En octobre 2015, un botaniste pacifique de 21 ans était tué par un gendarme mobile, d’un jet de grenade dans le dos, parce qu’il s’opposait à une retenue d’eau sur un ruisseau du département du TARN, à SIVENS.
Qui est responsable juridiquement et moralement de la mort de Rémi FRAISSE ?
Le samedi 25 mars 2023, des militants écologistes appellent à une manifestation dans le département des DEUX-SÈVRES contre des méga-bassines destinées à satisfaire les besoins d’irrigation des maÏssiculteurs locaux.
L’État déploie trois mille gendarmes pour protéger le chantier d’édification de cette bassine de la discorde.
Le ministre de l’intérieur annonce bruyamment à l’avance que des incidents graves vont survenir parce que de dangereux ultra-gauchistes veulent en découdre avec les forces de l’ordre.
Il fallait comprendre le message : « braves gens pacifiques, ne venez pas manifester avec femmes, enfants et grands-parents ».
Organisateurs de la manifestation et gouvernants s’accordaient sur le nombre prévisible de participants à ce rassemblement : près de dix mille personnes.
Qu’arriva-t-il ?
Alors que le cortège des opposants aux méga-bassines s’approchait d’une excavation - un simple trou sans eau - les forces de l’ordre obéissant aux consignes étatiques usaient de grenades et de tirs divers pour stopper la marche.
Résultat : deux cent blessés, trois gravement parmi les manifestants, deux parmi les gendarmes.
En démocratie, dans un état de droit, les opinions sont présumées être libres.
Dès lors, on peut tout aussi légitimement approuver la création de retenues d’eau pour les « exploitants agricoles » ou inversement considérer qu’il y a gaspillage d’une ressource précieuse et gravement polluée par les pesticides.
L’Etat subventionne massivement ces méga-bassines, optant ainsi en faveur de l’affectation d’argent public aux intérêts des maÏssiculteurs.
Tout cela se discute, se débat et doit être soumis à la libre critique de tous.
Mais que penser de la manière dont l’état traite cette problématique.
Des violences ont émaillé cette journée avec des blessés dont certains garderont sans doute des séquelles et certains antagonistes auraient pu perdre la vie à l’instar de Rémi FRAISSE dont la mort n’interdit pas aux petits hommes politiques en responsabilité à l’époque de perdurer sur la scène publique.
Mais quelle conscience reste-t-il à ces hommes qui osent mettre en balance la protection d’un vulgaire trou vide et l’intégrité physique des humains ?
Comment peuvent-ils préférer la protection d’une méga-bassine en construction à la vie des gens ?
Comment ces gouvernants peuvent-ils faire le choix de risquer des mutilations pour empêcher d’éventuelles et probables dégradations d’un grillage et autres biens subalternes ?
L’intégrité physique et la vie de manifestants et de fonctionnaires de police ne devraient-elles pas primer ?
Comment peut-on, quand on possède encore un minimum de degré de dignité humaine, sacrifier la vie pour sauver un chantier ?
Je respecte toutes les convictions, toutes les opinions, mais je ne parviens pas à mesurer la profondeur d’amoralité où le culte de l’argent abaisse certains hommes.
Il est vrai que le bureau de Madame VOYNET, ministre de l’environnement en 2000, fut saccagé par un commando agricole sans qu’interviennent les forces de l’ordre ...
Question :
Qui peut imaginer un instant que 3200 gendarmes auraient été déployés pour protéger une réserve naturelle ou un local associatif écologiste menacés par un commando d’agrariens !
Dire qu’en ce pays, en pure théorie, les hommes « naissent et demeurent libres et égaux en droit » ...
Dans une démocratie impartiale, dans un état de probité, aucune violence n’a sa place.
La concertation, la confrontation loyale des opinions et le droit assurent l’harmonie sociale.
Mais ici et maintenant, constatons qu’entre la colère du peuple et l’instrumentalisation de la peur par les tenants de l’ordre, des militants et des fonctionnaires risquent leurs vies pour la protection d’un trou !
Je ne suis pas un homme politique.
Je ne me détermine que d’un point de vue éthique et j’affirme à la face de cette société putréfiée que la vie vaut mieux que l’argent et l’intégrité d’une personne mieux qu’une retenue d’eau agricole.
A quel degré d’oubli de toute morale élémentaire sont-ils avilis ces serviteurs des lobbies agrariens !
Comment ne détruiraient-ils pas la biodiversité pour satisfaire les lobbies lorsqu’ils privilégient la défense d’un chantier sur la prise en compte de la sécurité des personnes ?
Ne parlons pas du coût financier de la mobilisation de trois mille gendarmes avec destruction de véhicules et utilisation de forces grenades et balles diverses.
Pour nous, la vie passe bien avant l’argent et vaut bien le "quoi qu’il en coûte". Mais pour eux, l’argent est tout.
Les énergies renouvelables - et plus généralement la gestion de la société - ne sont qu’une affaire de boutiquiers, de quête de profits et pour qu’il n’y ait pas d’alternative, tout esprit réfractaire devient un « ultra-gauchiste », un « extrémiste dangereux », un « quasi-terroriste ».
Le désordre leur profite en ce que tout cerveau sénescent ne redoute rien davantage que le trouble.
Les gouvernants jouent de ce ressort pour manipuler la société et assurer leur domination perpétuelle, pour qu’il n’y ait jamais d’alternative, comme osa l’énoncer leur mère : Madame THATCHER.
Je condamne toute violence, qu’elle soit dirigée contre l’animal ou contre l’homme, quel qu’il soit.
Mais qui suscite et à qui profite la violence ?
Ami lecteur, je te laisse énoncer la réponse.
Gérard CHAROLLOIS