La parole vraie, les convictions assumées, les choix loyaux exposés, les actes en accord avec les discours ont disparu de la vie publique.
Un jour, pour l’actuel chef de l’état, le quinquennat sera écologique et quelques mois plus tard, le même homme politique déclare : « il faut faire une pause des règlementations environnementales ».
Un jour, la préservation du climat et de la biodiversité sont des urgences absolues, puis les pêcheurs peuvent en eau profonde lancer leurs filets tueurs de dauphins dans des zones protégées (sur le papier) et les agences officielles veillant à la santé publique sont invitées à ne pas stigmatiser le caractère oncogène des pesticides chers à la FNSEA.
Un monarque électif précédent de triste mémoire déclamait des professions de foi écologiste en octobre 2007, au « Grenelle de l’environnement », avant d’éructer au salon de l’agriculture, en février 2011 « l’environnement, ça commence à bien faire ».
Tout et son contraire !
Pourquoi ? Pour farder la vérité, puisque ces hommes ne servent qu’un but inavouable : le profit d’une oligarchie.
D’autres protégés de ces conservateurs, les chasseurs, se proclament « gestionnaires de la faune » et affirment assumer leur pénible devoir de contenir la prolifération des ongulés, puis, sans honte, pétitionnent en Drôme pour pouvoir tuer 150 loups au motif que ces prédateurs ont réduit de 20 à 40% le nombre des ongulés.
Ainsi, les ennemis de la Terre mentent et n’hésitent pas à couvrir leurs exactions par une propagande grossièrement rabâchée et complaisamment reprise par une presse docile.
Donc, selon le chef de l’état du jour, il fallait mettre entre parenthèse la loi du 8 août 2016 en faveur de la reconquête de la biodiversité pour « accélérer les énergies dites renouvelables ». En fait, il s’agissait de permettre à des intérêts purement financiers de spéculer sur l’éolien et le photovoltaïque, au détriment de centaines de milliers d’hectares, sous le masque de la lutte contre le gaz carbonique.
Maintenant, il conviendrait, selon ses derniers propos tenus la semaine passée, «d’instaurer une pause sur la règlementation environnementale ».
L’objectif est de permettre aux financiers de faire de l’argent sans subir trop de contraintes dictées par le respect de la Nature et de la santé publique.
D’ailleurs, dans la même veine thatchérienne, le chef de l’état déplore « le coût trop élevé du travail en France ». Traduisez : les salariés sont trop payés, jouissent de trop de droits sociaux et les services publics doivent restreindre leur boulimie d’argent convoitée par les « valeureux capitaines d’industrie si généreux lorsqu’ils offrent des emplois à ceux qui ne sont rien ».
La seule liberté que vénère les thatchériens est celle « d’entreprendre » ; comprenez : d’exploiter l’arbre, l’animal et l’homme, la liberté d’anéantir la vie et le caractère accueillant de la planète au nom de la concurrence, de la main invisible du Marché.
Car, en dehors de cette pseudo-liberté, il n’y a pas d’alternative et tout n’est qu’extrémisme, ultras, aventureux, irresponsable.
Oui, monsieur le chef de l’état, il est urgent de faire une pause, un moratoire sur les grands travaux inutiles, une pause dans l’artificialisation des sols, une pause dans l’empoisonnement par l’agriculture intensive de la nature et des populations, une pause dans le massacre de notre faune, une pause pour que demain il n’y ait pas un nouveau scandale chlordécone, une pause dans le pourrissement de la société gangrénée par une cupidité forcenée.
L’emploi, c’est bien. Mais, il n’y a plus d’emploi lorsque disparaît la Vie.
Je ne crois pas plus au paradis qu’à l’enfer dans un arrière-monde, mais une planète sans Nature, une planète de thatchériens sera un enfer.
Ne soyons pas comme eux.
Parlons haut, fort et clair pour dire que nous voulons l’abolition de la chasse et de tout acte de cruauté à l’encontre de tout être vivant, que nous considérons que l’économie est au service de l’homme et de la Nature et non l’inverse, que l’état doit freiner l’appétit des oligarques et des puissants pour faire régner la justice et l’intérêt général, que la vie vaut plus et mieux que l’argent.