La preuve par la chasse (et par le reste)

Le ciel s’assombrit à l’horizon de notre temps.
La société entre en phase de souffrances.
Pour surmonter les périls, elle aurait eu besoin de civisme, d’intégrité, d’élévation éthique, d’air plus pur qui se trouve vers les sommets.
Quand ceux qui dirigent donnent l’exemple de la combine, des petits arrangements entre amis, du défaut de la probité, la société se délite.
Que penseriez-vous d’un président, d’un ministre, d’un juge qui délibérément édicterait un règlement ou prononcerait un jugement qu’il saurait contraire au droit ?
Comment qualifier une autorité publique qui viole sciemment la loi ?
Le président de la république actuel aime manger du « gibier », selon une rumeur. C’est son choix et sa liberté.
Pour moi, aucun être vivant, aucun être sensible n’est « gibier ». C’est mon choix et ma liberté.
Manger ou ne pas manger relève de la libre délibération de notre conscience.
Mais être honnête ?

Etre honnête relève également du choix et de la liberté de chaque individu.
Or, le 4 octobre de cette année, le monarque électif ordonna à son ministre de l’écologie de prendre des arrêtés autorisant le piégeage d’alouettes dans certains départements du Sud-Aquitaine, permettant ainsi à quelques chasseurs de tuer très officiellement environ 150.000 de ces oiseaux d’une espèce en voie de grave raréfaction.
L’alouette fréquentait naguère les champs, d’où son nom, mais les champs empoisonnés par l’agriculture deviennent des déserts de biodiversité.
Qu’importe la disparition des alouettes, pour les « gestionnaires de la nature » !
Les braconniers tueraient volontiers la dernière.
Les années passées, le conseil d’état avait annulé les arrêtés ministériels qui autorisaient ce braconnage contraire à l’article 8 de la directive de l’union européenne relative à la conservation des oiseaux.
Le président savait parfaitement qu’il commettait une illégalité, une violation du droit.
Il le savait tellement qu’il fit prendre l’arrêté illégal la veille de l’ouverture du braconnage pour ne pas laisser le temps au conseil d’état de suspendre l’arrêté, ce qu’il vient de faire, en référé, une fois de plus mais après deux semaines de braconnage.
Ne doutons pas que les pouvoirs publics ne manifesteront aucun zèle pour verbaliser le braconnier qui piégerait l’alouette nonobstant la suspension de l’arrêté.
Commettre une illégalité flagrante pour satisfaire quelques centaines de tueurs d’oiseaux trahit le manque de respect de l’état de droit dans ce pays.
80% des Français veulent des dimanches sans chasse.
Qu’importe la démocratie quand l’entourage du monarque est prisonnier du lobby chasse !
Si les politiciens transgressent le droit pour complaire à des ennemis de la Terre, pourquoi ne le feraient-ils pas dans d’autres circonstances pour satisfaire des intérêts plus importants et des amis plus utiles ?
Voici les toutes nouvelles agressions majeures contre la biodiversité :
Le gouvernement veut permettre aux industriels des énergies renouvelables de spéculer à l’aise. Il leur prévoit une loi dite « d’accélération des procédures en faveur des énergies renouvelables », texte déposé devant le sénat et sévèrement critiqué par le Conseil National de la Protection de la Nature (cnpn) en son rapport du 16 septembre. Mais le texte masque une scélératesse, une pure malhonnêteté. En son article 4, le projet de loi officiellement conçu pour les saintes « énergies renouvelables » vise à favoriser l’implantation de routes nouvelles, sujet totalement étranger à l’affichage.
Cette manœuvre répond aux exigences d’un élu local de Dordogne ardemment désireux de créer une déviation que les juridictions administratives ont jugé définitivement contraire à l’utilité publique.
En droit constitutionnel, introduire dans un texte de loi une disposition étrangère à l’objet du texte s’appelle un « cavalier », technique prohibée par le conseil constitutionnel.
Mais pour faire plaisir et faciliter les échanges, que ne ferait-on pas !
Ainsi, l’état devient le jouet des réseaux, des compromissions contraires au droit et à la simple honnêteté élémentaire.
L’état, aux mains de la finance, perd tout crédit, toute respectabilité.
Rien n’est parfait de ce qui est humain et l’idéal démocratique, de probité de la vie publique demeurent des horizons que nous n’atteindrons jamais, mais il faut travailler à y aspirer sans cesse.
L’arbitraire des politiques, la corruption des décideurs, les magouilles des lobbies, les petits arrangements doivent être empêchés.
Des progrès ont été accomplis durant ces dernières décennies, en particulier sous l’impulsion et le contrôle des « grands juges » ceux de la cour européenne des droits de l’homme et de la cour de justice de l’union européenne.
Le conseil d’état a cessé de rendre systématiquement des « services » et accède à rendre des arrêts impartiaux.
Le chemin reste plein d’embûches car les élus regrettent le temps des copains et des coquins, lorsqu’ils étaient titulaires de fiefs où ils faisaient leurs lois et assouvissaient leurs intérêts.
La régression actuelle résulte d’une promiscuité malsaine entre un personnel politique et le monde malodorant de la finance, de l’argent mal acquis car obtenu par la spéculation et non par les mérites.
Dans ce monde, les oligarques ne sont pas des élites, (des meilleurs) mais de purs parasites sociaux enrichis à la seule spéculation.
Trop d’élus oublient qu’un politique n’est pas supérieur au citoyen.
Je dirai même qu’il a davantage de devoirs que tout autre et doit plus que tout autre se soumettre à l’état de droit et oublier ses propres intérêts lorsqu’il sert le bien public.
Comment les citoyens ne se détourneraient-ils pas de gouvernants qui parlent « écologie » et flattent les ennemis de la terre et tripatouillent le droit pour satisfaire des appétits ?
Comment écouter la parole de ceux qui font systématiquement le contraire de ce qu’ils déclament.
Les hommes étant ce qu’ils sont, il convient de pallier à leurs tares par des institutions protectrices.
Ainsi, la responsabilité pénale d’un élu, quel qu’il soit, devrait être engagée lorsqu’il s’est déterminé délibérément à commettre une violation du droit, c’est-à-dire un délit de forfaiture.
Je propose ici une réforme salutaire :
Un pouvoir accru des chambres régionales des comptes annexes des parquets financiers régionaux pour garantir la probité de la vie publique, sanctionner les détournements de fonds publics dans de « grands travaux inutiles » pour l’intérêt général mais très lucratifs pour les détenteurs de fiefs.
Que de routes, de lotissements, de zones artisanales, de somptueuses subventions à des lobbies dissimulent des intérêts quasi-mafieux, des détournements d’argent public.
L’état est pourri par la chasse.
Pour la république exemplaire, il faudra encore marcher longtemps !
Nous vivons le temps des tueurs, des tricheurs, des prévaricateurs, des déménageurs de la Nature.
Pour le biocentrisme, pour préserver la vie sur Terre, nous appelons le temps des gens honnêtes qui disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent.

Gérard CHAROLLOIS

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