits des aménageurs.
Pour « sauver le climat », ils abattront des forêts pour les transformer en déserts plantés de panneaux photovoltaïques, ce qui localement assurera le réchauffement des sites.
Leurs paroles menteuses proclament que les installations énergétiques seront implantées dans des zones déjà artificialisées. Mais les faits démentent et ainsi, en Dordogne, les champs photovoltaïques pourraient générer le déboisement de parcelles jusqu’à 25 hectares !
En Gironde, certains champs photovoltaïques couvriront plusieurs milliers d’hectares, au nom de l’écologie !
Le climat peut attendre.
La biodiversité peut mourir.
Le profit n’attend pas, car demain il sera trop tard : ils auront rendu la Terre inhabitable.
A l’horizon politique immédiat montent partout des nuées annonciatrices de temps douloureux pour des peuples égarés.
Désolé de ne pas vous annoncer des lendemains qui chantent, mais n’étant pas un homme politique, je possède le privilège de parler vrai.
Et puis, après demain et ses fautes prévisibles, après les années 30 auxquelles ressemble notre temps d’aigreurs, il y a une suite, la chute des thanatophiles et la Libération.
Un jour viendra, pour les plus jeunes de mes amis lecteurs, la civilisation du vivant.

Gérard CHAROLLOIS

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